Historique
Lors de la guerre du Vietnam, les États-Unis avait pu mesurer à quel point ses chasseurs étaient inadaptés au combat aérien : trop grands et trop lourds, ils étaient visibles de loin, peu manœuvrables, et leur champ de vision était réduit. Miser sur le tout électronique avait été une erreur. Le 6 janvier 1972, l'USAF lança donc le programme LWF (Light Weight Fighter, ou chasseur léger). Le cahier des charges était le suivant : une masse à vide inférieure à 9 tonnes, des dimensions réduites, une grande manœuvrabilité, une bonne accélération. General Dynamics proposa son model 401 dû à Robert H. Widmer, un ancien ingénieur de Convair qui avait déjà travaillé sur le B-58 et le F-111. Son modèle allait être redésigné YF-16 lors de la signature d'un contrat portant sur 2 démonstrateurs.
Le premier d'entre eux fit un saut de puce involontaire le 20 janvier 1974 avec Phil Oestricher aux commandes. Son premier vol officiel fut effectué le 2 février 1974, et le deuxième prototype vola le 9 mai 1974. A l'origine simple programme de démonstration, le LWF allait susciter à la fois l'intérêt de l'USAF et de l'OTAN, et devenir un véritable programme d'armement, l'ACF (Air Combat Fighter). En janvier 1975, l'USAF déclara officiellement avoir retenu le YF-16 au détriment du YF-17 de Northrop et commanda 15 appareils de présérie.
Le 7 juin 1975, quatre pays européens, la Belgique, le Danemark, la Hollande et la Norvège, déclarèrent le F-16 vainqueur du "marché du siècle". 348 exemplaires allaient remplacer le F-104, au détriment du Mirage F-1E, du YF-17 et du JA-37. Ils seront construit sous licence par Fokker en Hollande et la SABCA en Belgique.
La cellule du F-16 a une durée de vie estimée à 8000 heures de vol. Il se distingue par une entrée d'air ventrale. Son instabilité naturelle est compensée par les premières CDVE montées sur un avion de chasse (ce qui lui valu le surnom d' "Electric Jet"), lui conférant une grande manœuvrabilité. Son cockpit est équipé d'une verrière panoramique sans montant, plus épaisse en cas de collision aviaire et donnant une visibilité totale autour de l'appareil, d'un siège incliné à 30° pour mieux encaisser les G, d'un manche HOTAS placé sur la droite et non plus au centre, d'écrans multi-fonctions. Bien que désigné officiellement "Fighting Falcon" (après un concours auprès des pilotes), son surnom le plus courant quoi qu’officieux est "Viper", en référence à son allure de serpent sous certains angles et à un vaisseau de la série "Galactica".
Il fut depuis utilisé par la NASA. On peut également citer, parmi les versions expérimentales, le F-16 AFTI, le F-16 VISTA et le F-16 MATV qui était équipé d'une tuyère à poussée vectorielle.
Le F-16 connut un incroyable succès commercial : l'US Air Force en a reçu 2231 exemplaires, dont plus de 1000 restent encore en service aujourd'hui. L'US Air Force pourrait les conserver jusqu'en 2025, et les emploie au sein des Thunderbirds. Ces derniers ont utilisés le F-16A Block 15 de 1982 à 1992, le F-16C Block 32 de 1992 à 2008, et le F-16C Block 52 depuis 2009.
Outre les pays européens d'origine, la Turquie et la Corée du Sud l'ont construit sous licence (308 et 128 exemplaires respectivement). Un total de 4588 F-16 aura été produit jusqu'en novembre 2017, date à laquelle le dernier appareil produit, un F-16C Block 52 destiné à l'Iraqi Air Force, est sorti des usines de Lockheed-Martin à Fort Worth.
D'autres pays cherchent à moderniser les leurs. Taïwan a longtemps cherché à acquérir 66 F-16C/D, et souhaite maintenant moderniser ses 150 F-16A/B Block 20, avec notamment un radar AESA. Celui-ci est le SABR de Northrop-Grumman, testé en vol depuis novembre 2009. L'USAF ne souhaite plus équiper ses F-16 de radar AESA. En revanche, Bahreïn envisage de moderniser ses F-16 avec un radar AESA, soit le SABR soit le RACR de Raytheon.
Israël en a fait son fer de lance et l'emploie sous 3 versions spécifiques : le F-16A/B "Netz", le F-16C/D "Barak", le F-16I "Sufa" (dérivé du F-16D Block 52). Toutes ces versions sont équipées d'électronique purement israélienne. Ce sont d'ailleurs les Israéliens qui engagèrent les premiers le F-16 au combat, lors du fameux raid sur Osirak le 7 juin 1981. L'Opération "Opéra" engagea 8 F-16 et 6 F-15. Israël le déploiera également au Liban en 1982 contre les appareils syriens.
Il fut déployé lors de la guerre du Golfe, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Les Pakistanais le déployèrent lors de la guerre d'Afghanistan entre 1986 et 1989. Près de 200 000 sorties furent accomplies, pour 6 pertes à cause de la défense air-sol et une perte en combat aérien (un F-16D turc fut abattu par un Mirage 2000 grec le 8 octobre 1996). Le F-16 aurait abattu 72 appareils, dont le premier fut un Mi-8 irakien peu avant l'attaque sur Osirak.
Au final, le F-16, bien que vieillissant, se révèle être un appareil d'un formidable rapport qualité/prix. Bien que les versions successives s'alourdissent et s'orientent de plus en plus vers l'attaque au sol au détriment de la manœuvrabilité, il reste un appareil très recherché par les forces aériennes. Il est toujours en production depuis 1976.
Texte de Clansman, avec son aimable autorisation
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