Kamov Ka-50 (OTAN : Hokum)

Rappels

  • Catégorie : Hélicoptère
  • Constructeur : Kamov drapeau du pays
  • Premier vol : 17 juin 1982
  • Production : 99 appareils construits (cellules neuves)
Kamov Ka-50 (OTAN : Hokum)

Historique

Dès le milieu des années 1970, il apparut que le Mi-24 ne pourrait plus correspondre au défi des champs de bataille de la décennie qui suivrait. La première spécification alors émise concernait un hélicoptère capable de détruire les blindés de la ligne du front. C'est en décembre 1977 que les deux principaux hélicoptéristes de l'Union soviétique, Mil et Kamov, furent mis en concurrence.

Chez Kamov, le programme échut à Sergei Mikheyev, qui lança le projet V-80 (pour Vertolyet, hélicoptère). Son équipe estima que l'avionique était suffisamment avancée pour permettre à un seul homme de tout faire : le pilotage, la navigation, la détection et la destruction des cibles. Après tout, des systèmes automatiques existaient déjà en URSS, en particulier sur les Ka-25 et 27, on y voyait même des liaisons de données. Une configuration monoplace promettait aussi un gain de poids, et donc de performances, voire de réduire les coûts opérationnels et d'entraînement. C'était sous-estimer le niveau de stress pour une seule personne, en tous cas du point de vue occidental.

L'accent fut également mis sur la survivabilité de l'appareil. En conséquence, une configuration biturbine fut retenue, les turbines TV3-117V étant placées de chaque côté de l'appareil. Le V-80 devait pouvoir voler sur un seul moteur. Le cockpit et le pare-brise furent blindés, les réservoirs auto-obturants, les systèmes vitaux protégés soit par blindage, soit par d'autres systèmes (y compris contre le feu), les commandes redondantes, la transmission était capable de fonctionner 30 minutes sans huile. Le blindage, composé d'aluminium, pesait à lui seul entre 300 et 350 kg et les tests démontrèrent qu'il protégeait le pilote d'un tir d'un calibre de 23 mm. Le pare-brise peut lui résister aux balles d'une mitrailleuse de 12,7 mm.

2 autres choses complétaient la sécurité du pilote : le train d'atterrissage tricycle et rétractable, conçu pour encaisser des chocs particulièrement violents, et enfin le fameux siège éjectable. Celui-ci, le Zvezda K-37-800, est conçu par Guy Severin. Les pales de rotor sont éjectées à l'aide de boulons explosifs dans la tête de rotor, la verrière de même, avant la mise à feu du siège éjectable. Il peut fonctionner théoriquement à n'importe quelle altitude et vitesse, dans la réalité à partir de 100 mètres d'altitude.



Enfin, il reprenait la grande marque de fabrique de Kamov, les rotors co-axiaux et contrarotatifs. Ils sont tripales et ont un diamètre de 14,5 mètres. Ceux-ci éliminent le besoin d'un rotor anti-couple (qui nécessite 30% de la puissance moteur et dont la transmission est vulnérable au combat), et permettent une grande maniabilité. Le Ka-50 est ainsi capable d'effectuer des loopings, des barriques, et surtout de tourner autour de sa cible tout en tirant et en restant à altitude égale. Les pales sont construites en matériaux composites, dont des polymères.

L'appareil est conçu afin de pouvoir se passer de maintenance pendant 2 semaines. Son fuselage est composé à 35 % de matériaux composites. Du kevlar et du nomex protègent les systèmes vitaux.

