Historique
En 1979, l'armée chinoise s'interrogea sur le meilleur moyen de contrer de vastes formations de chars. Sa conclusion fut qu'il fallait recourir à des hélicoptères d'attaque. C'est ainsi qu'elle se procura 8 Gazelle HOT pour évaluation. Vers 1985, la Chine estima que des hélicoptères spécialisés étaient nécessaires, mais que ce soit l'A129, l'AH-1, le Mi-24, le Mi-28 ou le Ka-50, toute tentative d'importation échoua, notamment à cause des événements à Tiananmen.
Des simulations montrèrent d'une part qu'il fallait une branche aérienne à l'armée de terre, qui fut formée à cette occasion avec 9 Z-9, d'autre part que le missile TOW (qui fut envisagé avec l'achat d'AH-1) était insuffisant et qu'il fallait un équivalent du Hellfire. Le futur hélicoptère allait être construit autour de ce futur missile.
La guerre du Golfe en 1991 démontra la nécessité d'un hélicoptère dédié à l'attaque, à une époque où l'armée chinoise ne disposait que d'hélicoptères utilitaires comme le Z-9 ou le Z-11. Une fois le Z-10 en service, ces appareils pourraient servir d'éclaireurs. Le Z-10 quand à lui, devait également pouvoir se défendre contre d'autres hélicoptères voire des avions.
C'est en 1994 que fut réellement lancé le programme, conduit par les instituts 602 et 608. Ce programme concernait un hélicoptère de moyen tonnage, de la classe des 6 tonnes. Comme il était prétendument civil, la Chine put obtenir l'aide de consultants occidentaux pour certains éléments, comme Eurocopter pour l'installation du rotor, Pratt & Whittney pour les moteurs et AgustaWestland pour les transmissions. En 1995, Kamov concevait le Projet 941, qui forma la base du Z-10.
En 1998, l'institut 602 proposa de séparer le projet d'hélicoptère moyen de celui d'hélicoptère d'attaque. En conséquence, le projet d'hélicoptère moyen continua, mais avec une faible priorité, tandis que pratiquement toutes les ressources furent allouées au projet d'hélicoptère d'attaque. C'est à ce moment-là que l'institut 602 proposa de le désigner WZ-10 (Wu Zhi). Le projet était alors très secret, encore plus que le J-10.
L'institut 602 devint maître d'œuvre du programme avec Wu Ximing comme ingénieur en chef. Harbin fut affecté à la construction, mais argua d'une charge de travail élevée et fut remplacée par Changhe en 2000. En 1999, un Z-8 et un Z-9 furent assignés pour servir de bancs d'essais volants de certains systèmes, tels que les contrôles de tir, les manettes HOTAS ou les systèmes de navigation. l'Afrique du Sud apporta une aide limitée basée sur son AH-2 Rooivalk, aide qui cessa d'ailleurs en 2001.
Le prototype du Z-10 effectua son vol inaugural le 29 avril 2003 à Lumeng. 6 prototypes furent construits, les essais en vol se terminant le 15 décembre 2004. Du moins officiellement, car certaines sources dont le Jane's estiment que les premiers essais ont été terminés en mars 2003, avant le premier vol officiel…
Le Z-10 est construit en matériaux composites, ce qui a d'ailleurs obligé la Chine à fournir un effort particulier pour rattraper son retard sur les pays occidentaux. Concernant l'avionique, la Chine s'est inspirée en grande partie des normes occidentales. Le bus de données GJV289A est par exemple équivalent au MIL-STD-1553B. Cela signifie concrètement qu'il est possible d'adapter le Z-10 à des armes occidentales. Le cockpit dispose de 2 configurations, l'un à 3 écrans multifonctions et l'autre à 2 seulement, mais plus grands. Le Z-10 est le tout premier hélicoptère de conception chinoise à disposer d'une manette HOTAS.
