Bonsoir tout le monde
Je passais par hasard, et j'ai vu le post de Fred, à qui je souhaite la bienvenue au passage
Mes occupations du moment me tiennent malheureusement actuellement un peu éloigné de l'histoire de l'aviation. Et en plus j'ai déménagé 800 km au sud de Paris, donc il me sera maintenant plus compliqué de poser des questions au personnel du Musée Delta d'Athis Mons.
Je vais toutefois essayer de répondre avec ma doc.
Je présume que Fred parle du "volet Flechair" ou "crocodile", alias "stabilisateur Elytre vertical" inventé par Charles de Rougé (il y a eu une polémique entre lui et M. Payen pour la paternité du système), et formant un angle de 120° sur le Pa.49b.
-Le phénomène des 50 Km/h en moins est évoqué par Roland Payen dans un article dont le titre est "Roland Payen raconte". Il s'agit probablement d'un article tiré de la revue Pilote Privé n°11, paru en octobre 1974 (j'avoue ne pas l'avoir marqué à l'époque où j'ai trouvé l'article. Mais ça semble correspondre à un petit mémento que j'ai fait par ailleurs).
Dans cet article, M. Payen indique avoir proposé le système à Sud-Aviation pour Concorde, mais cette société n'a pas été intéressée par le concept. En revanche, le système a été utilisé sur le lifting body Northrop HL 10 et sur la navette spatiale américaine.
-M. Payen réitère cette affirmation dans l'article sur le Pa.49 dans Pilote privé n°121 de février 1984. Il précise que l'amélioration est de 50 km/h si on ouvre les volets (donc 50 km/h de plus s'ils sont fermés aurait dit Lapalisse). Il ajoute que le Convair F-102 dispose également de ce système (effectivement, mais uniquement à la base de la dérive et en arrière de celle-ci).
-Dans son article du Fana de l'aviation n°274 de septembre 1992, Francis Nicole rapporte également l'amélioration de 50 km/h de la distance d'atterrissage avec les volets Flechair sur le Pa.49b.
-Le site du musée delta reprend lui aussi la vitesse d'atterrissage réduite de 50 km/h.
Sinon, dans une mémoire descriptif de présentation, Roland Payen indique 55 km/h comme vitesse d'atterrissage du Pa.49 (ce qui paraît quand même sacrément optimiste. Il s'agit sans doute d'une erreur de retranscription et ce serait alors beaucoup plus logiquement 155 km/h, ce que semble confirmer la suite). Mais c'était une prévision avant les vols, et la description de la dérive indique que c'était une prévision pour le Pa.49a (donc avant que les volets Flechair soient installés et qu'il devienne Pa.49b en août-septembre 1954).
-Dans l'article de Robert J. Roux sur le Katy dans le Fana de l'aviation N°6 de décembre 1969, l'auteur indique une vitesse d'atterrissage de 105 km/h pour le Pa.49b (or 155 - 50 = 105…).
-Dans son article du Fana de septembre 1992, Francis Nicole donne 100 km/h pour la vitesse d'atterrissage du Pa.49b.
-Un article sur Charles de Rougé, signé Patrick-Xavier Henry (et illustré par Jean Molveau et Claude Petit) indique que la vitesse d'atterrissage de l'appareil, avec les volets Flechair, est 105 km/h. (malheureusement, je n'ai plus la revue d''origine de l'article, qui n'apparaît pas sur les pages de cet article).
-Enfin, Jean Claude Fayer dans ses deux ouvrages (2001 et 2002, éditions ETAI) sur les prototypes français de 1945-60 et leurs essais au CEV, indique qu'en avril 1954 le Pa.49a (sans volets Flechair installés donc) atterrissait entre 75 et 80 kt, soit entre 138 et 148 km/h.
Hypothèse :
J'ai pensé au début que le système nécessitait peut-être une dérive verticale relativement épaisse (Katy, navette) pour être efficace, ce qui aurait pu nuire aux deltas, le plus souvent configurés pour atteindre mach 2 et au delà ? M. Payen a cependant utilisé le système pour un autre avion : le bi-dérive de tourisme Pa.61F Arbalète à aile en double delta, et ces deux dérives verticales sont relativement fines, même si seule la partie supérieure utilisait le système "volet Flechair". Or, ce système a entraîné le crash du Pa.61F au décollage lors de son premier vol : le pilote ayant décollé sans l'avoir voulu, il a actionné les freins aérodynamiques et l'avion s'est trop cabré avant de retomber au sol…
Donc en fait, si le système n'a pas été utilisé sur d'autres appareils, c'est peut-être aussi qu'il représentait un certain "danger" de perte excessive de vitesse et de hauteur par "excès" de cabrage (d'où le recours à de "minis" volets Flechair positionnés relativement bas sur le F-102 ?).
Voilou, c'est le mieux que je puisse faire dans l'état actuel de mes connaissances.