TAI Aksungur

Historique

Dans les années 2010, le constructeur turc Turkish Aerospace Industries (TAI) développe un drone à longue endurance pour les forces armées turques, la Marine en particulier. Pour en diminuer les coûts et surtout les délais de livraison, il est décidé de travailler essentiellement avec les technologies déjà acquises avec les programmes précédents, en particulier le drone Anka. Désireux de lui donner une grande autonomie avec un maximum d’équipements, une configuration bipoutre est choisie, avec des dimensions plus importantes que les drones que l’entreprise avait conçu jusque-là. Le fuselage est semblable à celui de l’Anka S, mais sans la partie concernant la motorisation à l’arrière. À la place, ce sont deux moteurs diesel turbocompressés, installés à l’avant de deux poutres de queues, qui lui permettent de bonnes performances.

Deux prototypes sont fabriqués pour effectuer les essais au sol et en vol. Le 20 mars 2019, un prototype effectue son premier vol, qui dure 4h20, utilisant ses capacités de décollage et d'atterrissage automatiques. Un second vol d'essai de trois heures a vraisemblablement été effectué le 3 avril de la même année. Désigné Aksungur, ce qui veut dire "Faucon Gerfaut" en turc, ce drone est présenté en public le 30 avril 2019 à Istanbul durant le Salon international de l'industrie de la défense (IDEF).

L’Aksungur mesure 12 mètres de long, pour 24 mètres d’envergure et 3 mètres de haut lorsqu’il est posé au sol. Dans le fuselage sont installés des réservoirs de carburant, l’avionique et les différents capteurs. Une boule électro-optique située sous le nez peut contenir, selon les besoins de l’utilisateur, des caméras TV HD et IR thermiques, un télémètre laser et un désignateur de cible. À l’avant, le dessus du fuselage présente une bosse qui permet l’installation des systèmes de communication, de guidage, de liaison satellite et de transfert des données directement vers la station de contrôle au sol ou par l’intermédiaire d’un satellite. Les ailes en position haute sont droites jusqu’à leur mi-longueur, puis effilées. Elles sont munies de trois points d’emport chacune ainsi que d’une ailette à leur extrémité. Les nacelles-moteurs sont situées sous les ailes et contiennent les deux moteurs diesel PD170 de 130 à 160 kW turbocompressé développés par Tusaş Engine Industries (TEI) et qui actionnent des hélices tripales. Ces nacelles se prolongent vers l’arrière en formant des poutres terminées par une dérive. Celles-ci sont reliées entre-elles par un plan horizontal qui fait office de stabilisateur. Le train d’atterrissage de type tricycle est escamotable. La roue avant se rétracte dans le fuselage, juste à l’arrière de la boule électro-optique, et le train principal s’escamote dans les nacelles-moteurs.

Le contrôle à distance du drone est effectué par un logiciel compatible avec les stations de contrôle au sol déjà utilisées par les forces armées turques. La liaison de données numériques est cryptée et possède une double sauvegarde afin de diminuer autant que possible les risques de brouillage. L’utilisation de l’Aksungur est possible au-delà de la portée visuelle grâce à un système de relais de communication par satellite. En cas de perte totale de liaison, l'Aksungur peut utiliser ses modes "retour à la maison" ou "atterrissage d'urgence".

Sa configuration de base, avec ses équipements d’observation, peut être complétée selon le type de missions que le drone devra effectuer. En cas de missions d’observation et d’attaque au sol, un radar à synthèse d'ouverture (SAR) ou à synthèse d'ouverture inverse (GMTI-ISAR), ainsi qu’un système d’indication de cible mobile au sol, peuvent être intégrés.
Lors des missions de renseignement électromagnétique et de surveillance des communications (ELINT et SIGINT), divers équipements peuvent être embarqués en interne ou en externe dans des nacelles.
Pour les missions de patrouille maritime (MP), l’équipement comprend également le SAR et le GMTI-ISAR couplés avec un système d'identification automatique, des nacelles sous les ailes permettant de larguer des bouées acoustiques, ainsi qu’une perche MAD (Magnetic Anomaly Detector / Détecteur d'anomalie magnétique) à l’arrière du fuselage.

En ce qui concerne l’armement, TAI a prévu d'intégrer sur ce drone des systèmes d'armes typiques des avions de combat F-4 et F-16 qu’elle utilise. Sous chaque aile, les trois points d’emports permettent d’emporter des charges utiles telles que des munitions ou des bouées-sonar. Ces points durs sont évalués pour des charges de 150, 300 et 500 kg. Les armements proposés comprennent des bombes à guidage laser, des missiles antichars, des roquettes guidées par laser et diverses munitions à guidage de précision.

Le 2 septembre 2020, un prototype effectue un vol de 49 heures. Le 17 septembre, un prototype vole durant 20h à 6'100 mètres d’altitude avec 12 mini-munitions intelligentes MAM-L sous les ailes. Par la suite, une bombe guidée Mk.82 de 250 kg a touché sa cible à une distance de 30 km.

L’Aksungur a accumulé plus de 1’000 heures de vol en août 2021.

La marine turque a commandé 5 exemplaires, de même que l’Armée de l’Air turque. Le premier exemplaire de série a été livré à la marine turque le 20 octobre 2021.

L’Algérie est le premier client à l’exportation avec une commande de 6 Aksungur en octobre 2022. Le Kirghizistan et l’Angola commandent également l’Aksungur commande ce drone en novembre 2022 et en mars 2023.

Pays utilisateurs

• Algérie : Armée de l'air algérienne (6 exemplaires)
• Angola : Armée de l'air angolaise
• Kirghizistan : Armée de l'air kirghize (2 exemplaires)
• Turquie : Aéronavale turque
  • TAI Aksungur MP (5 exemplaires)
• Turquie : Armée de l'air turque (5 exemplaires)

Versions

• TAI Aksungur : Version initiale pouvant être équipée de divers équipements de surveillance et d’armements selon les missions à effectuer.
• TAI Aksungur ISR : Version de reconnaissance et de surveillance (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) également capable d’effectuer des missions SIGINT.
• TAI Aksungur MP : Version de patrouille maritime destinée à la lutte anti-navire mais également anti-sous-marine.