Historique
Les enseignements de la guerre de Corée semblèrent prouver à l'OTAN qu'il y avait un intérêt à disposer d'un chasseur tactique léger. Dans le but d'en procurer un à ses alliés européens et d'harmoniser les productions, l'OTAN organisa le concours
Light Weight Tactical Strike Fighter (LWTSF), ou chasseur léger d'appui tactique.
Le cahier des charges fut établi en décembre 1953 : l'appareil doit être un monoplace de construction simple et d'entretien facile, dont la masse à vide ne doit excéder 5000 livres (2267 kg), être destiné prioritairement à l'attaque au sol de jour et à moins de 1500 m d'altitude, avoir une vitesse maximale de Mach 0,95, et pouvoir décoller d'une piste en herbe en bien moins de 900 m. Le réacteur, choisi un peu plus tard, doit être un Bristol-Siddeley Orpheus 3 de 2200 kgp. 3 appareils furent sélectionnés : le Bréguet Br-1001 Taon, l'Etendard VI et le
Fiat G.91.
Celui-ci est le premier à voler, le 9 août 1956 aux mains de Riccardo Bergamini. Conçu par Giuseppe Gabrielli, celui-ci se présente comme un appareil dérivé du F-86D, d'ailleurs produit sous licence par Fiat. La conception s'en est donc trouvée simplifiée. 3 prototypes et 27 avions de présérie furent commandés par l'Italie, conformément au cahier des charges du concours. L'appareil franchira Mach 1 en piqué le 21 février 1957.
Le premier prototype est détruit dans un accident le 26 juillet 1957, mais le 3e prototype participa au concours au CEV de Brétigny-sur-Orge et effectua 23 vols de démonstration, moins que ses concurrents. Il remporta cependant le concours le 12 novembre. Cette décision fut très controversée, particulièrement en France, mais le G-91 avait pour lui l'avantage de la simplicité, et d'une mise au point relativement aboutie.
L'appareil entra en service en août 1958 au sein du 103e Gruppo. Hélas, il n'aura pas le succès escompté : la France refusera la version
G.91R-2 qui lui est proposée, de même que la Norvège à qui on proposait une version
G.91R-5. La Grèce et la Turquie annuleront leurs commandes qui portaient au total sur 50
G.91R-4, pourtant déjà produits. L'Autriche, la Suisse et même les Etats-Unis évalueront l'appareil, sans donner suite. La Grande-Bretagne lui préféra le Hunter. Au final, seuls l'Italie et surtout l'Allemagne, qui le produisit également sous licence, utiliseront l'appareil dans un premier temps.
L'Italie reçut au moins 174 appareils qu'elle conservera jusqu'en 1995. Elle utilisa les versions
G.91R-1 (23 exemplaires) de reconnaissance photographique et
G.91T-1, des biplaces d'entraînement dont le prototype avait volé le 31 mai 1960. Le
G.91R-1A (25 exemplaires) avait une avionique améliorée et le
G.91R-1B (50 exemplaires) une structure renforcée. Ils servirent également au sein des
Frecce Tricolori de 1963 à 1982 dans une version spéciale, le
G.91PAN. Ces derniers étaient à l'origine des appareils de présérie convertis.
L'Allemagne a utilisé au moins 438 appareils, dont les 50 G.91R-4 destinés à l'origine à la Grèce et à la Turquie. 294
G.91R-3 et 22
G.91T-3 furent construits sous licence par
Flugzeug-Union Süd, un consortium formé par Messerschmitt, Heinkel, et Dornier, jusqu'en 1972. Elle utilisa 344 G.91R-3, armé de canons DEFA de 30 mm, et 66 G.91T-3. Les Allemands retirèrent les leurs en 1982.
Le Portugal, engagé dans les guerres d'indépendance de l'Angola, de la Guinée-Bissau et du Mozambique, se vit proposer 40 G.91R-4 ex-allemands. Ils furent livrés en 1966 et équipèrent l'
Esquadra 121 Tigres basée à Bissau. 5 appareils furent perdus en Guinée-Bissau et 1 au Mozambique. Huit G.91R-4 de l'
Esquadra 702 furent brièvement déployés en Angola au moment de la révolution des œillets, et y restèrent jusqu'en 1975, date à laquelle une partie fut évacuée. L'Angola aurait récupéré 4 G.91R-4 non-évacués et intégrés au sein de l'
Esquadra 11. A partir de 1976, le Portugal reçut 70 G.91R-3 et 26 G.91T-3 ex-allemands, dont la plupart servirent de réserves de pièces détachées. Le Gina fut retiré du service en 1993.
Le
G.91Y était une version biréacteur, propulsée par deux General Electric J85-GE-13A et nettement plus performante. 2 prototypes furent construits, dont le premier effectua son vol inaugural le 27 décembre 1966. Ils furent suivis par 20 appareils de présérie, entrés en service en 1970, et 45 exemplaires de série entrés en service en 1973. Seule l'Italie l'utilisa. Une version biplace, le
G.91YT, fut construite, et un exemplaire
G.91YS fut construit pour la Suisse.
Au final, le Gina fut un appareil moyen, pas tellement apprécié de ses pilotes (notamment allemands) à cause de ses performances modestes. Cependant, il eut une longue carrière de près de 40 ans en Italie.
Texte de Clansman.
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