Le Ka-50 dispose d'un canon 2A42 de 30 mm monté sur la droite (provenant du BMP-2 et alimenté par 460 obus), et de 6 points d'emport sous voilure supportant 2300 kg de charge. Le canon est pratiquement fixe, le débattement en élévation et azimuth est faible. Cela améliorerait la précision. Il emporte par exemple 12 missiles anti-chars AT-16 Vikhr, dont la portée maximale est de 8 km. Le guidage laser permet d'éviter le brouillage. Il peut aussi emporter 2 paniers de roquettes S-8 (20 roquettes de 80 mm par panier) ou S-13. Si elles ne sont pas guidées dans la pratique, elles peuvent l'être avec le système Ugroza moyennant modification. Il peut de même emporter des missiles air-air IGLA-V (Needle-C). Son armement est nettement supérieur à celui de n'importe quel hélicoptère de même catégorie.

Le V-80 (Bort 010) sortit d'usine en juin 1982 et effectua son premier vol stationnaire le 17, aux mains de Nikolay Bezdetnov. Le véritable vol inaugural eut lieu le 23 juillet. Ce prototype fut détruit dans un accident le 3 avril 1985. Le deuxième prototype, doté de turbines TV3-117VMA, vola le 16 août 1983. Un troisième V-80 fut construit et vola en 1986. Dès 1984, l'Ouest eut vent de cet appareil et le désigna "Hokum". Les tests étatiques entre 1985 et août 1986 montrèrent la justesse, à priori, du concept monoplace. La charge de travail était similaire à celle d'un pilote de chasseur-bombardier, grâce à une avionique adaptée. Celle-ci dispose notamment du GLONASS, l'équivalent russe du GPS.



Deux appareils de présérie V-80Sh-1 (pour Shturmovik), furent construits à Arsenyev : 014 et 015. Le 14 décembre 1987, fut décidé la production de 3 appareils supplémentaires en conseil des ministres, pour le développement. Une photographie fut dévoilée en 1989. L'appareil fut présenté comme étant le Ka-50 lors d'une conférence en Grande-Bretagne, en mars 1992. Des lignes pour un second poste de pilotage étaient peints à l'arrière du cokpit, mais ne trompèrent personne.

Il fut dévoilé au public en août 1992, lors du salon de Zhukovsky, puis à Farnborough la même année. Le 020, le 2e appareil produit après la commande de 1987, était nommé "Werewolf" à cause de l'emblème peint. Le 021, peint en noir, participa au tournage du film "requin noir", surnom qui resta associé au Ka-50. Ce surnom est désormais attribué à la version export depuis 1996, à la place de Werewolf. L'OTAN nomme la version KA-50 "Hokum-A". En tout, 8 prototypes ou appareils de présérie furent construits.

Les tests étatiques durèrent entre la mi-1991 et août 1993. 2 premiers appareils furent livrés en novembre 1993 à Torzhok. En 1994, il était définitivement déclaré vainqueur face au Mi-28. Il fut déclaré opérationnel le 28 août 1995. 2 autres furent livrés en 1996. Un appareil fut perdu le 17 juin 1998. La chute drastique des budgets militaires depuis la chute de l'URSS fit que la première commande de 15 exemplaires fut annulée en 1998 et reportée à 2003. En définitive, il fut décidé en 2006 que le Ka-50 serait destiné aux forces spéciales, alors que le Mi-28, initialement rejeté, deviendrait le fer de lance principal de l'Armée Russe.

La production reprit alors en 2006 et 3 appareils, assemblés à partir de composants datant des années 1990, furent livrés en 2009. Actuellement, 8 Ka-50 (sur 100 prévus) et 20 Ka-52 sont en service au sein des forces aériennes russes. La version Ka-50 ne serait d'ailleurs plus en production.

Le Ka-50 fut déployé pour la première fois au combat lors de la guerre en Tchétchénie, en décembre 2000. 2 Ka-50 furent engagés, avec un Ka-29 pour la désignation de cibles. Le 6 janvier 2001 est la date du 1er combat réel. Il y démontra la justesse de conception de l'appareil, combattant avec succès dans des conditions difficiles (8 cibles furent traitées en une mission, et une trentaine durant les opérations). Il montra de grandes capacités de survivabilité, et d'emploi au-dessus de 5000 m, soit nettement plus que le Mi-24. Ils sont revenus à Torzhok en mars 2001. Le Ka-50 a depuis participé à plusieurs exercices, mais il n'est pas certain qu'il ait été de nouveau engagé au combat.



