Dassault MD-750 Mirage Mach III

Rappels

  • Catégorie : Projet
  • Constructeur : Dassault drapeau du pays
  • Missions : Chasse

Historique

Les premiers projets de chasseur Mach 3 sont lancés par l'armée de l'air en juin 1958. Nord Aviation et Dassault présentent des avants-projets de Super Griffon ou de Mirage VIA (ce dernier faisant 13 tonnes au décollage, et est motorisé par un Super Atar de 9 tonnes de poussée. Le programme est abandonné, puis relancé avec l'apparition en 1964 du MiG-25 et du SR-71.

Le CPE (Centre de Prospective et d’Évaluation) est créé en février 1964 par Pierre Mesmer, ministre des armées de De Gaulle. Il est dirigé par Hughes de l'Estoile, qui émet une note le 25 mai 1965 sur l'étude "d'un avion piloté à Mach élevé". Il s'agit d'imaginer ce que pourrait être un tel appareil vers 1980, et ses missions possibles (défense aérienne, reconnaissance lointaine, attaque stratégique). Le CPE deviendra BPE (Bureau remplaçant Centre) en août 1967. L'armée de l'air collabore vite, mais les officiers notent vite que l'étude est vague et que produire un missile capable de cette vitesse est plus facile. En fait, un appareil Mach 3 ou 4 n'a d'intérêt que pour effectuer des missions de police du ciel si les appareils civils ont eux-même une vitesse de Mach 3.

Le BPA (Bureau Prospective Air) de l'armée de l'air rend un avis favorable le 22 novembre 1965, en précisant bien que ça doit rester une étude, et non une fiche-programme. Cela aboutit à un appel d'offres lancé le 14 décembre 1965 par le CPE à Breguet, Dassault, Nord et Sud Aviation. Les propositions de Dassault et de Sud Aviation sont retenues en mai 1966. Matra et Thomson sont sollicités pour concevoir les missiles et radar correspondants. Matra imagine déjà l'antenne fixe à balayage électronique, désormais opérationnelle sur Rafale, et les études de Thomson serviront finalement de base au Super 530. 10 types de moteurs (y compris des associations turboréacteur/statoréacteur) sont envisagés, dont 8 par Snecma. Un projet fut également dessiné autour du J58 qui équipe le SR-71. D'autres sont basé sur le TF306 : ce moteur, dérivé du TF30 et équipant les Mirage F2 et G, donnera à la Snecma l'expérience nécessaire pour travailler sur le successeur des Atar, le M53. L'un des projets, le LZ1-43, est doté de 2 M53.

Si Sud-Aviation laisse rapidement tomber, Dassault, lui, se lance dans un grand nombre d'avant-projets de classe Mach 4 et les premières propositions arrivent le 19 octobre 1966. C'est la première fois que les ingénieurs utilisent un ordinateur pour calculer les trajectoires et performances des avions. La résistance à la chaleur est étudiée et une structure en acier et titane, avec revêtement en nid d'abeille, est envisagée. Des panneaux seront d'ailleurs testés en four.

Cependant, les projets de Dassault rencontrent incrédulité et scepticisme au sein de l'armée de l'air, doutes qui sont exprimés dès juin 1967. Construire un chasseur Mach 4, avec le travail que cela représente en terme de matériaux, réacteurs et masse au décollage (l'un des projets, le MZ1-46Q, dépasse les 40 tonnes), semble au-delà de la capacité industrielle du pays. De plus, un chasseur volant à Mach 3 peut déjà se trouver à 400 km à l'intérieur de la France avant interception. Par conséquent, les projets restent très discrets, voire secret. Tout juste admet-on qu'il y a, au moins sur papier, des études sur le sujet.

Après les travaux accomplis en 1967-1968, Dassault reçoit un contrat de 5 millions de francs pour un programme intitulé SAME (Système Avion Mach Élevé), plus précis et moins ambitieux : il n'est plus question de Mach 4, mais de Mach 2,5 à 3 ou Mach 3 à 3,5.

Le 19 février 1969, Dassault propose un bimoteur à aile delta : sa vitesse maximale serait de Mach 3,5 et il serait capable de monter à 16000 mètres en 5 ou 6 minutes, et enfin de voler à Mach 3,2 pendant 10 minutes.

C'est dans ce contexte que paraît un plan 3 vues du MD-750 dessiné par Alain Ratineau dans Aviation Magazine, en juin 1969, sans plus de commentaires. Une maquette est également exposée au stand Dassault au salon du Bourget cette année-là. On lui donne également les surnoms de "Super Mirage 6000" ou "Mega Mirage".

Cet appareil serait un chasseur d'interception, monoplace, il est de dimensions semblables au Mirage IV. Tout comme ce dernier il est bimoteur (deux réacteurs M-53), monodérive et a une voilure delta basse.

Les similitudes s’arrêtent là, le MD 750 a un fuselage de section rectangulaire hormis pour la partie en avant des entrées d'air (poste de pilotage et pointe avant) qui sont de section classique. Plutôt haut perché, il semblerait possible de passer sous la voilure sans se baisser.

