Kawasaki Ki-64 Rob
Rappels
- Catégorie : Prototype
- Constructeur : Kawasaki
- Premier vol : décembre 1943
- Production : 1 appareil construit (cellule neuve)
- Missions : Chasse
Historique
Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'industrie aéronautique japonaise fut en mesure de produire des dizaines de milliers d'avions de combat pour soutenir l'effort de guerre du pays dans le Pacifique. Bien que ne disposant pas de ressources équivalentes à celles des forces alliées, les militaires japonais purent trouver les moyens de combattre pendant près de quatre années, tout en continuant de développer de nouveaux armements et matériels innovants. Cependant, ce manque de ressources et la pression croissante des puissances alliées empêchèrent souvent le Japon de tirer profit de ces nouveautés.
Dans le secteur de l'aéronautique, l'avionneur Kawasaki s'était lancée en avril 1940 dans la conception de deux nouveaux chasseurs motorisés par le Daimler-Benz DB-601A, moteur dont la licence de fabrication venait d'être acquise par le Japon. Rebaptisé Kawasaki Ha-40, ce nouveau moteur devait équiper le futur chasseur de l'armée impériale (le Kawasaki Ki-61 fut choisi en janvier 1943) mais aussi susciter des développements inattendus. Les ingénieurs de Kawasaki se mirent en effet en tête de concevoir un nouveau chasseur lourd équipé d'une motorisation inédite rassemblant deux Ha-40 en tandem. La conséquence fut l'apparition du Ki-64.
La date à laquelle le programme Ki-64 fut lancée varie selon les sources. L'éventail des dates varie de 1939 à 1943 selon les auteurs ! Toutefois, il est peu probable que Kawasaki ait commencé à travailler sérieusement sur le Ki-64 avant l'été 1940. Edwin M. Dyer évoque le mois d'octobre 1940, date à laquelle les autorités militaires auraient donné leur accord à l'ingénieur Takeô Doï pour étudier un chasseur capable d'atteindre les 700 km/h à 5 000 mètres d'altitude, avec une vitesse ascensionnelle lui permettant d'atteindre cette altitude en cinq minutes. Il est en revanche acquis que le programme fut très lent en raison de sa complexité, des impératifs de la production (Kawasaki étant alors engagée dans la fabrication des bombardiers Ki-49 et dans celle du chasseur lourd Ki-45, ce dernier suscitant autant d'espoirs que de déboires). L'unique prototype du Ki-64 (Shisaku Kôsoku Sentô-ki - Chasseur à grande vitesse expérimental) ne sortit de l'usine de Gifu qu'en décembre 1943. Son programme d'essais en vol débuta immédiatement.
Le Ki-64 se présentait comme un chasseur monoplan tout à fait classique, avec une voilure à profil laminaire implantée en position basse au milieu du fuselage et une dérive standard. Sa structure était métallique et son train d'atterrissage (deux jambes de train avant avec roues carénées, une roulette de queue arrière) entièrement escamotable. La verrière du cockpit qui semble-il, était pressurisé, offrait une excellente visibilité facilitant le travail du pilote. Mais la vraie différence se situait au niveau des moteurs. A la différence de la plupart des chasseurs de l'époque, ils se situaient en avant mais aussi en arrière du cockpit.
Le Ha-201 était une combinaison de deux moteurs Ha-40 montés en tandem et reliés par un arbre de transmissions passant sous le cockpit (similaire à celui du Bell P-39 Airacobra). Ils entraînaient deux hélices tripales métalliques contrarotatives. L'hélice avant (entraînée par le moteur le plus à l'arrière) était à pas variable, l'hélice arrière (entraînée par le moteur situé devant le cockpit) à pas fixe, ce qui rendait les réglages délicats et pouvait poser des problèmes de fiabilité même si l'avion pouvait voler avec un seul de ses deux moteurs. Ainsi équipé, le Ki-64 pouvait frôler les 700 km/h en vitesse de pointe, soit près de 100 km/h de plus que le Ki-61 et presque 150 km/h de plus que le Nakajima Ki-43-III. Pour empêcher la surchauffe des moteurs à refroidissement liquide et pour réduire la trainée en vol, les radiateurs furent intégrés à la voilure : l'air chaud était refroidi par l'eau contenue dans deux réservoirs montés dans les ailes (cinquante-huit litres chacun), les volets ainsi que la partie extérieure des ailes assurant son passage dans les moteurs.
