Historique
En 1949, l'arrivée des communistes au pouvoir en Chine continentale permit un rapprochement durable entre l'Union Soviétique et la nouvelle Chine populaire. Durant une dizaine d'années, Moscou soutint fortement, et par divers biais, la reconstruction du pays et notamment, le développement de son secteur militaire. La construction aéronautique chinoise, jusque-là quasi-inexistante, connut une forte croissance. Les Soviétiques fournirent des avions, mais aussi une importante assistance technique, en envoyant des machines, des plans et des techniciens. Tous ces efforts permirent à la Chine de constituer une industrie notable, capable de construire de quoi équiper ses forces aériennes.
A la fin des années 1950, la coopération sino-soviétique s'accrut encore. L'Union Soviétique décida d'accorder à la Chine des licences de production pour plusieurs types d'appareils. A la fin de l'année 1957 (on parle aussi du début de 1958), la Chine reçut la licence du MiG-19, en l'occurrence de la version MiG-19P. Dès 1959, les premiers exemplaires produits dans une nouvelle usine, située à Shenyang, en Mandchourie, effectuaient leurs premiers vols.
Cependant, malgré l'assistance soviétique, les ingénieurs chinois se retrouvèrent confrontés à d'importantes difficultés. Les premiers J-6 de série étaient peu fiables et peu performants. La PLAAF refusa de les prendre en compte avant qu'ils ne soient modifiés.
Mais entretemps, la contexte géopolitique avait changé. La rupture entre l'Union Soviétique et la Chine, en 1961, entraîna la fin des fournitures soviétiques et le rappel des ingénieurs et techniciens. Du jour au lendemain, les Chinois furent dépourvus de toute aide. Pendant plusieurs années, ils tâtonnèrent, progressant à partir des plans achetés aux Soviétiques et apprenant sur le tas. Finalement, ce ne fut que vers 1964 que la PLAAF put prendre en compte ses premiers appareils réellement utilisables.
Naturellement, le J-6 est très proche du MiG-19, dont il constitue au départ une simple production sous licence. Comme le Farmer soviétique, le J-6 est un chasseur à voilure en flèche, avec une importante surface alaire et une voilure implantée en position moyenne-basse. Une unique entrée d'air frontale à double entrée approvisionnait deux turboréacteurs Wopen WP-6, des Toumansky RD-9BF soviétiques également produits sous licence.
L'armement était également similaire, essentiellement à base de canons de calibre 30 mm. Des points d'emport sous voilure permettaient également l'emport d'une petite charge militaire extérieure. L'avionique était cependant très réduite.
Une fois que les Chinois eurent assimilés les techniques de production et d'entretien du J-6, ils purent lancer le développement de nouvelles versions du J-6, plus modernes et plus performantes.
Versions principales :
- J-6A (Dongfeng-103, également connu comme Type 59A ; contrairement à ce que cela peut paraître, il a volé près d'un an avant le J-6) : équivalent chinois du MiG-19P ; pourvu d'un radar RP-1 de faible portée et de deux canons de 30 mm ; exporté sous la désignation F-6A.
- J-6 (Dongfeng-102, également connu comme Type 59) : équivalent chinois du MiG-19S, issu d'une première tentative de production en série ; armé de trois canons de 30 mm.
- J-6B (Dongfeng-105, également connu comme Type 59B) : équivalent chinois du MiG-19PM, construit par Nanchang, armé d'une paire de missiles PL-1 (AA-1 Alkali soviétiques), mais donnant lieu à de nombreux problèmes ; 19 exemplaires produits.
- J-6C : chasseur de jour, inspiré a priori du MiG-19SF ; dispose d'un parachute de freinage monté sous la queue ; exporté sous la désignation F-6C.
- J-6I, J-6II et J-6III : prototypes non entrés en production.
- JJ-6 : variante biplace conçue pour l'entraînement des pilotes ; fuselage allongé de 84 cm, aérodynamique améliorée, cockpit en tandem pour un pilote et un instructeur, un unique canon de 30 mm et une plus grande contenance en carburant ; exporté sous la désignation FT-6 ; environ 264 exemplaires produits.
- JZ-6 : variante spécifiquement dédiée à la reconnaissance (il a aussi existé trois séries de J-6 de chasse convertis), développée en 1976 ; possède une baie rétractable contenant des équipements de reconnaissance et deux canons de 30 mm ; équipait encore 4 régiments indépendants de la PLAAF dans les années 1990 ; a priori, tous retirés du service en 2005.
Une fois que la Chine eut maîtrisé les techniques de production et d'entretien du J-6, elle en fit un de ses principaux appareils de première ligne. Les chiffres de production sont assez incertains, mais la plupart des sources donnent une fourchette, de 3000 à 5000 exemplaires sortis des usines chinoises, essentiellement celles de Guizhou, de Nanchang et surtout de Shenyang. Les chaînes furent stoppées en 1981, tandis que les J-6 encore en service étaient progressivement affectés à l'instruction puis retirés des escadrilles, entre les années 1980 et les années 2000.
Il semble qu'à l'heure actuelle, tous les exemplaires de la PLAAF et de la PLANAF (acronyme anglophone pour désigner la marine de guerre chinoise) aient été ferraillés ou plus sûrement placés en réserve. On ignore combien d'appareils furent mis en ligne par la Chine : peut-être 2000.
Outre les appareils employés par ses unités, la Chine réserva une partie de la production pour l'exportation. Tous les Etats ou presque qui furent à un moment ou un autre alignés sur la politique chinoise reçurent des J-6 (dans ce cas, désignés F-6). Le Pakistan reçut ses premiers appareils dès le début des années 1960 (d'autres sources indiquent l'année 1965), et les engagea à plusieurs reprises contre l'Inde. Il semble qu'ils obtinrent une demie-douzaine de victoires confirmées durant le conflit de 1971, dont une aux dépens d'un MiG-21. Au moins un F-6 (peut-être deux) furent en retour abattus et plusieurs autres détruits au sol ou lors de tirs fratricides. Les pilotes pakistanais revendiquèrent aussi plusieurs victoires contre des appareils soviétiques, durant le conflit afghan. Le Pakistan a reçu un total de 253 appareils, les derniers étant retirés en 2002.
D'anciens Etats pro-soviétiques reçurent également des F-6, après avoir choisi Pékin contre Moscou : les F-6 somaliens se firent tailler en pièces durant la Guerre de l'Ogaden (1978), soit dominés dans les airs, soit détruits au sol. L'Albanie reçut également des F-6, parfois moins perfectionnés que les MiG-19 livrés auparavant par l'Union Soviétique, et qui s'avérèrent incapables de contrer les MiG-21 yougoslaves qui venaient régulièrement pénétrer l'espace aérien albanais. Les Irakiens et les Iraniens se firent livrer à leur tour des J-6, à l'occasion de la Première Guerre du Golfe (1980-1988), et les employèrent tous deux dans des missions d'attaque au sol. On peut évoquer enfin les F-6 cambodgiens, capturés au sol par l'armée vietnamienne en 1978. A l'heure actuelle, il semble que seuls trois Etats continuent d'aligner des J-6/F-6 : la Corée du Nord, l'Iran et le Myanmar. La plupart des autres utilisateurs ont remisé leurs appareils avant 2005.
A partir du J-6, la Chine développa directement le Q-5 Fantan d'attaque au sol, et s'en inspira pour produire plusieurs prototypes, tel le Nanchang J-12.
Pays utilisateurs
Anciens pays utilisateurs