Historique
En 1969, les Etats-Unis dévoilent au grand public l'existence du programme F-X qui doit aboutir au F-15. Cette révélation décide l'Etat-major soviétique à lancer un équivalent qui donnera naissance au Su-27 : le programme PFI (
Perspektivnyy Frontovoy Istrebitel). Cependant, ce chasseur complexe nécessite le développement d'un appareil complémentaire de plus petites dimension, capable de s'opposer aux YF-16 ou YF-17, tout en remplaçant efficacement les MiG-21, MiG-23, Su-7 et Su-17.
En 1971, sur recommandation du bureau d'étude Mikoyan-Gourevitch, les VVS soviétiques lancent le programme LFI (
Logkii Frontovoi Istrebiyel) afin de se procurer un appareil léger tout en étant extrêmement manœuvrant, capable d'opérer à partir de terrains peu aménagés. Sa tâche principale consiste à la défense aérienne des premières lignes de front, avec des capacités air-sol limitées. Cet emploi essentiellement tactique explique la rusticité et la faible autonomie des premières versions, d'ailleurs non-ravitaillables en vol. Il est alors prévu que le LFI doit composer les 2/3 de la future flotte de chasse (le PFI - le Su-27 - assumant le dernier tiers).
Le programme aboutit finalement à l'
Izdelye 9, baptisé
MiG-29.
Les ingénieurs de MiG, menés par Mikhaïl Waldenburg, suivent les recommandations du TsaGi, dont les données aérodynamiques ont déjà servi au Flanker. Cela explique en partie pourquoi le MiG-29 peut sembler être une réduction du Su-27 : larges apex, 2 dérives, 2 conduits d'air proéminents pour 2 réacteurs. Par ailleurs, cette solution aérodynamique déjà observée sur le MiG-25 le rapproche des F-14, F-15 et F/A-18.
Néanmoins le MiG-29 se distingue par des pneus basse pression et des entrées d'air qui se referment au décollage. L'air présente la spécificité de s'engouffrer par une grille située sur l'extrados, afin d'éviter toute ingestion d'un corps étranger. De plus, bien que les premières versions ne disposent pas encore de commandes de vol électriques (CDVE), elles sont déjà très manœuvrables (notamment à basse vitesse et sous de forts angles d'attaque). Enfin, le MiG-29 présente de remarquables capacités ADAC : l'appareil est en mesure de décoller sur 240 m seulement !
5 prototypes du chasseur sont construits. Le premier, codé 901, effectue son vol inaugural le 6 octobre 1977, aux mains du pilote d'essai Alexander Fedotov. Leur désignation d'usine est alors
Izdelye 9.11 et présentent pour différence d'être de plus petite taille que les versions de série. Cependant 2 prototypes sont perdus durant les essais : le troisième (codé 903), le 15 juin 1978, et le 5e (codé 908 et qui l'avait remplacé), le 31 octobre 1980. 9 exemplaires de présérie, codés 917 à 925, sont ensuite assemblés.
Le MiG-29 n'est révélé aux services de renseignement du bloc de l'Ouest qu'en novembre 1977 (d'autres sources indiquent 1979), lorsqu'un satellite survole le complexe de Ramenskoye, près de Moscou. Il est alors provisoirement désigné
RAM-L, puis
Fulcrum (levier). Il faut attendre 1989 pour qu'il soit dévoilé au grand public lors du Salon du Bourget. Cependant, l'exemplaire s'écrase durant un vol de démonstration suite à l'ingestion d'un oiseau.
A partir d'août 1983, le
MiG-29A est testé intensivement sur le polygone de Kubinka. Il entre en service aux sein des VVS soviétiques dès l'année suivante, en 1984. La dénomination d'usine de cette version est alors
Izdelye 9.12 (
Fulcrum-A pour l'OTAN, qui ne connaissait pas l'existence des appareils de présérie). Les 250 premiers exemplaires se distinguent en étant pourvues de quilles ventrales.
