Historique
L’
AgustaWestland AW129 Mangusta est un hélicoptère d’attaque léger, biplace en tandem, biturbine, muni d’un rotor principal muni de quatre ou cinq pales selon la version, d’un rotor de queue bipale, d’un train d’atterrissage tricycle et muni de quatre points d’attache sous ses moignons d’ailes.
À la demande de l’armée italienne, Agusta décide en 1978 d’étudier une version d’attaque antichar de son hélicoptère A109. L’équipe de développement démontre rapidement que les modifications sont plus compliquées que l’élaboration d’un nouvel appareil. Agusta lance alors le premier programme d’hélicoptère de combat européen avec l’
A129 Mangusta, reprenant le concept de deux sièges en tandem de l’AH-1 Cobra qui permet d’offrir une cible de plus faible dimension de face. L’AH-1 est à ce moment un de ses seuls appareils de ce type sur le marché occidental et ce n’est pas pour rien si l’appareil italien est désigné "mangouste", petit mammifère tout à fait capable de venir à bout d’un cobra…
Le programme prévoit initialement une masse au décollage proche de celle de l’A109. Ce sont donc les même turbines Allison 250-20B qui sont choisies pour la motorisation. Cependant, entre 1978 et 1980, les spécifications attendues pour l’appareil ne cessant de l’alourdir, il faut alors l’équiper de moteurs plus puissants : le choix se porte sur la Rolls-Royce Gem 2.
Le 15 septembre 1983, le premier prototype prend son envol. Au total, cinq sont construits.
L’A129 est équipé de deux turbines Rolls-Royce Gem 2-1004D de 704 kW (956 cv) au décollage chacune, fabriquées sous licence par Piaggio. Le montage de ces moteurs est réalisé de manière à minimiser le bruit et leur signature infrarouge. Le rotor principal est composé de quatre pales en matériaux composites prévues pour résister à des impacts de 12,7 mm, voir de 23 mm, tout comme les réservoirs de carburant de l'appareil.
Le Mangusta est optimisé pour pouvoir voler de jour comme de nuit et dans n’importe quelles conditions atmosphériques, y compris en altitude et lors de températures élevées, ce qui s’est confirmé en Somalie, en Irak et en Afghanistan.
L'ensemble des systèmes de bord sont gérés par un unique ordinateur IMS (système multiple intégré). Des écrans multifonctions permettent à l’équipage de visualiser toutes les informations concernant la navigation, les communications, les alarmes et le système d’arme. Ils affichent également les données concernant les cibles sur des cartes synthétiques.
Le principal capteur de l’A129 est un PNVS (Pilot Night-Vision Sensor) muni d’un FLIR dont l’affichage s’effectue sur les visières des casques de l’équipage.
Un moignon d’aile munis de 2 points d’attache est installé de chaque côté du fuselage. Ils permettent d’emporter des réservoirs de carburant externes, des paniers à roquettes de 70 ou 81 mm, des mitrailleuses en nacelle, et jusqu’à huit missiles antichars HOT ou BGM-71 TOW.
Après ses essais opérationnels, l’armée italienne passe commande de 66 exemplaires, dont 6 doivent être utilisés pour la formation des équipages et 60 pour les unités de combat. Les premiers A129 sont livrés en 1990, après que divers problèmes de mise au point du système de visée des missiles soient résolus. Les pales du rotor de sustentation repliables, l’éclairage du cockpit compatible avec l’utilisation de lunettes de vision nocturne, les réservoirs auxiliaires adaptables, le système d’alerte radar et les lance-leurres ne sont d'ailleurs intégrés qu'à partir du seizième appareil de série.
Finalement, après la fin de la Guerre Froide, ce ne sont plus que 45 appareils qui sont commandés, avec 15 autres en option.
En 1986, le Royaume-Uni, l’Espagne et les Pays-Bas signent un accord avec l’Italie afin de développer un hélicoptère de combat européen désigné
Joint European Helicopter Tonal, dont le design doit être basé sur l’A129. Le
Tonal doit être muni de moteurs plus puissants, de nouveaux rotors, d’un train d’atterrissage rétractable, de nouveaux capteurs et d’un armement plus varié.
En 1990, le Royaume-Uni et les Pays-Bas décident d’acquérir l’AH-64 Apache américain et se retirent du programme. L’Espagne préfère quant à elle attendre l’EC665 Tigre d’Eurocopter.
L’Australie, à la recherche d’un hélicoptère de combat, lui préfère également le Tigre. Les raisons principales de ce choix sont l’autonomie et l’emport de charge trop faibles, ainsi que la petite taille de l’A129 qui fait craindre des difficultés pour un développement futur éventuel.
Suite à cet échec, Agusta se lance seule dans la modernisation des Mangusta de l'
Esercito italiano. En 1992, le constructeur fait voler son
A129I (pour
International). Présenté officiellement le 5 janvier 1995, l'appareil est équipé de deux turbines Allison-Garrett LHTEC T800 de 1550 hp, d'un rotor à cinq pales, et de plusieurs améliorations de ses équipements embarqués.
Son armement évolue lui aussi. Il est dorénavant doté d'une tourelle à canon tritube TM 197B LTGS de 20 mm approvisionné à 500 obus, et installée sous le nez. Il peut désormais être armé de missiles antichars AGM-114K Hellfire et des missiles air-air AIM-92 Stinger ou Mistral pour son autoprotection.
