Tupolev Tu-135

  • En 1958 les Soviétiques se lancèrent dans un projet assez ambitieux, consistant à construire un bombardier supersonique à capacité intercontinentale. Celui-ci devait à la fois remplacer le Tu-22 Blinder qui venait de voler et répondre au XB-70 Walkyrie, tout juste sélectionné sur plans après un concours, mais qui ne volera qu'en 1964 avant de se montrer incompatible avec le F-104. Cependant, les travaux avancèrent peu jusqu'à l'automne 1960, restant au stade des projets préliminaires.

    Le cahier des charges soviétique se basait sur les travaux de Myasishchev sur son M-56, conçu de sa propre initiative après l'apparition du XB-70. Myasishchev reçut l'ordre de fermer son bureau d'études et de rejoindre celui de Chelomey le 3 octobre 1960 (décret 1057-437) et de confier le résultat de ses travaux à Tupolev. Celui-ci devait s'en servir comme base à son projet 135.

    Le projet fut confié dans un premier temps à S.M.Yeger (ou J.M. Eger), concepteur en chef du bureau Tupolev, puis à partir de 1962 à L.L.Selyakov, un des principaux concepteurs de Myasishchev et qui avait travaillé, entre autres, sur le M-56. Au moins 10 à 12 configurations différentes furent étudiées avant d'aboutir. L'une d'elles montre un appareil évoquant plutôt le Lockheed A-12, avec des nacelles réacteur sous les ailes et des entrées d'air plus carrées. A vrai dire, ces dessins sont plutôt suspects.

    Le Tupolev 135 était quasiment une copie conforme du XB-70, à part les saumons d'ailes non repliables : formules delta-canards, réacteurs en nacelle ventrale, double dérive (bien qu'une des configurations précédemment étudiées montre un appareil à dérive unique). Même les canards, effilés en position haute, renforçaient cette impression.

    Différents moteurs furent envisagés pour le Tupolev 135, en particulier des versions différentes du NK-6. Selon leur puissance, 4 ou 6 réacteurs étaient envisagés. Il emportait un unique missile Kh-22 (AS-4), en position ventrale lui aussi.

    Le Tupolev 135 semblait être, en fait, un agrandissement d'un tiers du Tupolev 125, étudié au même moment. Cela donnait un appareil long de 50 mètres, pesant de 160 à 200 tonnes au décollage, d'une surface alaire de 400 à 450 m² (226 m² pour le Tupolev 125), capable d'une vitesse de pointe de 3000 km/h et d'une vitesse de croisière de 2650 km/h. Les distances franchissables étaient les suivantes : 6000 km à basse altitude, 10000 km en subsonique (920 km/h), voire 15000 km avec ravitaillement en vol.

    Plusieurs missions étaient envisagées pour le Tu-135 : recherche et destruction de navires (en particulier porte-avions, convois de transport, navires lance-missiles de croisière, et sous-marins), interception d'avions de transport (avec un radar d'attaque et de guidage, et 4 à 6 missiles), reconnaissance stratégique, attaque nucléaire y compris tactique, transport de missiles balistiques. Une version de transport de passagers (de 100 à 120), le Tu-135P, fut même étudiée. Enfin, le Tu-137 en était une version bombardier pur.

    Mais au début des années 1960, Khrouchtchev préférait les missiles balistiques, jugés plus simples et plus efficaces que les bombardiers pilotés, pour la frappe nucléaire. L'aviation stratégique devait se concentrer sur la frappe anti-navires afin de contrer une aéronavale américaine déjà bien conséquente.

    Khrouchtchev n'osa pas demander directement l'arrêt du projet 135 à Tupolev, qui aurait été capable de lui taper dessus avec sa chaussure : il usa d'une manœuvre de fourbe, en lui demandant d'améliorer les performances du Tupolev 135 (en particulier la vitesse de croisière devait passer à 3000 km/h, comme le XB-70, ce qui augmentait les risques technologiques). Dans le même temps, il demandait à Sukhoï et à Yakovlev de concevoir un bombardier avec une mission unique, la destruction de porte-avions. Ils y répondirent avec respectivement le T-4 et le Yak-35.

    En juillet 1962 un comité d'experts se réunit pour examiner les différents candidats. Le projet de Tupolev fut critiqué pour sa masse au décollage (190 tonnes) et sa vitesse de croisière insuffisante (2500 km/h au lieu des 3000 km/h demandés). Il fut répondu que l'appareil avait une capacité stratégique (d'attaquer les Etats-Unis), qu'il pouvait emporter de 4 à 6 missiles contrairement à ses concurrents, qu'il pourrait voler pendant 72 minutes à 2500 km/h. Mais cela ne suffit pas et Tupolev, comprenant que le 135 serait rejeté, donna l'ordre à son bureau d'études de se concentrer sur le Tupolev 125.

    En décembre 1963, le Tupolev 135 fut rejeté en faveur du Sukhoï T-4, qui fut le seul à être construit même s'il resta à l'état de prototype. En fait, sa construction ne faisant appel qu'à l'aluminium, il était limité à Mach 2,35. Si le Tupolev 135 ne fut jamais construit, certaines études et solutions servirent cependant lors du développement du Tu-22M Backfire et du Tu-160 Blackjack.




    https://www.globalsecurity.org/wmd/world/russia/tu-135.htm


    https://www.globalsecurity.org/wmd/world/russia/yak-33.htm


    https://www.secretprojects.co.uk/forum/index.php?topic=1670.0


    https://www.secretprojects.co.uk/forum/index.php?topic=10847.0


    http://www.ussr-airspace.com/index.php?main_page=product_info&cPath=28_39_38_108&products_id=2004


    https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=ru&u=https://testpilot.ru/russia/tupolev/135/135.htm&prev=search
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