Historique
L’Histoire aéronautique voit apparaître de temps en temps des avions qui atteignent à la célébrité. S’ils s’y maintiennent, comme ce fut le cas par exemple des SPAD ou Fokker de la Première Guerre mondiale, des Messerschmitt 109, Spitfire ou Mustang de la Seconde, ou bien ensuite des MiG ou Phantom, on peut être certain qu’ils ont bénéficié à la fois : d’une indiscutable supériorité technique, d’une conjoncture industrielle et politique favorable à leur production en série, et d’une participation à des opérations brillamment menées.
Ce fut le cas du très fameux Mirage III.
Les ateliers de Saint Cloud travaillaient depuis quelques temps sur une version plus puissante du Mirage I : le Mirage II. Celui-ci était destiné à recevoir deux turboréacteurs Turboméca Gabizo de 1090 kgp de poussée (1500 avec la PC). Pesant 400 kg de plus que son prédécesseur, cette nouvelle version était, selon les calculs, capable d’atteindre Mach 1,55 à 11 000 m d’altitude. Mais au lieu d’améliorer cette version comme ils le faisaient d’habitude, les ingénieurs de Dassault passèrent directement à l’étude d’un avion plus gros, plus lourd certes mais plus puissant. C’est ainsi que le Mirage II acheva sa courte carrière avant même d’avoir existé et que le Mirage III prenait forme sur les planches à dessin du célèbre avionneur.
La grande nouveauté du Mirage III résidait dans son unique réacteur, un Atar 101 G-1 de 4 500 kgp avec PC et dans un fuselage complètement redessiné et présentant à présent cette fameuse taille de guêpe. Le prototype n° 001 atteint lors du 6ème essai, le 30 janvier 1957, Mach 1,52 en palier, Mach 1,60 avec PC et Mach 1,8 avec la fusée. L’ajout aux entrées d’air de souries mobiles et un nouveau réacteur Atar, le 101 G-2 lui permirent d’atteindre en palier la vitesse de Mach 1,65, sans l’aide de la fusée. Les performances de ce nouvel avion incitèrent le gouvernement français à passer commande de dix exemplaires (ce qui signa l’arrêt de mort du Durandal).
Ainsi naquit le Mirage IIIA.
Sa cellule s’était rallongée à 14,20 m contre 12,80m, l’aile se trouvait dotée de bords d’attaque cambrés, son moteur était à présent le nouvel Atar 9B de 6 tonnes de poussée avec PC et sa fusée d’appoint SEPR 641 développait 1 680 Kgp de poussée durant 80 secondes. Ces transformations permirent à l’un des exemplaires d’essai (et donc au premier un avion français) de franchir pour la première fois la vitesse de Mach 2 en palier, sans fusée, le 24 octobre 1958. Pus tard, la fusée SEPR 841 lui permettra d’atteindre Mach 2,2 à 15 000m. C’est à bord de cet avion que Jacqueline Auriol devint la première femme pilote au monde à voler à une telle vitesse, le 26 août 1959.
En terme de performances, le Mirage IIIA n° 03 obtint le 18 juin 1959, celui du record mondial de vitesse en circuit fermé de 100 km battant celui du Nord Aviation 1500 Griffon de 130 km/h de mieux avec 1901 Km/h ! Tous les essais réalisés à l’aide des dix avions de présérie, avec 2 100 sorties dont 100 avec fusée et 1 500 h de vols parvinrent au moment tant attendu par la Générale Aéronautique Marcel Dassault : la commande de 100 Mirage III de série ! La véritable carrière du Mirage commençait…
Mirage III C : L’avion de série, appelé Mirage IIIC (pour chasse) dispose du réacteur SNECMA Atar 9B-3 de 4 250 Kgp de poussée à sec et 6 000 kgp avec PC. Le fuselage abrite à l’avant un radar CSF Cyrano 1 bis qui assiste le pilote en combat canon ou missiles air-air ou air sol. Le poste de pilotage est pressurisé et climatisé et un parachute de freinage à commande mécanique pouvant être ouvert jusqu’à la vitesse de 350 Km/h complète son croupion. Son armement principal comprend deux canons DEFA 552 de 30mm, alimentés de 125 obus chacun tirant 1 100-1 500 coups/minute. Le Mirage IIIC peut emporter des charges extérieures diverses : Missiles air-air Matra R 511 ou 530, deux missiles air-air AIM-9 B «Sidewinder», missiles air-sol AS 20 ou AS30, lance roquettes JL 100R (18 roquettes de 68mm), diverses variétés de bombes, réservoirs pendulaires de 625, 1 300 ou 1 700 litres.
Selon sa configuration retenue, le Mirage IIIC affiche un poids variant entre 8,4 et 11,7 tonnes pour un poids à vide de 5 609 kilos et suivant son profil, son autonomie s’étend de 45 minutes à 2 heures de vol. Il peut à présent grimper à 18 000m en 6 minutes et 10 secondes. Sa vitesse maximale est de Mach 2.1.
