Historique
Le 21 avril 1988, 4 prototypes du Rafale sont commandés, dont 2 Rafale M, les M01 et M02 (pour Marine). Le Rafale M fut un temps menacé par le désir de la Marine Nationale d'acquérir une trentaine F/A-18 entre 1987 et 1989, par achat ou location.
Emmanuel Beau, qui fut impliqué dans le programme Super-Etendard, est chargé de définir les spécifications techniques du Rafale M.
Le prototype M01 fait sa sortie d'usine en août 1991 et vole pour la première fois le 12 décembre à Istres avec Yves Kerhervé aux commandes. Ce dernier a remplacé Guy Mitaux-Maurouard comme pilote en chef chez Dassault. Le Rafale M01 franchit Mach 1,4. Il partage 80% de la cellule et 90% des systèmes du Rafale C01. Bien qu'il possède les éléments spécifiques à une version navale, tels une crosse d'appontage, une structure et un train d'atterrissage renforcés, il ne possède pas d'ailes repliables afin d'augmenter la communalité avec les autres versions.
Le Rafale M se distingue par un train avant "sauteur", qui permet de réduire la distance de décollage en emmagasinant de l'énergie pour la restituer en se détendant comme un ressort. Le Rafale M est le premier avion français à être catapulté par le train avant, et non pas à l’aide d’une élingue. Il possède aussi une échelle intégrée et rétractable. Le Rafale M serait capable d'opérer à partir d'un porte-avions à tremplin, d'après des simulations de Dassault Aviation dévoilées en juin 2012. Il dispose aussi du Sagem TELEMIR, un système inertiel infrarouge et GPS d'alignement à la mer, dont l'antenne est au sommet de la dérive.
Sa masse à vide est supérieure de 500 kg à celle d'un Rafale C. Selon les sources, sa masse à vide varie de 9670 kg à 9950, voire 10196 kg. Cependant, il ne dispose que de 13 points d'emport contrairement aux 14 points du Rafale C, à cause notamment du train avant. De l'autre côté, c'est l'unique version du Rafale à être capable de ravitailler un autre avion en vol.
Les essais de catapultage eurent lieu aux États-Unis en juillet/août 1992 à NAS Lakehurst, dans le New Jersey. 39 catapultages et 14 appontages furent effectués. Une deuxième et troisième campagnes aux États-Unis se tinrent en 1993. Le M02 vola le 8 novembre 1993 à Istres entre les mains d'Eric Gérard. Le premier appontage réel du M01 eut lieu le 19 avril 1993 sur le Foch. L'entrée en service était alors prévue pour 1998, mais fut retardée notamment à cause des soucis du Charles-de-Gaulle…
Le 7 juillet 1999, le Rafale M02 est catapulté pour la première fois du Charles-de-Gaulle (le premier appontage eut lieu la veille).
Le premier appareil de série, le Rafale M1, vole pour la première fois le même jour avec Philippe Deleume aux commandes. Il apponte sur le Charles-de-Gaulle pour la première fois le 9 juin 2000. Le Rafale M1 est conservé comme banc d'essais volant. Les Rafale M2 et M3 sont livrés le 4 décembre 2000 à Landivisiau. Il s'agit de remplacer en extrême urgence les F-8 Crusader, retirés du service depuis 1999. 10 exemplaires sont livrés de 2000 à 2002 à un sous-standard intermédiaire LF1, dépourvu de canon et dont le radar RBE-2 n'a pas encore de capacités BVR. Cela implique que seuls les missiles Magic 2 sont utilisables. Ils passeront plus tard au standard F1.
Le Rafale entre en service au sein de la 12F le 18 mai 2001, et les Rafale M2 et M3 rejoignent le porte-avions Charles-de-Gaulle, alors déployé pour l'attaque en Afghanistan, le 1er décembre 2002.