D'un point de vue technique, le MiG-29 est construit en grande partie en aluminium (seul 7% de sa cellule fait appel aux matériaux composites). Il dispose d'un radar NO-19 d'une portée de 100 km avec capacité lock-down/shoot-down, d'une liaison de données Laszlo et d'un détecteur d'alerte radar SO-69 Sirena 3. Surtout, il est le premier appareil doté d'une optronique secteur frontal, à infrarouge passif (IRST).
Il peut emporter jusqu'à 3000kg de charges offensives sous 6 points d'emport, soit 2 missiles R-27 et 4 missiles R-60, ou 4 R-27 et 2 R-73, des roquettes S-8 et S-24, et éventuellement une bombe nucléaire RN-40. Une de ses missions aurait été la destruction des AWACS de l'OTAN.
Enfin, ses réacteurs lui permettent de bénéficier d'un rapport poids/poussée supérieur à 1 (post-combustion allumée) pour une capacité d'emport en carburant de 4365L.
Au cours de ses années de production, près de 1600 exemplaires du MiG-29 sont assemblés - dont 900 exportés - dans les usines Znamia Truda de Moscou (pour les appareils monoplaces) et de Nijni Novgorod (pour les biplaces). La production des premières versions semble avoir été stoppée en 1992.
D'un point de vue opérationnel, le Fulcrum connaît son baptême du feu en Afghanistan, employé dans le cadre de missions air-sol. Les RETEX de ce théâtre permettent d'aboutir au
MiG-29S, à l'auto-protection améliorée par l'emport de 60 leurres (30 chaffs et 30 flares).
Au combat, il laisse une impression mitigée. 5 appareils irakiens, 6 serbes, au moins 2 érythréens et peut-être 2 syriens furent abattus en combat aérien. Il faut y rajouter ceux détruits au sol et ceux abattus par des tirs sol-air, soit au moins 1 appareil soudanais et plusieurs ukrainiens.
A son actif on ne peut compter que 2 Cessna abattus par des exemplaires cubains et un drone géorgien. Il est parfois prétendu qu'un F-16 au Kosovo, un Tornado en Irak, 2 MiG-21 et 3 MiG-23 éthiopiens ont été abattus par des MiG-29, mais ces informations n'ont jamais été confirmées.
Il s'est mieux comporté dans les missions air-sol, en ex-Yougoslavie ou en Arménie. Lorsque l'Allemagne réunifiée l'évalue, elle a la mauvaise surprise de constater qu'avec ses missiles et son viseur de casque, le MiG-29 est en mesure d'abattre la quasi-totalité des F-16 qui lui sont opposés.
On ne sait donc plus s'il faut incriminer l'appareil ou bien ses pilotes, peut-être peu ou mal formés. Sans doute convient-il de relativiser et de rappeler qu'il s'agissait d'exemplaires de toute première génération et d'export (donc aux capacités dégradées). Ils étaient opposés à des avions de combat à l'électronique plus évoluée, soutenus par des AWACS, et dont les pilotes volent bien plus régulièrement.
Malgré tout, cela n'empêche pas un certain nombre de pays de moderniser leurs appareils : La Russie, le Bélarus (
MiG-29BM), la Bulgarie, la Malaisie (
MiG-29NM), le Pérou (
MiG-29SMP/
UBP), la Pologne, la Serbie, l'Ukraine (
MiG-29MU1), l'Inde, le Kazakhstan ont des projets en ce sens, parfois en cours. D'autres en revanche ne donnent pas suite : en 2000, la Roumanie annule son programme de modernisation
Sniper.
Concernant le MiG-29, le marché de l'occasion reste dynamique. La Moldavie a vendu la plupart de ses exemplaires, dont pas moins de 21 rien qu'aux Etats-Unis. Début 2010, le Liban s'en voit proposer 10 mais préfère finalement acquérir des hélicoptères Mi-24.
En mai 2014, le Tchad devient le dernier client export de l'appareil en prenant possession d'un MiG-29S ex-ukrainien remis à neuf.
Texte de Clansman.
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