Un nouveau transfert de fiches, cette fois c'est le Flanker premier du nom.
D9, prépare ton Gordon.
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Dans les années 1970, l’Union Soviétique prit conscience que son avance technologique, ou du moins le statu-quo entre ses appareils et la production occidentale étaient en train de prendre fin. L’arrivée du Tueur de Foxbat, le F-15, était une manifestation tangible de cette menace croissante, et les Soviétiques, à leur grand dépit, n’avaient alors rien pour s’y opposer efficacement. L’effort soviétique pour rattraper ce retard fut intense, et contribua certainement à couler l’Union Soviétique, mais il donna naissance à des appareils très sophistiqués et à même de contrer leurs homologues occidentaux. Parmi eux se trouvait le Sukhoï Su-27, baptisé par l’OTAN Su-27 Flanker.
Le développement du nouvel appareil prit énormément de temps. Il fallut d’abord diviser le programme, un pan donnant naissance à un petit chasseur tactique, le futur MiG-29 Fulcrum, et l’autre à un appareil à grand rayon d’action, lourdement armé mais en même temps très agile. Autant dire une combinaison de talents très dure à mettre en oeuvre sur le même appareil. D’ailleurs, les premiers essais furent désastreux. Le T-10, repéré par les satellites-espions des Etats-Unis sur les pistes du centre d’essais de Ramenskoié, près de Moscou, et baptisé Ram-K (le Ram-L étant le prototype du MiG-29), ne fut pas un bon appareil. Doté d’une voilure delta et de deux moteurs, le T-10 causa de très sérieuses difficultés aux ingénieurs soviétiques, avant de s’écraser un an tout juste après son premier vol, en mai 1978. Le T-10S, une version sérieusement améliorée du T-10, s’écrasa aussi en 1981, mais s’avéra beaucoup plus prometteuse. Finalement, la production en série du Su-27 débuta en décembre 1984, les Flanker produits devant alors remplacer les vieux intercepteurs Tupolev Tu-128 et Sukhoï Su-15, notamment dans les bases de la péninsule de Kola, protégeant la Flotte du Nord.
D’apparence, le Su-27 ressemble à un MiG-29, mais en bien plus imposant. Sa structure incorpore un grand pourcentage de métaux rares, comme le titane, plus légers que les alliages traditionnels, mais pas de matériaux composites. La voilure du Flanker ressemble à une voilure delta, mais n’en est pas totalement une. Tout comme le MiG-29, le Su-27 est bidérive et bimoteur. La motorisation de l’appareil est assurée par deux turbofans Llyulka AL-31F qui permettent au Flanker des performances étonnantes. Le rapport poussée/poids est ainsi supérieur à 1. Il a parfois été dit que le Su-27 était aussi endurant qu’un Mirage IV, aussi armé qu’un F-15 et aussi maniable qu’un F-16. Sur ce dernier point, il est indéniable que le Su-27, premier chasseur soviétique doté de commandes de vol électriques, est un appareil extrêmement agile, très apprécié lors des meetings, notamment pour sa figure dite du Cobra qui voit le Flanker se cabrer brutalement vers l’arrière. Outre son agilité, le Flanker peut compter sur un armement redoutable, les premiers appareils étant dotés de 10 points d’emport, chacun pouvant porter un missile air-air R-27 (AA-10 Alamo) ou R-73 (AA-11 Archer), associés à un viseur de casque, ou des charges air-sol. Malgré cela, les capacités air-air des premiers Su-27 restèrent limitées, les Su-27S ne pouvant par exemple engager que deux cibles à la fois, les Su-27P ne pouvant en engager qu’une seule. Le radar du nouveau chasseur posa de très gros problèmes de développement, mais les efforts soviétiques aboutirent à équiper le Flanker d’un radar Tikhomirov N001 de 100 kilomètres de portée et d’une optronique frontale de détection et de poursuite passive sur la partie supérieure du nez, ainsi que d’un système complet d’autoprotection (brouilleur Pallad, détecteur d’alerte radar SPO-15 Beryoza, lance-leurres). En revanche, les Soviétiques n’accordèrent pas d’importance à la furtivité du Flanker, sa grande taille et ses deux énormes entrées d’air n’ayant de toute façon pas facilité la tâche des ingénieurs.