Avec un plafond pratique de 12 000 mètres d'altitude, il pouvait théoriquement intercepter les bombardiers lourds américains avec plus de facilité que les autres chasseurs japonais de l'époque. L'armement demeure théorique, le Ki-64 n'ayant jamais été armé en vol. Le choix des ingénieurs de Kawasaki semble s'être porté sur deux paires de canons Ho-5 calibre 20 mm (deux dans la voilure, deux dans le fuselage), ce qui lui donnait une puissance de feu plus que respectable. Il est aussi parfois évoqué un assortiment de deux canons Ho-5 et de deux mitrailleuses Ho-103 calibre 12,7 mm, et une version encore plus lourde avec deux canons calibre 37 mm. Aucun point d'emport ne semble avoir été prévu. Bien qu'emportant 618 litres de carburant, son rayon d'action était cependant limité.
Malheureusement, le Ki-64 ne put tenir ses promesses. Les essais ne permirent de mener que cinq vols entre la fin de l'année 1943 et le début de l'année 1944. Au décollage du cinquième vol, le moteur arrière prit feu, le pilote parvenant cependant à poser l'avion sur le ventre. Mais cet atterrissage forcé causa de sérieux dommages à la cellule et aux moteurs du prototype. Devant l'étendue des dégâts, impossibles à réparer rapidement, et face à la dégradation de la situation militaire du Japon, il fut décidé par les autorités militaires de suspendre le programme Ki-64 au profit d'autres appareils plus immédiatement disponibles et moins complexes. L'unique prototype jamais produit demeura dans un coin de hangar à Gifu, où il fut trouvé en septembre 1945 par des militaires alliés.
Il semble que certains éléments de l'appareil, notamment son système de refroidissement par les ailes, aient suscité quelque intérêt de la part des ingénieurs américains. Ces éléments auraient été envoyés aux États-Unis, sur la base de Wright-Patterson, pour y être étudiés. Le reste de la cellule disparut après-guerre, sans doute mis au rebut et envoyé à la ferraille. Bien que n'ayant jamais été engagé au combat, le type reçut le nom de code allié Rob.
Texte de Ciders, avec son aimable autorisation.
Caractéristiques
- Masse maxi au décollage : 5 100 kg (11 244 lbs)
- Masse à vide : 4 050 kg (8 929 lbs)
- Surface alaire : 28 m² (301 sq. ft)
- Hauteur : 4,25 m (13,944 ft)
- Envergure : 13,5 m (44,291 ft)
- Longueur : 11 m (36 ft)
Équipage
- Équipage : 1
Performances
- Vitesse maximum : 690 km/h (429 mph, 373 kts) à 5000 m
- Distance franchissable : 1 000 km (621 mi, 540 nm)
- Plafond opérationnel : 12 000 m (39 370 ft)
- Rapport puissance/masse maxi au décollage : 0.34 kW/kg
- Charge alaire maxi au décollage : 182.14 kg/m²
- Rapport puissance/masse à vide : 0.43 kW/kg
- Charge alaire à vide : 144.64 kg/m²
Motorisation
- 1 × moteur à cylindres en v Kawasaki Ha-201 de 1 728 kW (2 350 ch, 2 318 hp)
- Carburant (volume) : 618 l (163 US Gal., 136 UK Gal.)
Armement
Armement fixe
- 4 × canons Shinshuo Ho-5 de 20 mm (0,79 in) avec 150 coups chacun 2 dans les ailes et 2 dans le fuselage.
Sur le forum…
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Une photo dispo !
