Hanriot HD.1

Rappels

  • Catégorie : Avion de combat
  • Constructeur : Hanriot drapeau du pays
  • Premier vol : juin 1916
  • Production : 1 126 appareils construits (cellules neuves)
Hanriot HD.1

Historique

La Première Guerre Mondiale vit pour la première fois de toute l'histoire des milliers d'appareils de combat s'affronter dans les cieux. La recherche de renseignements, puis la nécessité de conquérir la supériorité aérienne et enfin de frapper l'ennemi sur le front et sur ses arrières soumirent le jeune secteur aéronautique européen à de fortes contraintes, tout en lui offrant de fantastiques possibilités de croissance et d'innovation technologique. A ce jeu dangereux (et mortel pour les aviateurs et les soldats) mais fort lucratif, certains s'en tirèrent mieux que d'autres.

La France faisait alors partie des pays en pointe dans ce domaine. Les constructeurs Blériot, Caudron, Morane-Saulnier, Nieuport ou encore Voisin équipaient les forces aériennes françaises, mais aussi de nombreux pays alliés. Ceux-ci achetaient volontiers des matériels français, et la France procédait parfois de la même manière. En plus des avions, des licences de production étaient aussi parfois vendues, permettant d'accroître les capacités de production, et de satisfaire des besoins toujours croissants.

Au début de l'année 1916, la société française Hanriot était un acteur secondaire de l'aéronautique militaire française. Elle était surtout connue pour produire sous licence au profit de la France des modèles britanniques Sopwith, dont Sopwith 1 1/2 Strutter. Cependant, les ingénieurs de Hanriot ne désespéraient pas de pouvoir proposer un modèle propre à leur entreprise. C'est ainsi que sous la direction de Pierre Dupont fut lancée la conception d'un chasseur biplan destiné à l'armée française.

Dupont et ses collègues semblent s'être partiellement inspirés du Strutter britannique, tout en développant un design original. Leurs travaux aboutirent à la réalisation d'un prototype à l'été 1916, baptisé HD.1 (HD pour Hanriot-Dupont), dont le premier vol se déroula en juin de la même année. La période était propice à l'apparition du HD.1, la France cherchant au même moment un remplaçant aux Nieuport 11 qui formaient l'épine dorsale de ses unités de chasse, d'autant que les premiers vols de l'appareil révélèrent des qualités très intéressantes. Malheureusement pour Hanriot, le HD.1 n'était pas la seule machine prometteuse à apparaître à cette époque.



Le SPAD VII, qui avait décollé pour la première fois en avril 1916, s'imposa rapidement aux yeux des décideurs politiques et militaires français comme un appareil d'exception, capable de battre en brèche la supériorité des Albatros et Fokker allemands. Son entrée en service en août 1916 se fit au détriment du HD.1, qui fut rejeté par les autorités françaises. Mais Hanriot ne baissa pas les bras et sut trouver des clients hors de France.

Le Hanriot HD.1 était un chasseur légèrement plus petit que nombre de ses contemporains, avec moins de 6 mètres de longueur. Il était construit en bois recouvert de toile, seule la partie avant étant couverte de tôles en alliage léger (Dural). L'empennage était renforcé par des tubes d'acier, sans câbles de contrôle sur les surfaces de la dérive. Le train d'atterrissage était fixe, avec une béquille de queue rudimentaire à l'arrière. La voilure était de forme irrégulière, avec l'aile inférieure plus courte que l'autre. L'aile supérieure était légèrement décalée vers l'avant, incurvée en forme de V et pourvue d'ailerons.

Hanriot choisit un moteur rotatif Le Rhône 9J de 110 ch pour motoriser le HD.1. Jugé trop limité, il fut progressivement remplacé par des séries plus performantes, jusqu'au 9R de 170 ch. La série des 9J entraînait une hélice bipale en bois, le 9Jb permettant d'atteindre la vitesse maximale de 185 km/h. En vitesse de croisière, le pilote pouvait tenir l'air durant 2 heures et demies, ce qui le mettait au niveau de l'Albatros D.I allemand. L'armement était restreint à une unique mitrailleuse Vickers calibre 7,7 mm, approvisionnée à hauteur de 110 cartouches.

