Shield AI V-BAT

Historique

En 2015, l’entreprise américaine Martin UAV débute l’étude et le développement d’un drone à décollage et atterrissage verticaux. L’objectif est de proposer un aéronef opérationnel à partir d’une surface relativement petite, sans avoir besoin d’une piste ou de dispositifs quelconques pour décoller et se poser.

La configuration finalement retenue est celle d’un aéronef relativement classique avec un fuselage, une paire d’ailes et un moteur à l’arrière actionnant une hélice propulsive. Le fonctionnement est en revanche moins habituel, puisque l’appareil va décoller à la verticale avant de passer à un vol horizontal, permettant une plus grande autonomie de vol et une vitesse plus importante qu’une voilure tournante. À l’atterrissage, il rebascule à la verticale en dirigeant la soufflante en direction du sol, pour se poser sur quatre pieds protégeant le système de propulsion. La transition d’un vol horizontal au vol stationnaire dure moins de 15 secondes. Pour se poser, il ne lui faut qu’une surface de 4,6 mètres de côté au sol. Destiné à être également utilisé à partir de plateformes maritimes, la cellule du V-BAT est traitée avec une protection contre le sel et les intempéries.

Désigné V-BAT, il est annoncé opérationnel et présenté en public en 2019. La première partie du fuselage est de section transversale cylindrique et elle devient carrée dans la partie arrière. Dans le nez se trouve une boule électro-optique capable de contenir diverses caméras TV HD ou IR thermique qui lui permettent d’opérer de jour comme de nuit. Les ailes, situées très en arrière, sont effilées et ont une faible corde afin de privilégier les qualités de vol à basse vitesse. Le moteur, situé à l’arrière du fuselage, entraîne une hélice propulsive carénée. Cette configuration augmente la sécurité en protégeant l’hélice durant les phases d’atterrissage et de décollage. Sur le carénage, quatre pieds sont installés pour maintenir un espace suffisant entre l’hélice et le sol. Le développement du V-BAT est centré sur le vol autonome et un système permettant l’emport de charges utiles modulaires. Il peut ainsi embarquer des radars à synthèse d’ouverture (SAR), des capteurs hyperspectraux, des équipements de guerre électronique (EW) ou de renseignement électromagnétique (SIGINT). Tous ces équipements lui permettent de s’adapter à une grande variété de missions. Les informations sont retransmises en temps réel à la station de contrôle au sol.

Selon son constructeur, ses capacités de décollage et d’atterrissage verticaux (VTOL) et sa longue endurance font du V-BAT un appareil idéal pour un large éventail de missions pour les forces maritimes, aériennes et terrestres. De plus, ses logiciels lui permettent de fonctionner de façon autonome dans des environnements brouillés électroniquement, sans géolocalisation par satellite, ni communications. Les drones sont acheminés dans des caisses peu volumineuses. Cela les rend aisément transportables dans une camionnette, un véhicule tactique léger ou un hélicoptère tel que l’UH-60 Blackhawk, permettant ainsi un déploiement tactique rapide, facile et sûr. Quant à son assemblage sur son lieu d’opération, il est effectué en moins de 30 minutes par deux personnes.

En 2021, l’entreprise Shield AI, qui fournit des logiciels de vol faisant appel à l’intelligence artificielle, rachète Martin UAV. La même année, après une évaluation organisée par la division aéronautique du Naval Air Warfare Center (NAWCAD), le V-Bat est choisi par l’US Navy face à l’autre finaliste, le quadricoptère hybride FVR-90 VTOL de L3Harris.
Le 21 décembre 2022, un drone V-BAT et un drone Skyways V2.6B effectuent les premières livraisons de fret sans pilote à un navire de l’US Navy en mer. Chaque drone transporte une cargaison de 22,5 kg sur une distance de 200 nm, soit 370 km.

En mars 2023, l’US Army choisi le V-BAT lors de la sélection du Future Tactical Unmanned Aircraft System (FTUAS) destiné à remplacer le RQ-7B Shadow. Pour cette compétition, Shield AI s’est associé à Northrop Grumman. En octobre, Shield AI annonce que le V-BAT a démontré des capacités d’essaimage de drones en utilisant le logiciel Hivemind AI pour permettre la coordination de plusieurs vecteurs et des opérations autonomes distribuées.
En juillet 2024, l’US Coast Guard attribue un contrat de 198 millions de dollars à Shield AI pour fournir des systèmes V-BAT pour des missions de renseignement, surveillance et reconnaissance maritimes. En moins d’une année, ils ont contribué à intercepter l’équivalent de plusieurs millions de dollars de drogues diverses dans les Caraïbes et proche des côtes américaines.
La même année, le V-BAT est déployé avec des unités expéditionnaires des Marines.
En novembre 2024, Shield AI signe un accord pour que JSW Defense and Aerospace puisse fabriquer des drones V-BAT en Inde. L’accord comprenait un investissement de 90 millions de dollars pour le transfert de technologie, l’établissement d’une usine de fabrication et des programmes de conformité pour soutenir les demandes de production locales et internationales. Le mois suivant, Shield et Palantir Technologies annoncent un renforcement de leur partenariat stratégique pour la fabrication de V-BAT en Inde.
En janvier 2025, le V-BAT 128 est sélectionné pour opérer à partir de navires de guerre exploités par la Force maritime d’autodéfense japonaise. Et en mai, la Grèce reçoit ses premiers exemplaires commandés quelques mois plus tôt.

Plusieurs exemplaires sont envoyés en Ukraine, pour soutenir ses forces armées face à l’invasion russe. Il semblerait qu’ils aient résistés à des attaques de guerre électronique qui ont abattu d’autres modèles volants dans la même zone. Plusieurs sites de lancement de missiles sol-air, de même que des obusiers, ont été repérés par des V-Bat avant d’être attaqués pas les HIMARS ukrainiens, et ce à plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des lignes russes.

Plusieurs forces militaires utilisent les différentes versions du V-Bat, tant depuis des bases terrestres que maritimes. Des agences de sécurités gouvernementales et privées l’emploient également pour des missions de surveillance et d’observation.

Pays utilisateurs

• États-Unis : US Navy
  • Shield AI MQ-35A
• États-Unis : USMC
  • Shield AI MQ-35A
• Grèce : Armée de terre grecque
  • Shield AI V-BAT 128
• Inde : Armée de terre indienne
  • Shield AI V-BAT 128
• Japon : Aéronavale japonaise
  • Shield AI V-BAT 128
• Roumanie : Aéronavale roumaine
  • Shield AI V-BAT 128
• Ukraine : Armée de terre ukrainienne
  • Shield AI V-BAT 128

Versions

• Shield AI MQ-35A : Désignation du V-Bat Marine au sein des forces armées US.
• Shield AI V-BAT 128 : Version possédant une endurance et une charge utile plus importante, présentée en 2021.
• Shield AI V-BAT 300 : Version améliorée à l’endurance plus importante, capable d’emporter une charge utile plus lourde lui permettant une plus grande flexibilité d’emport.
• Shield AI V-BAT Hybrid : Version hybride muni d’une propulsion à la fois électrique et essence pour des vols silencieux et à faibles émissions, adaptée aux missions de longue endurance dans des zones sensibles.
• Shield AI V-BAT VTOL : Version de base conçue pour l’ISR tactique, équipée d’un dispositif de charges utiles modulaires lui permettant de réaliser différentes missions.