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kawasaki_Ki-64_on_ground.jpg
(Mauvaise qualité mais elle est libre de droit)Nicolas -
Bien vu, ce sont des Ho-5. La désignation Ho-105 ne semble pas exister d'ailleurs.Ah que je destroye tout ! Ou pas. Sur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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Historique :
Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'industrie aéronautique japonaise fut en mesure de produire des dizaines de milliers d'avions de combat pour soutenir l'effort de guerre du pays dans le Pacifique. Bien que ne disposant pas de ressources équivalentes à celles des forces alliées, les militaires japonais purent trouver les moyens de combattre pendant près de quatre années, tout en continuant de développer de nouveaux armements et matériels innovants. Cependant, ce manque de ressources et la pression croissante des puissances alliées empêchèrent souvent le Japon de tirer profit de ces nouveautés.
Dans le secteur de l'aéronautique, l'avionneur Kawasaki s'était lancée en avril 1940 dans la conception de deux nouveaux chasseurs motorisés par le Daimler-Benz DB-601A, moteur dont la licence de fabrication venait d'être acquise par le Japon. Rebaptisé Kawasaki Ha-40, ce nouveau moteur devait équiper le futur chasseur de l'armée impériale (le Kawasaki Ki-61 fut choisi en janvier 1943) mais aussi susciter des développements inattendus. Les ingénieurs de Kawasaki se mirent en effet en tête de concevoir un nouveau chasseur lourd équipé d'une motorisation inédite rassemblant deux Ha-40 en tandem. La conséquence fut l'apparition du Ki-64.
La date à laquelle le programme Ki-64 fut lancée varie selon les sources. L'éventail des dates varie de 1939 à 1943 selon les auteurs ! Toutefois, il est peu probable que Kawasaki ait commencé à travailler sérieusement sur le Ki-64 avant l'été 1940. Edwin M. Dyer évoque le mois d'octobre 1940, date à laquelle les autorités militaires auraient donné leur accord à l'ingénieur Takeô Doï pour étudier un chasseur capable d'atteindre les 700 km/h à 5 000 mètres d'altitude, avec une vitesse ascensionnelle lui permettant d'atteindre cette altitude en cinq minutes. Il est en revanche acquis que le programme fut très lent en raison de sa complexité, des impératifs de la production (Kawasaki étant alors engagée dans la fabrication des bombardiers Ki-49 et dans celle du chasseur lourd Ki-45, ce dernier suscitant autant d'espoirs que de déboires). L'unique prototype du Ki-64 (Shisaku Kôsoku Sentô-ki - Chasseur à grande vitesse expérimental) ne sortit de l'usine de Gifu qu'en décembre 1943. Son programme d'essais en vol débuta immédiatement.
Le Ki-64 se présentait comme un chasseur monoplan tout à fait classique, avec une voilure à profil laminaire implantée en position basse au milieu du fuselage et une dérive standard. Sa structure était métallique et son train d'atterrissage (deux jambes de train avant avec roues carénées, une roulette de queue arrière) entièrement escamotable. La verrière du cockpit qui semble-il, était pressurisé, offrait une excellente visibilité facilitant le travail du pilote. Mais la vraie différence se situait au niveau des moteurs. A la différence de la plupart des chasseurs de l'époque, ils se situaient en avant mais aussi en arrière du cockpit.
Le Ha-201 était une combinaison de deux moteurs Ha-40 montés en tandem et reliés par un arbre de transmissions passant sous le cockpit (similaire à celui du Bell P-39 Airacobra). Ils entraînaient deux hélices tripales métalliques contrarotatives. L'hélice avant (entraînée par le moteur le plus à l'arrière) était à pas variable, l'hélice arrière (entraînée par le moteur situé devant le cockpit) à pas fixe, ce qui rendait les réglages délicats et pouvait poser des problèmes de fiabilité même si l'avion pouvait voler avec un seul de ses deux moteurs. Ainsi équipé, le Ki-64 pouvait frôler les 700 km/h en vitesse de pointe, soit près de 100 km/h de plus que le Ki-61 et presque 150 km/h de plus que le Nakajima Ki-43-III. Pour empêcher la surchauffe des moteurs à refroidissement liquide et pour réduire la trainée en vol, les radiateurs furent intégrés à la voilure : l'air chaud était refroidi par l'eau contenue dans deux réservoirs montés dans les ailes (cinquante-huit litres chacun), les volets ainsi que la partie extérieure des ailes assurant son passage dans les moteurs.