Bien qu'évincé par le SPAD VII, jugé trop peu puissant, trop lent et pas assez armé, le Hanriot HD.1 avait été jugé favorablement par les pilotes qui le testèrent. De conception robuste, l'appareil était très agile et résistait bien aux manœuvres les plus serrées en vol. L'emport d'une unique mitrailleuse permettait une bonne vitesse ascensionnelle. Ces qualités finirent par attirer l'attention de militaires étrangers désireux d'acheter de nouveaux appareils. Ce fut le cas de la Belgique et de l'Italie.



La Belgique, dont le territoire métropolitain était en grande partie occupée par l'Allemagne, disposait cependant de forces importantes dans le nord de la France et de sa propre aviation. Mais les aviateurs belges n'avaient pas accès aux avions les plus modernes, captés en priorité par les Britanniques et les Français. Le HD.1, en plus de ses qualités, avait le mérite d'être immédiatement disponible. Une première commande fut passée en juin 1917. Le nombre d'appareils effectivement reçus par les Belges est sujet à caution, entre 79 et 125 exemplaires. Cependant, les exemplaires belges furent admirablement utilisés. L'as belge Willy Coppens obtint ses 37 victoires aux commandes d'un HD.1 peint en bleu (et armé d'une mitrailleuse calibre 11 mm, tirant des balles explosives, très adaptées contre les ballons d'observation), ce qui le fit surnommer le Diable Bleu par les Allemands.

L'Italie fut la principale utilisatrice du HD.1. Après avoir reçu une centaine d'appareils construits par Hanriot, elle négocia une licence de production. En deux années (1917-1919), l'usine Nieuport-Macchi de Varèse en fabriqua entre 800 et 900 exemplaires. Les appareils italiens constituèrent le gros des effectifs de la chasse italienne à la fin de la guerre, leurs pilotes les préférant aux SPAD plus lourds et moins agiles. Plusieurs as italiens utilisèrent des HD.1, dont Silvio Scaroni (19 victoires sur les 25 obtenues par ce pilote) et Flavio Baracchini. Les HD.1 étaient si populaires qu'ils ne furent retirés du service qu'en 1926, à peu près en même temps qu'en Belgique.

Un exemplaire italien tombé en Suisse et remis en état poussa les autorités helvétiques à se procurer 16 appareils italiens en 1919. Quelques exemplaires se retrouvèrent après-guerre en Amérique du Sud, où ils eurent une carrière obscure. L'US Navy se retrouva elle aussi en possession d'au moins 10 HD.1 modifiés, utilisés pour l'entraînement et pour des essais d'embarquement à bord de navires militaires. La marine française fit de même, avec des HD.1 modifiés sous la désignation HD.2, remotorisés (moteur de 130 ch) et convertis en hydravions. Certains de ses HD.2, retransformés avec des trains classiques, servirent à des expérimentations sur le porte-avions Béarn. D'autres variantes moins connues (HD.3, hydravion HD.4, avion de reconnaissance HD.9…) virent le jour, sans grand succès.



La production totale du HD.1 est estimé à environ 1 200 exemplaires.


Texte de Ciders, avec son aimable autorisation.

Anciens pays utilisateurs

Versions

  • Hanriot HD.1 : Version initiale de série.
  • Hanriot HD.1 : Version motorisée par un Le Rhône 9R de 170 ch, 2 mitrailleuses Vickers.
  • Hanriot HD.2 : Version modifiée pour la marine française.
  • Naval Aircraft Factory HD.2 : Version modifiée pour l'US Navy, destinée à l'entraînement. 10 exemplaires.

Sur le forum…

  • Merci pour cette fiche rétro de qualité.
    ¤ Nicolas Sur AMN : Nico2, inscrit le 09 Jan 2006, 16:45>> N'oubliez pas de lire et de relire le Règlement du forum.>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Certaines sources l'avancent. D'autres parlent de HD.1 assemblés aux Etats-Unis, et modifiés ensuite. Difficile à dire, et je n'ai pas trop cherché à approfondir le sujet. IDEM pour les variantes du HD.1.
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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  • Et bien c'est très sympa de ta part. :)

    Juste une chose : il semblerait que les HD.1 utilisés par l'US Navy soient en réalité des HD.2, peut-être issus des HD.2 de la marine française. Tu confirmes ou pas ?
    Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Un oiseau méconnu. Je l'ai redécouvert récemment, et par hasard. ;)
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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  • La fiche sur le site

    Très belle fiche, merci et bravo ! :D
    Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Historique :

    La Première Guerre Mondiale vit pour la première fois de toute l'histoire des milliers d'appareils de combat s'affronter dans les cieux. La recherche de renseignements, puis la nécessité de conquérir la supériorité aérienne et enfin de frapper l'ennemi sur le front et sur ses arrières soumirent le jeune secteur aéronautique européen à de fortes contraintes, tout en lui offrant de fantastiques possibilités de croissance et d'innovation technologique. A ce jeu dangereux (et mortel pour les aviateurs et les soldats) mais fort lucratif, certains s'en tirèrent mieux que d'autres.

