Airbus A400M Atlas

Historique

Au début des années 1980, la nécessité de remplacer les C-130 et les C-160 amena Aérospatiale, MBB, BAe et Lockheed à se réunir dans une joint-venture afin de concevoir et construire son successeur. Cette entité, la FIMA (Future International Military Airlifter), vit le jour en 1982. Elle fut cependant quittée par Lockheed qui préféra étudier une nouvelle version du C-130, le C-130J, en 1989. Les firmes Alenia et CASA le remplacèrent, menant au groupe Euroflag (European future large aircraft group). L'appareil lui-même est baptisé FLA (Future Large Aircraft) ou ATF (Avion de Transport Futur). Ce groupe fut finalement remplacé par Airbus Military, qui proposa l'A400M, en janvier 1999.

Les demandes étant différentes, le développement fut long. Si l'appareil était prévu pour être d'une taille intermédiaire entre le C-130 et le C-17, le choix du moteur se révéla difficile. Une version turbopropulseur du M88, le M138, était prévu à l'origine. En avril 2002, Airbus lança un appel d'offres auquel répondirent Pratt & Whittney Canada avec son PW180 et Europrop avec son TP400-D6. Airbus préféra le PW180, mais le TP400 fut choisi pour des motifs politiques en mai 2003. C'est ce même mois, le 27, que les pays participants (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie) signèrent l'OCCAR (Organisation for Joint Armament Cooperation) afin de commander simultanément 212 exemplaires.

L'Italie quitta le programme, entraînant des délais supplémentaires, mais fut remplacée par le Luxembourg. Le premier vol était prévu pour début 2008 et les livraison pour 2009.

L'assemblage du premier A400M commença à Séville en août 2007, à l'usine de CASA. Les 4 moteurs furent livrés fin février 2008, et les premiers essais statiques furent effectués un peu plus tard sur la cellule MSN5000. Le prototype MSN 001 sortit d'usine le 26 juin 2008.

Malgré tout, le programme, très ambitieux techniquement, devait être effectué dans des délais très courts, certainement trop. Des mises au point techniques furent difficiles à résoudre, le financement a été difficile à assurer, au point que le programme fut particulièrement menacé. Le retard atteignit 4 ans de retard, et le surcoût plusieurs milliards d'€uros. Airbus fut même sur le point de jeter l'éponge. Il fallut beaucoup de négociations entre politiques et industriels pour remettre l'A400M d'aplomb.



Parmi ces difficultés, notons la mise au point des FADEC des moteurs, la surchage de 12 tonnes, et l'exigence pour l'appareil d'obtenir une certification civile (d'où une conséquence sur les logiciels, celui de suivi de terrain, ou celui gérant la vitesse). Cette certification civile, attendue fin 2011 ou début 2012, fut finalement obtenue le 13 mars 2013. Airbus a également reconnu avoir attendu le premier vol du TP400, installé sur un C-130, le 17 décembre 2008. La certification militaire, obtenue le 31 juillet 2013, permit la livraison de l'appareil aux forces aériennes clientes.

Le vol inaugural de l'A400M (MSN001) n'eut lieu que le 11 décembre 2009. Il est depuis définitivement stocké.

Il fut suivi par un second prototype le 8 avril 2010, puis un troisième le 9 juillet 2010, un quatrième appareil a volé le 20 décembre 2010. 5 prototypes étaient prévus, mais le MSN 005 fut annulé. En septembre 2011, les essais des appareils MSN001 à 004 totalisaient 2100 heures et 984 vols, dont des essais de ravitaillement en vol, ou par grand froid.  Le MSN006, premier appareil représentatif de la série, est utilisé pour les tests d'interférence électromagnétique et pour les tests opérationnels : il a effectué son vol inaugural le 20 décembre 2011. Il sera livré plus tard, peut-être vers 2018. La production en série commença le 12 janvier 2011. Les prototypes sont surnommés Grizzly depuis juillet 2010, et les A400M de série"Atlas".

L'A400M est un appareil de transport, se situant presque dans la catégorie stratégique. Il est à la fois fait pour de longues distances et capable de se poser sur des terrains sommaires, grâce à ses pneus basse pression. Sa soute est longue de 17,71 mètres (sans la rampe, longue de 5,4 mètres), large de 4 mètres et haute de 3,85 mètres. Son volume est de 340 mètres cubes et il peut emporter 37 tonnes de fret (par exemple, 3 VAB ou 2 Tigre), 120 soldats, 116 parachutistes ou 66 blessés. Il pourrait aussi servir, à terme, de ravitailleur en vol, en étant équipé de 3 paniers Flight Refuelling Ltd 908E, et d'un réservoir CBT portant sa capacité en carburant à 58 tonnes.