Le Ka-50 fut proposé à l'Inde dans le cadre d'un appel d'offres de mai 2008, visant à acquérir 22 hélicoptères de combat. Cet appel d'offres fut annulé, puis relancé sous de nouvelles conditions en juin 2009 : ce sont 125 hélicoptères pour la force aérienne et 259 pour l'armée indienne qui sont concernés. Le Ka-52 est maintenant proposé, de même que le Mi-28.

Le Ka-50 et le Ka-50N furent tous deux évalués par l'armée sud-coréenne, sans succès. L'appareil intéresse également le Vénézuela.

Le Ka-50 est très certainement un des meilleurs hélicoptères d'attaque actuellement disponible sur le marché, notamment en terme d'armement, de rusticité, de performances et d'électronique. Il bénéficie de l'expérience de Kamov dans le domaine des rotors coaxiaux. Mais sa configuration, soit monoplace soit biplace côte-à-côte, surprend les Occidentaux ainsi que les clients potentiels. Son échec à l'exportation tient autant à ça qu'à la longue histoire mouvementée de l'appareil lors de la chute de l'Union Soviétique.


Texte de Clansman, avec son aimable autorisation

Pays utilisateurs

Versions

Longueur Envergure Hauteur Longueur du fuselage Diamètre du rotor principal Surface du rotor Masse à vide Masse normale au décollage Masse maxi au décollage Facteur de charge maximal Vitesse maximale HA Vitesse ascensionnelle Plafond opérationnel Plafond avec effet de sol Vitesse critique (VNE) Distance de convoyage Vitesse de croisière Rayon d'action Distance franchissable Vitesse maximum Nombre de points d'emport Charge utile Équipage
Kamov Ka-50 Black Shark (OTAN : Hokum-A)16 m (52 ft)4,93 m (16,175 ft)14,5 m (47,572 ft)330,3 m² (3 555,32 sq. ft)7 700 kg (16 976 lbs)10 800 kg (23 810 lbs)3,5 G315 km/h (196 mph, 170 kts)10 m/s (33 ft/s)5 500 m (18 045 ft)350 km/h (217 mph, 189 kts)1 160 km (721 mi, 626 nm)270 km/h (168 mph, 146 kts)545 km (339 mi, 294 nm)6 2 300 kg (5 071 lbs)1
Kamov Ka-52 Alligator (OTAN : Hokum-B)15,862 m (52,041 ft)7,835 m (25,705 ft)5,01 m (16,437 ft)13,87 m (45,505 ft)14,5 m (47,572 ft)7 800 kg (17 196 lbs)10 400 kg (22 928 lbs)10 800 kg (23 810 lbs)12 m/s (39 ft/s)5 500 m (18 045 ft)3 900 m (12 795 ft)260 km/h (162 mph, 140 kts)460 km (286 mi, 248 nm)300 km/h (186 mph, 162 kts)2 500 kg (5 512 lbs)