    La France faisait alors partie des pays en pointe dans ce domaine. Les constructeurs Blériot, Caudron, Morane-Saulnier, Nieuport ou encore Voisin équipaient les forces aériennes françaises, mais aussi de nombreux pays alliés. Ceux-ci achetaient volontiers des matériels français, et la France procédait parfois de la même manière. En plus des avions, des licences de production étaient aussi parfois vendues, permettant d'accroître les capacités de production, et de satisfaire des besoins toujours croissants.

    Au début de l'année 1916, la société française Hanriot était un acteur secondaire de l'aéronautique militaire française. Elle était surtout connue pour produire sous licence au profit de la France des modèles britanniques Sopwith, dont Sopwith 1 1/2 Strutter. Cependant, les ingénieurs de Hanriot ne désespéraient pas de pouvoir proposer un modèle propre à leur entreprise. C'est ainsi que sous la direction de Pierre Dupont fut lancée la conception d'un chasseur biplan destiné à l'armée française.

    Dupont et ses collègues semblent s'être partiellement inspirés du Strutter britannique, tout en développant un design original. Leurs travaux aboutirent à la réalisation d'un prototype à l'été 1916, baptisé HD.1 (HD pour Hanriot-Dupont), dont le premier vol se déroula en juin de la même année. La période était propice à l'apparition du HD.1, la France cherchant au même moment un remplaçant aux Nieuport 11 qui formaient l'épine dorsale de ses unités de chasse, d'autant que les premiers vols de l'appareil révélèrent des qualités très intéressantes. Malheureusement pour Hanriot, le HD.1 n'était pas la seule machine prometteuse à apparaître à cette époque.

    Le SPAD VII, qui avait décollé pour la première fois en avril 1916, s'imposa rapidement aux yeux des décideurs politiques et militaires français comme un appareil d'exception, capable de battre en brèche la supériorité des Albatros et Fokker allemands. Son entrée en service en août 1916 se fit au détriment du HD.1, qui fut rejeté par les autorités françaises. Mais Hanriot ne baissa pas les bras et sut trouver des clients hors de France.

    Le Hanriot HD.1 était un chasseur légèrement plus petit que nombre de ses contemporains, avec moins de 6 mètres de longueur. Il était construit en bois recouvert de toile, seule la partie avant étant couverte de tôles en alliage léger (Dural). L'empennage était renforcé par des tubes d'acier, sans câbles de contrôle sur les surfaces de la dérive. Le train d'atterrissage était fixe, avec une béquille de queue rudimentaire à l'arrière. La voilure était de forme irrégulière, avec l'aile inférieure plus courte que l'autre. L'aile supérieure était légèrement décalée vers l'avant, incurvée en forme de V et pourvue d'ailerons.

    Hanriot choisit un moteur rotatif Le Rhône 9J de 110 ch pour motoriser le HD.1. Jugé trop limité, il fut progressivement remplacé par des séries plus performantes, jusqu'au 9R de 170 ch. La série des 9J entraînait une hélice bipale en bois, le 9Jb permettant d'atteindre la vitesse maximale de 185 km/h. En vitesse de croisière, le pilote pouvait tenir l'air durant 2 heures et demies, ce qui le mettait au niveau de l'Albatros D.I allemand. L'armement était restreint à une unique mitrailleuse Vickers calibre 7,7 mm, approvisionnée à hauteur de 110 cartouches.

    Bien qu'évincé par le SPAD VII, jugé trop peu puissant, trop lent et pas assez armé, le Hanriot HD.1 avait été jugé favorablement par les pilotes qui le testèrent. De conception robuste, l'appareil était très agile et résistait bien aux manœuvres les plus serrées en vol. L'emport d'une unique mitrailleuse permettait une bonne vitesse ascensionnelle. Ces qualités finirent par attirer l'attention de militaires étrangers désireux d'acheter de nouveaux appareils. Ce fut le cas de la Belgique et de l'Italie.