Les A129 réalisent leur baptême du feu en Somalie au cours l’opération
Restore Hope, en 1992-1994. Depuis, ils ont également été engagés à d’autres occasions, entres autres : en Angola, en Albanie, en République de Macédoine, au Kosovo, en Irak et en Afghanistan.
Durant les opérations en Somalie, l’armée italienne remarque que ses Mangusta, spécialement armés pour le combat antichar, sont mal adaptés à la lutte antipersonnel et contre des objectifs peu protégés. Elle transforme l’option qu’elle avait sur les quinze derniers appareils en une commande ferme d’A129 pouvant effectuer des missions plus diversifiées.
Cette nouvelle version, désignée
A129 CBT (pour
Combattimento), conserve les turbines Rolls-Royce Gem 2 mais reprend l'ensemble des améliorations de l’A129I : il est ainsi lui aussi équipé d’un rotor principal à cinq pales. En outre, son avionique et ses équipements défensifs sont modernisés par l'ajout d'un détecteur d’alerte radar, d'un détecteur d'alerte laser, d'un système de contremesures électroniques et d'un brouilleur infrarouge.
Du point de vue de l'armement, il reprend la tourelle Otobreda TM 197B LGTS de 20 mm de l'A129I, mais également la possibilité de tirer l'AGM-114K Hellfire. Toutes ces améliorations lui permettent ainsi d’effectuer, en plus des missions antichars, la reconnaissance armée, l’escorte, l’attaque au sol et l’appui-feu.
15 A129 CBT neufs commencent à être perçus à partir de 2002. À cette date un accord est également signé avec l'armée italienne pour la mise à ce standard des 44 A129 restants.
L’entreprise AgustaWestland Aircraft étant contrôlée à 100% par Finmeccanica, et suite à une nouvelle politique commerciale de cette dernière, en juillet 2007 il est décidé de re-désigner l’appareil
AW129.
Remportant le marché en Turquie face aux AH-64 Apache et EC665 Tigre, Agusta signe en septembre 2007 un partenariat avec Turkish Aerospace Industries pour le développement, avec transfert de technologie et fabrication sous licence, d’une version turque de son A129 International. Désigné
T-129 ATAK, l’appareil est équipé de turbines Rolls-Royce/Honeywell LHTEC T800 de 1200cv. Il est armé d’un canon Gatling de 20 mm et peut emporter, sur les pylônes des moignons d’ailes, des paniers à roquettes, des canons ou des mitrailleuses en nacelle, des missiles antichars, ainsi que des missiles Stinger pour son autoprotection.
Plus long que l’A129, il bénéficie de diverses modifications spécifiques, dont une électronique et un armement en grande partie de conception et de fabrication turque.
Le programme comprend huit prototypes, dont les cinq premiers sont construits à Vergiate, en Italie, dans les installations d’AgustaWestland.
Le premier de ces appareils vole pour la première fois le 28 septembre 2009. Cependant, durant un test en vol stationnaire à 15.000 pieds (environ 4570 mètres), le 19 mars 2010, il perd son hélice anti-couple et l’équipage, qui arrive à maintenir l’appareil loin de la zone d’habitation durant la chute, se sort du crash légèrement blessé.
Le premier des trois prototypes construits en Turquie, réalise quant à lui son premier vol le 17 août 2011.
Un de ces appareils est conservé, par la suite, par le Ministère de la Défense turc comme banc d’essais pour les divers systèmes qui seront introduits l'appareil.
Par la suite, une série de neuf
T129A prévus pour des missions de soutien au combat est construite. Ils seront ensuite convertis au standard
T129B. Ensuite, une série de 51 T129B multi-rôles est commandée.
Par ailleurs, des délais dans le développement de certains composés électroniques obligent également TAI à deux séries d’équipement différentes désignées TUC pour TUrkish Configuration. Les 30 premiers appareils, au standard TUC-1, sont équipés d’un ordinateur de mission, de CME et d’un FLIR Aselsan AselFLIR-300 de conception turque. L’équipage est équipé de casques avec viseur Thales, et l’armement antichar est constitué des missiles AGM-114 Hellfire II et Spike ER. Les appareils suivants sont munis de casques Aselsan AVCI et d’un armement constitué de roquettes guidées Cirit et de missiles antichars UMTAS du fabriquant turc Rocketsan.
Les T129 peuvent également être équipés d’un radar à ondes millimétriques MILDAR, similaire aux Longbow et à l’IAI ELTA, développé par un consortium réunissant le Conseil Scientifique et Technologique de Turquie (TUBITAK), l’entreprise Meteksan Savunma Sanayii AŞ et l’université de Bilkent.
Une nouvelle version désignée
ARH-129D est développée par AgustaWestland pour le compte de l'
Esercito Italiano. Elle dote les Mangusta de certaines améliorations apportées au T129 turc.
L’appareil est ainsi équipé du système EO/IR israélien Rafael TopLite III doté d'un FLIR, d'un télémètre et désignateur lasers. Enfin, il a la possibilité nouvelle de tirer le missile antichars Spike-ER, la bombe guidée par laser Lizard et des roquettes guidées de 70 mm.
Un total de 32 A129 CBT doivent être portés au standard ARH-129D.
Texte de Jericho, avec son aimable autorisation.
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