Intercepteur, le Sukhoï Su-27 fut avant tout produit pour les besoins seuls de l’Union Soviétique, et celle-ci n’en exporta pas avant sa chute. Après 1991, une partie des 700 appareils (environ) produits échurent aux anciennes républiques soviétiques : le Bélarus disposerait à l’heure actuelle d’une petite vingtaine d’appareils sur les 23 hérités et l’Ouzbékistan de 31 appareils (dont 6 Su-27UB). Le Kazahkstan se fit livrer 30 appareils entre 1995 et 1997 contre la location du complexe spatial de Baïkonour. La dotation de l’Ukraine est sujette à caution, mais on parle de 74 appareils. La Russie quant à elle alignerait environ 400 Su-27, toutes versions confondues (dont 24 Su-33 Flanker, ex-Su-27K navalisés). Après 1991, les Flanker devinrent un produit très recherché à l’étranger, et plusieurs dizaines d’appareils furent alors vendus, notamment à partir des stocks russes. L’Ethiopie fit l’acquisition d’une petite dizaine d’appareils, l’Erythrée en aurait reçu 6 (ou 8) en 2003, l’Angola 8 (on parle également de 8 autres appareils). Les appareils éthiopiens et érythréens ont été engagés au combat, sans qu’on en sache beaucoup, bien qu’il semble que les Su-27 éthiopiens soient le plus souvent sortis victorieux de ces combats. Mais le plus gros marché du Flanker reste l’Asie. La Chine négocia en 1998 une licence de production pour 200 exemplaires après avoir acquis 76 appareils. Il semble qu’elle cherche désormais, ce qui va contre son contrat avec la Russie, à développer ses propres versions de son J-11 (dénomination chinoise du Flanker). Le Vietnam et l’Indonésie ont également acheté quelques appareils de type Su-27SK.
Mais le Flanker n’a réellement pris son essor qu’avec le Su-30, que l’on abordera ailleurs.
Versions principales : -
T-10 (
Flanker-A) : le tout premier prototype, reperé par les Etats-Unis
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Su-27P (
Flanker-B) : version de base, presque uniquement tournée vers les missions air-air
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Su-27S (
Flanker-C) : version modernisée, capable de missions air-sol
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Su-27SK/UBK : versions destinées à l’exportation ; le J-11 chinois est un Su-27SK
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Su-27SM et
Su-27UBM : versions modernisées des Su-27S et UB, plus lourds, avec un armement plus polyvalent et un nouveau cockpit ; la Russie prévoit la modernisation de 48 de ces appareils au standard Su-27SM
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Caractéristiques :Type: Supériorité aérienne et attaque
1er vol du prototype: 20 mai 1977
Mise en service: 1984
Version : Su-27 Flanker
Motorisation : 2 Saturn/Lyulka AL-31F
Puissance : 2x 7600 kgp en sec, 2x 12500 kgp en PC
Envergure : 14,70 m
Longueur du fuselage : 21,93 m
Hauteur au sol : 5,93 m
Surface alaire : 46,50 m²
Masse à vide : 14 800 kg
Masse maximale : 30 000 kg
Plafond pratique : 18 000 m
Distance franchissable : 3 700 km
Rayon d'action : 1 500 km
Vitesse maximale : Mach 2.35
Equipage : 1 pilote
Pays utilisateurs : Angola, Biélorussie, Erythrée, Ethiopie, Indonésie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Russie, Ukraine, Ex-URSS, Vietnam.
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Sources : Le grand classique. Ün peu d'Encyclopédie des Armes Atlas, les fiches Wikipedia, la fiche du site red-stars.org, avionslégendaires.org aussi. Des numéros d'Air et Cosmos également, notamment le supplément Avions de combat 2003.