Pour la navigation, il dispose d'un gyroscope laser (qui sera remplacé à terme par un gyroscope à fibres optiques) et d'un altimètre radar. Le système de navigation inertielle est censé permettre de choisir n'importe quel système de navigation par satellite, GPS, GLONASS, et à terme Galileo et Beidou. Le radar des premiers Z-10 n'a que des capacités de navigation et météorologique, mais les suivants disposent de capacités cartographique et de suivi de terrain. Il doit recevoir à terme un radar à Extrêmement Haute Fréquence. L'IFF est censé être résistant au brouillage intense.
Le système de guerre électronique YH-96 dispose d'un détecteur d'alerte radar et laser, de support électronique et de contre-mesures électroniques. le Z-10 dispose d'un brouillage infrarouge. Il peut emporter diverses nacelles : Blue Sky pour la navigation, BM/KG300G pour le brouillage défensif, ou KZ900 pour la reconnaissance.
Le Z-10 emporte 4 types différents de capteurs électro-optiques, et les pilotes disposent de viseurs de casques et de jumelles de vision de nuit. De façon générale, la rumeur veut que le hardware soit inspiré des technologies françaises et israéliennes tandis que le software soit développé en Chine.
Les 2 membres d'équipage sont placés en tandem, le pilote devant et le canonnier derrière. Le Z-10 est propulsé par 2 turbines WZ-9 de 1000 kW. Des 5 moteurs testés sur le Z-10, c'est le moins puissant mais offre l'avantage d'être de conception entièrement chinoise. Le WZ16, de 1500 kW, est actuellement développé avec Turbomeca. Avec un tel moteur, sa charge utile pourrait passer de 8 à 16 missiles HJ-10.
Le rotor principal Type 95KT à 5 pales, construit en matériaux composites, a été conçu par Li Meng. C'était l'une des 10 technologies critiques pour le Z-10, notamment à cause de sa tête Spheriflex. Il sera également installé sur le Z-15, la version chinoise de l'EC175. Le Z-10 devait à l'origine adopter un fenestron à la manière du Z-9, mais celui-ci (trop complexe à construire et à maintenir, et nécessitant plus de puissance) fut abandonné en faveur d'un rotor de queue à 4 pales à la manière de l'AH-64.
De part sa conception modulaire, le Z-10 peut emporter une grande variété d'armements : d'abord chinois, mais aussi d'origine russe ou occidentale. 3 modèles différents de canons automatiques peuvent être emportés sur le Z-10 : un canon de 23 mm avec un secteur de 130°, une copie chinoise du M242 Bushmaster de 25 mm (présentée comme la plus efficace, mais aussi la plus complexe et donc la moins fiable) et une variante chinoise du canon russe 2A72 de 30 mm, le plus fiable de tous.
Chaque aile dispose de 2 points d'emport, permettant chacun l'emport de 4 missiles : ce qui représente un total de 16 missiles en théorie (8 en pratique à cause du manque de puissance des moteurs). Il emporte des missiles air-sol HJ-8, HJ-9 et 9A, HJ-10 (ce dernier similaire au Hellfire), jusqu'à 4 missiles air-air TY-90 ou des MANPADS FN-6 ou QW-1 Vanguard, voire 2 missiles PL-9 ou AIM-9. Il peut également emporter des roquettes, généralement 4 paniers de roquettes d'un calibre entre 57 et 90 mm. Mais les tests ont été effectués avec des roquettes allant de 20 à 130 mm.
Z-10 semble être la désignation militaire chinoise et WZ-10 la désignation export. Le Z-10 a reçu un surnom issu du classique de la littérature chinoise Au bord de l'eau. Il a été surnommé "Fierce Thunderbolt" en référence au personnage Qin Ming. Le Z-10 est entré en service en décembre 2010 dans l'armée de terre chinoise, bien qu'il appartienne en réalité à la force aérienne chinoise. 60 exemplaires sont actuellement en service, d'autres sont en commande. Au moins un accident est connu : le 4 mars 2014, un Z-10 s'est écrasé dans la province du Shaanxi, blessant ses 2 membres d'équipages.
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