Avec un plafond pratique de 12 000 mètres d'altitude, il pouvait théoriquement intercepter les bombardiers lourds américains avec plus de facilité que les autres chasseurs japonais de l'époque. L'armement demeure théorique, le Ki-64 n'ayant jamais été armé en vol. Le choix des ingénieurs de Kawasaki semble s'être porté sur deux paires de canons Ho-5 calibre 20 mm (deux dans la voilure, deux dans le fuselage), ce qui lui donnait une puissance de feu plus que respectable. Il est aussi parfois évoqué un assortiment de deux canons Ho-5 et de deux mitrailleuses Ho-103 calibre 12,7 mm, et une version encore plus lourde avec deux canons calibre 37 mm. Aucun point d'emport ne semble avoir été prévu. Bien qu'emportant 618 litres de carburant, son rayon d'action était cependant limité.
Malheureusement, le Ki-64 ne put tenir ses promesses. Les essais ne permirent de mener que cinq vols entre la fin de l'année 1943 et le début de l'année 1944. Au décollage du cinquième vol, le moteur arrière prit feu, le pilote parvenant cependant à poser l'avion sur le ventre. Mais cet atterrissage forcé causa de sérieux dommages à la cellule et aux moteurs du prototype. Devant l'étendue des dégâts, impossibles à réparer rapidement, et face à la dégradation de la situation militaire du Japon, il fut décidé par les autorités militaires de suspendre le programme Ki-64 au profit d'autres appareils plus immédiatement disponibles et moins complexes. L'unique prototype jamais produit demeura dans un coin de hangar à Gifu, où il fut trouvé en septembre 1945 par des militaires alliés.
Il semble que certains éléments de l'appareil, notamment son système de refroidissement par les ailes, aient suscité quelque intérêt de la part des ingénieurs américains. Ces éléments auraient été envoyés aux États-Unis, sur la base de Wright-Patterson, pour y être étudiés. Le reste de la cellule disparut après-guerre, sans doute mis au rebut et envoyé à la ferraille. Bien que n'ayant jamais été engagé au combat, le type reçut le nom de code allié Rob.
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Caractéristiques :
Version :
Kawasaki Ki-64
Type :
Chasseur
Équipage :
1 pilote
Motorisation :
1 Kawasaki Ha-201 de deux fois 12 cylindres en V inversé, à refroidissement liquide, d'une puissance de 2 350 ch
Poids :
Masse à vide : 4 050 kg
Masse maximale au décollage : 5 100 kg
Performances :
Vitesse maximale : 690 km/h à 5 000 m
Vitesse ascensionnelle : 5 000 m en 5 mn 30 s
Plafond pratique : 12 000 m
Autonomie : 1 000 km
Dimensions :
Envergure : 13,50 m
Hauteur : 4,25 m
Longueur : 13,50 m
Envergure : 28 mètres carrés
Armement :
4 canons Ho-5 calibre 200 mm (150 obus par canon)
Pays utilisateurs :
Japon (armée impériale)
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Sources :
- Bernard Baeza, Les avions de l'armée impériale japonaise, 1910-1945, Éditions Lela Presse, 2011
- Edwin M. Dyer III, Japanese Secret Projects Experimental Aircraft, 1939-1945, Midlands Publishing, 2009
- https://en.wikipedia.org/wiki/Kawasaki_Ki-64
- http://www.avionslegendaires.net/avion-militaire/kawasaki-ki-64-rob/
- http://www.militaryfactory.com/aircraft/detail.asp?aircraft_id=955
- http://www.airpages.ru/eng/jp/ki64.shtml
- http://www.aviastar.org/air/japan/kawasaki_ki-64.php
- http://cyber.breton.pagesperso-orange.fr/japon/ki_64.htm
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Images :
L'unique Ki-64 jamais construit, dans son hangar sur la base de Gifu
Profil trois vues
Très beau schéma présentant l'intérieur de la cellule du Ki-64
Illustration de ce qu'aurait pu être un Ki-64 opérationnelAh que je destroye tout ! Ou pas. Sur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18