Sur le forum…

  • Bah ! Ce que ce n’est pas si utile que ça ! smiley


    À part ça, j’ai l’impression que les Ka-52 sont davantage actifs ces derniers jours, avec peut-être plus de succès. Je me demande à quel point ça pourrait être dû à un changement de tactique, ou si ce n’était pas seulement des biais sur la visibilité via les réseaux sociaux…
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
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  • Un hélicoptère russe largue ses réservoirs et perd son empennage… avec une petite vidéo de l'appareil. Apparemment, le pilote arrive encore assez bien à le contrôler.
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • Je pense qu'il y a également un problème de doctrine d'emploi derrière ce taux de pertes si élevé. 
    Par contre, le problème du blindage (qui est hallucinant je trouve : les Soviétiques savent faire des appareils blindés, et le Mi-24 en est la preuve) aura du mal à être résolu sans gros changement sur la structure.
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
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  • (mauvaise manip, j'avais envoyé 2 fois le message)
    Pas de soucis : on a tous une reprise un peu difficile après les fêtes…   smiley  smiley
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  • (mauvaise manip, j'avais envoyé 2 fois le message)
      Lien   Revenir ici   Citer modifié par jff le 12 janvier 2023 01:08
  • Il semblerait que les premiers exemplaires de la version modernisée Ka-52M aient été mis en service opérationnel contre l'Ukraine.
    Il y a très peu d'informations sur cette nouvelles version, simplement qu'elle bénéficierait d'une nouvelle avionique, lui permettant notamment de tirer les missiles Izdeliye 305 (+ 14km de portée), d'un radar, et de réservoirs de plus grande capacité. Il a notamment été développé en s'appuyant sur les retours d'expériences des déploiements en Syrie.
    Deux lots de 15 ont été commandés, le premier livrable fin 2022, le second fin 2023. A terme 114 exemplaires devraient rejoindre les VKS (ou une hypothétique aviation de l'Armée de terre russe ?), ainsi que la mise à niveau de Ka-52 sans suffixes.
    Il lui reste à connaitre l'épreuve du feux en Ukraine, en espérant pour les équipages que les principaux défauts du Ka-52 aient été résolus, notamment la quasi absence de blindage.
    D'après Oryx, 31 Ka-52 russes ont été perdu en un peu plus de 10 mois d'opérations (sur une flotte globale de l'ordre de 120 engins ……. 25% de perte …..)
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  • Idem de mon côté, et le concept-même du Ka-52 (à la base pilote seul, censé voler à grande vitesse) limite son rôle comme tueur.
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
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  • Ce qui me surprend est que l'article dit, assez clairement, que le Mi 28 sert d'éclaireur au Ka 52, alors que j'avais toujours pensé l'inverse : l'éclaireur étant le Ka 52, et le Mi 28 plutot utilisé comme tueur.
    Pareil pour moi, le Ka-52 comme éclaireur pour le Mi-28…

    Edit : Sur le site de Rosoboronexport, il est présenté ainsi :
    "Ka-52 Combat Scout Attack Helicopter is designed for destruction of tanks, armored and non-armored vehicles, enemy’s manpower and adversary helicopters in the front line or in tactical depth. The helicopter provides transfer of target reconnaissance, target distribution and target designation data to interacted helicopters and command posts of Ground Forces."
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
      Lien   Revenir ici   Citer modifié par jericho le 4 novembre 2022 23:12
  • Les Ukrainiens semblent avoir une vraie capacité d'action de sabotage en profondeur, donc ça me semble plutôt crédible.
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
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  • Un article (russe mais traduit), sur les différences entre Ka 52 et Mi 28, notamment au niveau de l'emploi.

    https://en.topwar.ru/194165-versus-ka-52-protiv-mi-28n-neozhidannyj-itogovyj-vyvod.html


    Attention, cet article est russe, et date de mars 2022. Donc, comme le dit la sagesse populaire : "à consommer avec modération" … Et la traduction (automatique ?) n'aide pas forcément à comprendre.
    Ce qui me surprend est que l'article dit, assez clairement, que le Mi 28 sert d'éclaireur au Ka 52, alors que j'avais toujours pensé l'inverse : l'éclaireur étant le Ka 52, et le Mi 28 plutot utilisé comme tueur.
    L'article indique également que le canon du Ka 52 peut être pointé de 17° sur la droite, alors que j'avais pensé qu'il était fixe latéralement (mais bien mobile verticalement).

    Sinon, l'article de "Red Samovar" (en français) sur le Ka 52 (2017) https://redsamovar.com/2017/03/08/actu-kamov-ka-52-ka-52k/

    et, du même, des photos des premiers Ka 52 égyptiens : https://redsamovar.com/2017/06/09/actu-nouveautes-egyptiennes/
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