Les deux entrées d'air, qui rappellent celles du MiG-25, sont de sections rectangulaires, la partie haute de celles-ci débute juste derrière le poste de pilotage pour plonger avec un angle d'environ - 20° par rapport à la RHF vers la partie basse.

Les trains principaux (1 roue par train) sont situés sous les ailes en position sortis et se rangent vers l'intérieur. Les roues venant dans les soutes de trains situées dans le fuselage. Les trains quant à eux viennent se ranger dans les demies voilures qu'ils referment via des trappes montées sur le coté des trains. Le train avant (1 roue également) quand à lui se replie vers l'arrière et est situé au niveau de la partie basse de l'entrée d'air.

Le pare brise est fixe et constitué de 2 transparents séparés par un arceau longitudinal. La verrière articulée à l'arrière s'ouvre vers le haut. Elle est elle aussi constituée de 2 transparents également séparés par un arceau longitudinal venant prolonger le premier. Le tout ressemble beaucoup à la verrière du CF-105.

Deux quilles plutôt imposantes sont situées sous le fuselage, elles débutent juste derrière les trains principaux et filent vers l'arrière en diminuant de hauteur.

Trois aérofreins équipent cet appareil, deux en position dorsale positionnés sur le fuselage à hauteur de la dérive et un en position ventral positionné entre les 2 quilles.

Une maquette éditée depuis par Sharkit propose un MD-750 pourvu d'une perche de ravitaillement non rétractable et de sept points d'emports :

- Sous le fuselage : deux latéraux avant et 1 central avant pour des missiles de typer Matra 530 F.

- Sous chaque voilure : un point d'emport pour bidon et un point d'emport missile Matra R550 Magic.

Cependant, le projet reste discret et semble n'être qu'un coup publicitaire. Comme le montre la suite, il n'a sans doute jamais été sérieusement question de construire l'appareil, même au stade de prototype ou d'avion expérimental.

En 1970, le programme était considéré comme encore trop ambitieux : on recommandait plutôt un chasseur de 16 tonnes avec vitesse de Mach 2,5, le futur ACF. Le Mirage G8 était sur le point d'être construit, mais uniquement comme démonstrateur. La construction de 170 chasseurs Mach 3 sur 10 ans était estimée à 20 milliards de francs en 1969, soit 4 fois plus chers qu'un système de missile sol-air par ailleurs plus efficaces. Le programme SAME fut donc abandonné en 1971, même si les hautes vitesses furent abordées avec le Mirage G8 (Mach 2,34).

En conclusion, le SAME fut plus qu'un exercice pour les bureaux d'études de Dassault : il montre l'inanité de la poursuite à grande vitesse et permit de rendre compte des limites industrielles en ce domaine. Les efforts se poursuivront sur les systèmes embarqués et les missiles. De là découle, de façon plus ou moins directe, les Super 530D, le Snecma M53 et les radars modernes.


Texte de M4v et de Clansman, avec leur aimable autorisation.

Performances

  • Mach maximal HA : Mach 3

Motorisation

  • 2 × réacteurs SNECMA M53-2 de 5 550 kgp (54 kN, 12 236 lbf) — 8 500 kgp (83 kN, 18 739 lbf) avec post-combustion

Sur le forum…

  • Et j'espère que ça ne sera pas la dernière !
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
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  • Cool ma première participation à une fiche du site :D
    "Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher." Antoine de Saint-Exupéry
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  • La fiche sur le site

    Un bon prétexte pour parler des études de chasseurs Mach 3 chez Dassault…
    Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Ça montre bien l'intérêt de faire une étude : parfois on se rend compte que ce n'est pas une bonne idée !
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
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  • En tous cas, merci bien pour vos recherches. C'est un sujet que je trouve très intéressant, avec le pourquoi du comment en conclusion, c'est parfait. :top:
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • En relisant certaines de tes sources, on se rend d'ailleurs compte que le "MD 750" est plus un coup publicitaire qu'autre chose, d'ailleurs.
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  • Beau boulot tout cela :) , maintenant je sais le "pourquoi" il a été étudié et non réalisé.
    "Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher." Antoine de Saint-Exupéry
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  • m4v a écrit

    Cool, je suis pressé de savoir ce que ce n° précisait :boing:

    Il parle assez peu du MD 750 lui-même, en fait. Par contre, il parle du contexte :



    Les premiers projets de chasseur Mach 3 sont lancés par l'armée de l'air en juin 1958. Nord Aviation et Dassault présentent des avants-projets de Super Griffon ou de Mirage VIA (ce dernier faisant 13 tonnes au décollage, et est motorisé par un Super Atar de 9 tonnes de poussée. Le programme est abandonné, puis relancé avec l'apparition en 1964 du MiG-25 et du SR-71.