3 ans seront nécessaires avant que la flottille ne soit déclarée opérationnelle, le 25 juin 2004. Ces années servirent essentiellement à l'entraînement et à la prise en main du nouvel appareil, y compris lors d'exercices internationaux, ainsi qu'à la correction de nombreuses erreurs de jeunesse.
C'est cette année qu'ils furent qualifiés pour le ravitaillement en vol, et c'est en octobre 2004 qu'ils participent pour la première fois au Tactical Leadership Programme. En janvier 2005, ils effectuent leur première Permanence Opérationnelle à Lann-Bihoué.
Il a démontré à cette occasion sa parfaite compatibilité avec les porte-avions américains, et est d'ailleurs le seul appareil non américain à être autoriser à opérer sur des porte-avions US. C'est aussi l'unique avion de combat embarqué européen dans les années 2010. Ainsi, le 4 juin 2010, un Rafale M change de réacteur sur le porte avions USS Harry S. Truman en 3 heures.
Au sein de l'Aviation Navale, il est en service au sein des flottilles 12F (25 juin 2004) et 11F (19 septembre 2011). La 17F devrait recevoir ses premiers Rafale en juin 2016 pour être opérationnelle en 2017. Le M39, premier Rafale M à disposer d'un radar RBE-2 à antenne AESA, est livré en octobre 2013.
Le premier Rafale M au standard F2, le M11, fut livré le 2 juillet 2007 et ce standard est déclaré opérationnel le 21 mai 2008. Les 10 Rafale M au standard F1 furent alors mis sous cocon. Ces derniers sont modernisés depuis janvier 2012 au standard F3, les livraisons s'étalant du 9 octobre 2014 à 2017. Le retrofit dure 18 mois, comprenant notamment le remplacement de la pieuvre électrique. Le premier Rafale au standard F3, le M27, fut livré le 2 juillet 2009. A terme, tous les Rafale M seront au standard F3. Le standard F3-R devrait entrer en service en 2020 au sein de la Marine Nationale.
Le Rafale fut déployé en Afghanistan et la première mission de guerre remonte au 28 mars 2007, lorsqu'un Rafale M au standard F2 largua 2 GBU-12 sur des positions talibanes. Depuis, les Rafale M ont également participé aux missions en Libye en 2011 (616 sorties effectuées) et en Irak depuis février 2015.
Jusqu'en 1992, on prévoyait 336 exemplaires, dont 86 Rafale M. En 1992, à cause de la chute de l'URSS, on passait à 294 exemplaires dont 60 Rafale M. En 2008, on arrive à 286 exemplaires, dont 58 Rafale M. En 2013, on descendait à une prévision de 225 avions de combat en tout, Rafale compris. 180 Rafale sont réellement commandés depuis 2010, dont 48 Rafale M. 42 ont été livrés en février 2015, dont 28 en ligne.
4 Rafale M ont été perdus depuis 2001 : 2 Rafales M (M-22 et M-25) se percutèrent en vol le 24 septembre 2009, tuant un des pilotes. Le Rafale M-18 s'est écrasé au Pakistan en 2010, le pilote ayant survécu. En 2012, le Rafale M-24 s'écrasa lors d'un exercice, le pilote ayant pu s'éjecter.
Enfin, le Rafale M fut envisagé pour lancer des satellites dans le cadre du programme MLA (Micro Lanceur Aéroporté), nommé aussi Aldébaran, et initié par le CNES. Il s'agirait de placer un micro-satellite en position ventrale et de le lancer à vitesse subsonique à grand angle d'incidence. Cette version fut choisie pour sa charge utile (12 tonnes avec la moitié du carburant) et son train renforcée.
En 2006, lors d'un fort contentieux entre Britanniques et Américains sur le F-35, il fut question pour la Royal Navy d'acquérir des Rafale M. Ce ne fut certainement qu'un moyen de pression, qui a d'ailleurs parfaitement fonctionné puisque la Royal Navy est revenue au F-35.
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