La chaîne d’assemblage de Bordeaux Mérignac atteint très vite la cadence de 9 avions par mois et le Mirage IIIC est affecté en escadrons de chasse. C’est au célèbre escadron de chasse « Cigognes » de DIJON que revint le privilège de recevoir les premiers IIIC, en remplacement des Mystères IV, le 10 juillet 1961. La transformation des pilotes se fait sur une version biplace que Dassault avait conçue parallèlement au Mirage IIIC : Le Mirage III B
Mirage III B : Le Mirage III B, équipé du même canon que le III C, pouvait participer à des missions d’appui grâce à l’emport d’un armement externe identique au monoplace mais l’absence de radar l’empêchait de tirer les missiles air-air Matra R 530. En effet, cette version était rallongée de 58 cm par rapport au monoplace pour permettre la mise en place du second siège et le Radar Cyrano I bis logé dans la pointe avant laissa sa place au système de climatisation de l’habitacle, abrité sous une verrière d’une seule pièce. Le poids du Mirage III B en ordre de vol était cependant inférieur (7 850 kg) à celui du monoplace Mirage III C (8 400 kg).
Mirage III BE : Comme à son accoutumée, Dassault mis en place en même temps la version biplace du Mirage III E destinée à la transformation et la formation des pilotes.
Mirage III R : Appareil directement dérivé du Mirage III E, le Mirage III R est dédié à la reconnaissance au sein de l’Armée de l’Air. Capable de reconnaissance tactique à basse, moyenne et haute altitude, le Mirage III R n’est plus équipé du Cyrano II bis et de ce fait ne peut plus tirer les missiles air-air M530. Son auto défense se limite à deux Sidewinder guidés par IR. L’espace de la pointe est réservé sur cette version à un ensemble de cinq caméras OMERA de 100, 200 et 600 mm de focale auxquelles se rajoute la caméra OMERA 60 de quille arrière.
Le bloc canon a disparu, laissant sa place à un radio altimètre CSF capable de régler de façon automatique la cadence des caméras et à un lance cartouches éclairantes pour les photos de nuit.
Autres versions du Mirage III : D’autres versions virent le jour et équipèrent l’armée de l’Air française :
- Les biplaces Mirage III B1 avions de servitude.
- Les Mirage III B2 d’entraînement au ravitaillement en vol. A noter que ce sont les Mirage III B2, (version du Mirage III B) qui furent utilisés pour la formation des pilotes des bombardiers Mirage IV. Ils étaient dotés d’une perche de ravitaillement dite « sèche » pour les exercices mais les pilotes ne pouvaient procéder aux enquillages car ces fausses perches de permettaient pas de transfert de carburant.
- Les Mirage III BE plus puissants et mieux équipés :
- Les monoplaces de reconnaissance Mirage III RD dotés du système de navigation du Mirage III E.
- Mirage III NG : En avril 1981, après quelques mois d’études, Dassault lance la fabrication du prototype d’un avion destiné à prendre la relève des Mirage III, Mirage 5 et Mirage 50 : le Mirage III NG (Nouvelle Génération) équipé du réacteur Snecma Atar 9 K 50.
Partant de la cellule du Mirage 50 01, la Société ajoute vers l’avant une surface portante sous forme d’un « canard » sur les entrées d’air. L’appareil, rebaptisé Mirage 50 K, vole le 27 mai 1981, à Istres, aux mains de Patrick Experton. Il est destiné à confirmer les études préliminaires devant aboutir au Mirage III NG.
Les essais en vol confirmant les qualités aérodynamiques, des commandes électriques peuvent alors être installées sur une cellule de Mirage III qui devient Mirage III NG. Le nouvel appareil profite des nombreuses études effectuées pour les versions améliorées du Mirage III et des commandes électriques, déjà expérimentées sur le Mirage 2000 et le Mirage 4000. Le Mirage III NG 01 vole le 21 décembre 1982.
- Balzac V : avion à décollages et atterrissages verticaux subsonique basé sur le Mirage III 001, destiné à valider la formule retenue pour le Mirage IIIV avant le développement des moteurs définitifs prévus pour cet avion.
A partir de 1995, alors que tous les Mirage III ont quitté les unités opérationnelles, seul le Centre d'Essais en Vol de Cazaux conserve encore quelques avions de ce type. Le dernier vol d'un Mirage III français a lieu le 25 novembre 2005.
Le Mirage III a été exporté dans 21 pays (avec les Mirage 5 et 50) et au total 1401 exemplaires de cet avion fabuleux ont été construits. En 2015, deux pays utilisent encore le Mirage III : l'Argentine, qui prévoit de le retirer du service en novembre 2015, et le Pakistan.
Baptême du feu :Le 14 novembre 1964 au eu lieu de premier affrontement entre Mirage III et Mig 21. Le dernier né de la famille des Mig soviétiques est lui aussi intercepteur et avion d’attaque au sol. Il a une vitesse de 2130 Km/h et son rayon d’action de 1 100 km est légèrement inférieur à celui su supersonique français. Comme lui il dispose de deux canons de 30 mm et peut emmener roquettes, bombes et missiles.
Selon un des pilotes israéliens ayant participé au combat, celui-ci fut facile :
"Quatre MIG 21 venaient de franchir la frontière au dessus du Lac de Tibériade, raconte-t-il. Nous avons décollé à deux et sommes allés les cueillir aussitôt. J’en prends un, il essaie de fuir aussitôt, en direction de Damas. Je déleste mon Mirage des bidons de carburant de réserve et je l’attaque. Je m’approche de lui, j’appuie sur la détente de mes canons à raison de deux tirs prolongés et un tir très bref. Je vois alors que le Mig perd de l’altitude et qu’une épaisse fumée noire sort de sa queue. Je me dis « Un à zéro pour mon Mirage !». Quant aux autres, ils avaient tout simplement pris la fuite ! "
Texte de PCMax, avec son aimable autorisation.
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