    La Belgique, dont le territoire métropolitain était en grande partie occupée par l'Allemagne, disposait cependant de forces importantes dans le nord de la France et de sa propre aviation. Mais les aviateurs belges n'avaient pas accès aux avions les plus modernes, captés en priorité par les Britanniques et les Français. Le HD.1, en plus de ses qualités, avait le mérite d'être immédiatement disponible. Une première commande fut passée en juin 1917. Le nombre d'appareils effectivement reçus par les Belges est sujet à caution, entre 79 et 125 exemplaires. Cependant, les exemplaires belges furent admirablement utilisés. L'as belge Willy Coppens obtint ses 37 victoires aux commandes d'un HD.1 peint en bleu (et armé d'une mitrailleuse calibre 11 mm, tirant des balles explosives, très adaptées contre les ballons d'observation), ce qui le fit surnommer le Diable Bleu par les Allemands.

    L'Italie fut la principale utilisatrice du HD.1. Après avoir reçu une centaine d'appareils construits par Hanriot, elle négocia une licence de production. En deux années (1917-1919), l'usine Nieuport-Macchi de Varèse en fabriqua entre 800 et 900 exemplaires. Les appareils italiens constituèrent le gros des effectifs de la chasse italienne à la fin de la guerre, leurs pilotes les préférant aux SPAD plus lourds et moins agiles. Plusieurs as italiens utilisèrent des HD.1, dont Silvio Scaroni (19 victoires sur les 25 obtenues par ce pilote) et Flavio Baracchini. Les HD.1 étaient si populaires qu'ils ne furent retirés du service qu'en 1926, à peu près en même temps qu'en Belgique.

    Un exemplaire italien tombé en Suisse et remis en état poussa les autorités helvétiques à se procurer 16 appareils italiens en 1919. Quelques exemplaires se retrouvèrent après-guerre en Amérique du Sud, où ils eurent une carrière obscure. L'US Navy se retrouva elle aussi en possession d'au moins 10 HD.1 modifiés, utilisés pour l'entraînement et pour des essais d'embarquement à bord de navires militaires. La marine française fit de même, avec des HD.1 modifiés sous la désignation HD.2, remotorisés (moteur de 130 ch) et convertis en hydravions. Certains de ses HD.2, retransformés avec des trains classiques, servirent à des expérimentations sur le porte-avions Béarn. D'autres variantes moins connues (HD.3, hydravion HD.4, avion de reconnaissance HD.9…) virent le jour, sans grand succès.

    La production totale du HD.1 est estimé à environ 1 200 exemplaires.

    ………………………………………………………………………………………

    Caractéristiques :

    Version :

    Hanriot HD.1

    Type :

    Chasseur

    Équipage :

    1 pilote

    Motorisation :

    1 moteur rotatif Le Rhône 9Jb de 9 cylindres, à refroidissement par air, d'une puissance de 120 ch

    Poids :

    Masse à vide : 407 kg
    Masse maximale au décollage : 605 kg

    Performances :

    Vitesse maximale : 183 km/h
    Vitesse de croisière : 156 km/h
    Plafond pratique : 6 000 m
    Distance franchissable maximale : environ 500-550 km
    Endurance : 2 h 30 mn

    Dimensions :

    Envergure : 8,70 m
    Hauteur : 5,85 m
    Longueur : 2,85 m
    Surface alaire : 18,21 mètres carrés

    Armement :

    1 mitrailleuse frontale Vickers calibre 7,7 mm (110 cartouches)

    Pays utilisateurs :

    Belgique, Équateur, États-Unis, France, Italie, Paraguay

    ………………………………………………………………………………………

    Images :

    :arrow:Trois profils de HD.1 italiens
    :arrow:HD.1 suisse conservé dans un musée
    :arrow:Plan trois vues d'un HD.1

    ………………………………………………………………………………………

    Sources :

    - Classic Military Aircraft, Amber Books, 2010
    - http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanriot_HD_1

    - http://jn.passieux.free.fr/html/HanriotHD1.php

    - http://www.belgian-wings.be/Webpages/Navigator/Photos/MilltaryPics/ww1_precurseurs/Hanriot%20HD.1/Hanriot%20HD-1%20Frontpage.html

    - http://shortfinals.wordpress.com/2011/10/02/hanriot-hd-1-a-stranger-in-a-strange-land/

    - http://fandavion.free.fr/Hanriothd1.htm

    - http://www.militaryfactory.com/aircraft/detail.asp?aircraft_id=839
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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