    Le CPE (Centre de Prospective et d’Évaluation) est créé en février 1964 par Pierre Mesmer, ministre des armées de De Gaulle. Il est dirigé par Hughes de l'Estoile, qui émet une note le 25 mai 1965 sur l'étude "d'un avion piloté à Mach élevé". Il s'agit d'imaginer ce que pourrait être un tel appareil vers 1980, et ses missions possibles (défense aérienne, reconnaissance lointaine, attaque stratégique). Le CPE deviendra BPE (Bureau remplaçant Centre) en août 1967. L'armée de l'air collabore vite, mais les officiers notent vite que l'étude est vague et que produire un missile capable de cette vitesse est plus facile. En fait, un appareil Mach 3 ou 4 n'a d'intérêt que pour effectuer des missions de police du ciel si les appareils civils ont eu même une vitesse de Mach 3.

    Le BPA (Bureau Prospective Air) de l'armée de l'air rend un avis favorable le 22 novembre 1965, en précisant bien que ça doit rester une étude, et non une fiche-programme. Cela aboutit à un appel d'offres lancé le 14 décembre 1965 par le CPE à Breguet, Dassault, Nord et Sud Aviation. Les propositions de Dassault et de Sud Aviation sont retenues en mai 1966. Matra et Thomson sont sollicités pour concevoir les missiles et radar correspondants. Matra imagine déjà l'antenne fixe à balayage électronique, désormais opérationnelle sur Rafale, et les études de Thomson serviront finalement de base au Super 530. 10 types de moteurs (y compris des associations turboréacteur/statoréacteur) sont envisagés, dont 8 par Snecma. Un projet fut également dessiné autour du J58 qui équipe le SR-71. D'autres sont basé sur le TF306 : ce moteur, dérivé du TF30 et équipant les Mirage F2 et G, donnera à la Snecma l'expérience nécessaire pour travailler sur le successeur des Atar, le M53. L'un des projets, le LZ1-43, est doté de 2 M53.

    Si Sud-Aviation laisse rapidement tomber, Dassault, lui, se lance dans un grand nombre d'avant-projets de classe Mach 4 et les premières propositions arrivent le 19 octobre 1966. C'est la première fois que les ingénieurs utilisent un ordinateur pour calculer les trajectoires et performances des avions. La résistance à la chaleur est étudiée et une structure en acier et titane, avec revêtement en nid d'abeille, est envisagée. Des panneaux seront d'ailleurs testés en four.

    Cependant, les projets de Dassault rencontrent incrédulité et scepticisme au sein de l'armée de l'air, doutes qui sont exprimés dès juin 1967. Construire un chasseur Mach 4, avec le travail que cela représente en terme de matériaux, réacteurs et masse au décollage (l'un des projets, le MZ1-46Q, dépasse les 40 tonnes), semble au-delà de la capacité industrielle du pays. De plus, un chasseur volant à Mach 3 peut déjà se trouver à 400 km à l'intérieur de la France avant interception. Par conséquent, les projets restent très discrets, voire secret. Tout juste admet-on qu'il y a, au moins sur papier, des études sur le sujet.

    Après les travaux accomplis en 1967-1968, Dassault reçoit un contrat de 5 millions de francs pour un programme intitulé SAME (Système Avion Mach Élevé), plus précis et moins ambitieux : il n'est plus question de Mach 4, mais de Mach 2,5 à 3 ou Mach 3 à 3,5.

    Le 19 février 1969, Dassault propose un bimoteur à aile delta : sa vitesse maximale serait de Mach 3,5 et il serait capable de monter à 16000 mètres en 5 ou 6 minutes, et enfin de voler à Mach 3,2 pendant 10 minutes. C'est dans ce contexte que paraît un plan 3 vues du MD 750 dans Aviation Magazine, en juin 1969. Sans plus de commentaire par ailleurs.

    [là peut s'intercaler ton texte, m4v …]

    En 1970, le programme était considéré comme encore trop ambitieux : on recommandait plutôt un chasseur de 16 tonnes avec vitesse de Mach 2,5, le futur ACF. Le Mirage G8 était sur le point d'être construit, mais uniquement comme démonstrateur. La construction de 170 chasseurs Mach 3 sur 10 ans était estimée à 20 milliards de francs en 1969, soit 4 fois plus chers qu'un système de missile sol-air par ailleurs plus efficaces. Le programme SAME fut donc abandonné en 1971, même si les hautes vitesses furent abordées avec le Mirage G8 (Mach 2,34).

    En conclusion, le SAME fut plus qu'un exercice pour les bureaux d'études de Dassault : il montre l'inanité de la poursuite à grande vitesse et permit de rendre compte des limites industrielles en ce domaine. Les efforts se poursuivront sur les systèmes embarqués et les missiles. De là découle, de façon plus ou moins directe, les Super 530D, le Snecma M53 et les radars modernes.
    Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • m4v a écrit

    Et voila, moi qui voulait faire une fiche sérieuse je me retrouve encore avec un appareil imaginaire, je crois que c'est un signe pour reprendre comme avant :lol:

    On se rapproche de la bonne voie cependant. :mrgreen:
    ¤ Nicolas Sur AMN : Nico2, inscrit le 09 Jan 2006, 16:45>> N'oubliez pas de lire et de relire le Règlement du forum.>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Cool, je suis pressé de savoir ce que ce n° précisait :boing:
    "Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher." Antoine de Saint-Exupéry
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