Il dispose de CDVE, d'écrans multifonctions, de joysticks sur les côtés, d'un détecteur d'alerte radar ALR-400 et d'un détecteur d'alerte missile MIRAS (Multi-Colour Infrared Alerting Sensor) conçu par EADS et Thalès. Son radar de navigation et de météorologie sera un Northrop Grumman AN/APN-241E. Sa dérive est en T. Ses ailes hautes supportent 4 moteurs et sont faites de plastique à renfort fibre de carbone. Le TP400-D6 sera le plus puissant turbopropulseur à entrer en service dans le monde occidental et actionne une hélice Ratier-Figeac FH386 à 8 pales de 5,33 mètres de diamètres. Ces hélices tournent dans le sens opposé à celles de l'autre aile.

L'appareil est entré en service le 30 septembre 2013, équipant prioritairement la France qui a un grand besoin de remplacer ses C-160. Celle-ci devrait recevoir 50 exemplaires, dont le premier est le MSN 07. Baptisé "Ville d'Orléans", il fut livré à l'ET 1/61 Touraine et rejoint par un deuxième exemplaire. Il a très rapidement été déployé au Mali, dès décembre 2013. La Turquie, dont le premier exemplaire était prêt fin 2013, le refusa dans un premier temps pour des raisons financières. Il fut finalement livré le 4 avril 2014 et un deuxième devrait suivre la même année.

Le Royaume-Uni est passé de 25 à 22 exemplaires, et a reçu son premier exemplaire en novembre 2014. La Belgique devrait recevoir 7 exemplaires entre 2018 et 2020. L'Allemagne en a commandé 53 (sur 60 prévus au départ), mais 13 seront aussitôt revendu pour n'en garder que 40. L'hypothèse est même envisagée de n'en commander que 40 directement. L'Allemagne a reçu son premier exemplaire le 19 décembre 2014. L'Espagne en a commandé 22. Le Luxembourg en a commandé 1 exemplaire, livrable en 2019. La Malaisie, unique client hors Europe pour l'instant, a commandé 4 exemplaires livrables en 2015, plus 4 en option.

Si l'année 2014 s'est révélé bonne pour le programme (6 appareils livrés à la France qui a pu l'utiliser en conditions opérationnelles), un exemplaire livré à la Turquie, à l'Allemagne et à la Grande-Bretagne), l'année 2015 se révèle plus problématique malgré la livraison du premier exemplaire à la Malaisie. En effet, l'Allemagne a trouvé pas moins de 875 défauts à corriger. Les cadences de livraisons ont été ralenties et l'appareil ne dispose que de la capacité de transport. Le ravitaillement en vol et l'aérolargage ne seront disponibles que dans quelques années. La mise au point se terminerait alors en 2018.



Le total de commandes fermes atteint donc 174 exemplaires (212 était prévus au départ), dont les livraisons pourraient se conclure en 2025. L'Afrique du Sud fut intéressée par 8 exemplaires, mais a annulé sa commande. Le Chili avait montré son intérêt pour 3 exemplaires, mais n'a pas donné suite. L'USAF s'est renseignée sur l'appareil en 2009. L'Australie aurait également montré son intérêt pour l'appareil. Le Canada l'a envisagé, avant de lui préférer des C-17 et C-130J. L'Algérie a également évalué cet appareil.

Un A400M destiné à  la Turquie s'est écrasé le 9 mai 2015 vers Séville, peu après son décollage, faisant au moins 4 morts et 2 blessés graves. En conséquence, l'Allemagne a immobilisé son unique exemplaire dès le lendemain en attendant les résultats de l'enquête, et le Royaume-Uni a fait de même.

Pays utilisateurs

• Allemagne : Armée de l'air allemande
  • Airbus A400M-180 Atlas (53 exemplaires initialement, 38 exemplaires actuellement)  —  En cours de livraison
• Belgique : Armée de l'air belge
  • Airbus A400M-180 Atlas (7 exemplaires initialement, 6 exemplaires actuellement)  —  En commande
• Espagne : Armée de l'air espagnole
  • Airbus A400M-180 Atlas (27 exemplaires initialement, 13 exemplaires actuellement)  —  En cours de livraison
• France : Armée de l'Air et de l'Espace
  • Airbus A400M-180 Atlas (50 exemplaires initialement, 21 exemplaires actuellement)  —  En cours de livraison
• Indonésie : Armée de l'air indonésienne
  • Airbus A400M-180 Atlas (2 exemplaires)
• Kazakhstan : Armée de l'air kazakhe
  • Airbus A400M-180 Atlas (2 exemplaires)
• Luxembourg : Armée de l'air luxembourgeoise
  • Airbus A400M-180 Atlas (1 exemplaire)  —  En commande
• Malaisie : Armée de l'air malaisienne
  • Airbus A400M-180 Atlas (4 exemplaires)
• Royaume-Uni : RAF
  • Airbus Atlas C.1 (22 exemplaires initialement, 18 exemplaires actuellement)  —  En cours de livraison
• Turquie : Armée de l'air turque
  • Airbus A400M-180 Atlas (10 exemplaires)  —  En cours de livraison