Historique
En 1954, le prototype Boeing model 367, nommé "Dash 80", prit l'air pour la première fois. Il allait donner naissance au fameux Boeing 707. Mais il allait aussi donner naissance à une autre lignée : celle du KC-135. L'appareil lui-même bénéficiait de l'expérience acquise avec le B-52.
De son côté, le SAC lança la même année un concours destiné à lui procurer un avion de ravitaillement en vol à réaction, plus adapté à ses nouveaux bombardiers. Le Lockheed L-193 avait été déclaré vainqueur en 1955, mais le KC-135 étant déjà prêt, 250 exemplaires en furent commandés. Le 707 ayant par ailleurs une belle carrière commerciale, le L-193 n'eut pas de suite.
Le KC-135 reste plus proche du prototype que le Boeing 707 : il n'a pas été allongé de 5 m et élargi de 10 cm, et ne dispose pas d'hublots. Il est donc différent et n'est pas une simple version militarisée. Il portait à l'origine la désignation interne de Boeing 717, qui fut d'ailleurs réutilisée pour un autre appareil.
Son fuselage est légèrement bilobé et contient 15 réservoirs, contenant 91 tonnes de carburant. Le débit de ravitaillement varie entre 700 et 1000 litres/minute et dépend du type d'avion ravitaillé. Il peut aussi emporter 38 tonnes de fret.
Il effectua son vol inaugural le 31 août 1956. L'USAF reçut 732 KC-135 entre le 28 juin 1957 et 1965, qui remplacèrent en particulier le KC-97. Le premier exemplaire fut livré à Castle AFB, en Californie.
Des KC-135 furent convertis pour d'autres missions. Outre les RC-135 et EC-135, des KC-135A et E furent convertis en NKC-135A/E destinés aux essais en vol et utilisés par la NASA, le KC-135B était la première désignation des EC-135C. Le KC-135D était la désignation des 4 RC-135A reconvertis en ravitailleurs, qui se caractérisait par la présence d'un mécanicien. Ils furent portés au standard KC-135E dans les années 1990. Des KC-135A furent également utilisés par la NASA pour des vols à 0 G. L'un d'eux fut utilisé de 1973 à 1995.
56 KC-135A furent modifiés en KC-135Q, spécialisés dans le ravitaillement des SR-71. Ceux-ci ont en effet besoin d'un carburant spécial, le JP-7, qui est alors contenu dans les réservoirs du fuselage quand les réservoirs des ailes contiennent du JP-4 ou 8.
Dans les années 1980, il apparut nécessaire de remotoriser les KC-135, le J57-P-59W étant trop bruyant et trop polluant. 161 KC-135A appartenant à l'ANG reçurent à la place des TF33-PW-102. Désignés KC-135E, ils étaient plus économiques de 14%, mais n'emportaient que 86 tonnes de carburant. Il fut envisagé de les remotoriser avec des CFM56 et donc de les porter au standard KC-135R, mais l'opération était trop chère. Ils furent retirés du service en 2009.
Plus de 361 KC-135A furent portés au standard KC-135R (pour Re-engined), en étant rééquipés de F108 (la désignation militaire du CFM56). 54 KC-135Q furent remotorisés et désignés KC-135T. La consommation est réduite de 27%, le niveau sonore de 98%, la poussée augmentée de 100% et la distance franchissable de 60%.
Ils reçurent également des paniers Flight Refueling Limited (FRL) MK.32B, qui leur permettent de ravitailler des appareils utilisant des perches hose & drogue. Ces appareils, au nombre de 8, sont désignés KC-135R(RT) et servent au sein du 22d Air Refueling Wing, en particulier pour des opérations spéciales.
Pendant 13 ans, et jusqu'en 1988, 746 appareils reçurent un nouveau revêtement d'intrados, en alliage d'aluminium sur 139 m².
Les appareils ont également vu leur avionique remise à jour avec un système de navigation par GPS et un nouveau radar. Cette modernisation, appelée Pacer-CRAG (Compass, Radar And GPS) se déroula entre 1999 et 2002. Actuellement, ils sont au standard Block 40.4, qui leur permet de connaître le trafic environnant grâce aux satellites.
En 2006, l'USAF disposait de 415 KC-135R, qui volaient 710 h par an, et de 133 KC-135E, volant 350 heures par an. Bien qu'un problème de corrosion apparaisse, le vieillissement semble contrôlé. Ils pourraient donc rester en service jusqu'en 2040, en attendant leur remplacement par le KC-46A.
La France acheta 12 appareils, désignés C-135F. Son but était clairement de disposer d'un ravitailleur pour ses Mirage IV, et de participer à la dissuasion. Ce fut un achat stratégique qui d'ailleurs, à l'époque, n'allait pas de soi. Ce furent les derniers KC-135 construits par Boeing, selon des spécifications françaises : capacité de 102 passagers ou 40 blessés en configuration Evasan, plancher renforcé, système hose & drogue.
Le premier d'entre eux entra en service en février 1964, et l'un fut perdu en 1972, au décollage de l'atoll d'Hao. Les 11 autres furent remotorisés en 1986 avec des CFM56, et furent désignés C-135FR. Depuis 1995 et l'arrivée des E-3, ils disposent également d'une nacelle en bout de chaque aile. La France a également acheté 3 KC-135R d'occasion aux Etats-Unis en 1997, qui peuvent être rééquipés du système à perche rigide (nozzle) en une heure et demie. Ils sont actuellement déployés par le 02.091 Bretagne.
Initialement destiné au SAC, les KC-135 restaient en alerte et n'auraient décollé que pour ravitailler les B-52 dans le cas où ceux-ci frapperaient l'URSS. Mais ils ont beaucoup servi pendant la guerre du Vietnam, lors de l'opération Desert Storm, ainsi que dans toutes les opérations dans lesquelles les forces américains ont été ou sont engagées. L'USAF dispose aujourd'hui de 415 KC-135, dont 171 au sein de l'ANG. On a relevé au moins 5 accidents impliquants des appareils américains.
Outre la France, on trouve également des KC-135 au Chili (1 KC-135E livré en février 2010), à Singapour (4 KC-135R), en Turquie (7 KC-135R).
Pays utilisateurs