Derrière la façade...

  • Il fait chaud !
    Je nettoie un peu mon ordi…la clim me refroidit le dos.
    Et je trouve ce texte. Ces mots qui sont partis et que j'avais écrits juste quelques mois après mon arrivée.
    J'ai du le transformer, juste un peu, pour l'actualiser.
    Et puis je me suis dit : et si tu le postais ?"

    Alors… le re voilà.
    Certains anciens s'y retrouveront et reconnaîtront. J'espère seulement que les nouveaux au moins apprécieront.


    Derrière la façade

    La façade était sobre.
    Juste au dessus des vitres, que l'on devinait doublées d'épais rideaux, un vieux coucou d’avant tentait avec beaucoup de peine de shotter celui qui devant lui cherchait à s’échapper. Entre ces deux époques et avions prestigieux quelques mots, écrits en bleu, " aviationsmilitaire.net" annonçait clairement leur passion.
    Le brouhaha, qui parvenait dans la rue déserte à cette heure tardive, m'invita à entrer.

    Je poussai la porte, presque timidement et, franchissant le perron, pénétrai dans ce lieu jusque là inconnu.
    La lumière était faible, l'ambiance était feutrée et doucement une odeur de vieux cuir me parvint aux narines. Sans même suspendre leur discussion, la plupart de ces membres tournèrent la tête vers moi. Je me sentis tout à coup dévisagé, balayé de bas en haut par des dizaines d'yeux que je ne connaissais pas.
    A peine intimidé mais attiré par cette ambiance inconnue et un peu irréelle, je restai debout où j'étais, et du regard, balayai à mon tour ce qui s'offrait à moi.

    Soigneusement alignés, de gros posters d'avions tapissaient tous les murs sur lesquels la vieille moquette couleur chocolat passait au second plan. Quelques étagères au milieu du décor pliaient sous les maquettes d'acier, de bois et de plastique.
    Et puis partout des portraits d'hommes et de femmes en tenue de vol.
    La lumière un peu faible m'obligea une approche.

    Dans de vieux cadres en bois, mélangés sans ordre ni préférence, les portraits des anciens, ces héros qui furent, à bord de leurs avions ou engins de passion, pionniers de leur époque.
    Parfois un cliché plus récent comme celui de cet homme qui d'après l'inscription tremblante "Bouba sur Rafale - Décembre 2007." avait depuis peu rejoint les autres aux cieux, invitait au respect.

    Et puis, dans des rares espaces encore vides, comme des potstits géants, des messages personnels écrits par dizaines sans trop d'application mais comportant tous au moins le mot "amitié", "salut" ou "bienvenue" adressés aux nouveaux, à ceux qui comme moi avaient un jour osé.

    Deux gros ventilateurs aux pales de bois verni brassaient l'air, doucement, juste au dessus des têtes.

    De joyeux éclats de rire parvinrent à moi.
    Je me tournai et vis, un peu à l'écart dans un coin de la salle, qu'un grand comptoir en zing cabossé mais brillant accueillait les bavards.
    Les discussions s'y croisaient s'y mêlaient et s'y chevauchaient, cela dans la plus totale courtoisie, et tous les sujets y étaient abordés.
    Je parvins à comprendre qu'il s'y parlait de tout. Du petit dernier né de l'un, du temps à l'étranger de l'autre, des vacances, du boulot, des passions, des loisirs et surtout de nous tous.
    Je vis bien quelques jeunes yeux se lever gentiment vers le blanc du plafond lorsque que l'un des anciens, la pipe entre les mains, racontait, avec des mots choisis emprunts de nostalgie, les morceaux de sa vie, provenant d’un passé qui n'était pourtant pas si loin.
    Jamais la moquerie ne fut prise en défaut par mon regard curieux.
    J'étais tout simplement entré dans un cercle de ce qui semblait être celui de passionnés.

    Au détour du comptoir, je perçus tout à coup quelques bonnes boutades. Là, quelques jeunots tentaient, avec des théories choisies et surtout par provocante camaraderie, de persuader l'un d'eux qu'ils traitaient gentiment de cosaque que son zing préféré n'était qu'un vieux "fagot".
    Ce dernier répliquait bec pour bec sans attendre, et tentait de convaincre ces gentils assaillants que « ses » pays de l'Est, étaient, à son avis, bien au dessus du lot.
    Dans ce clan de piailleurs, l'ambiance était bruyante mais chaque phrase était accompagnée d'un complice clin d'œil ou de mots d’amitié.
    Les rires y fusaient, les regards se croisaient et les mains se serraient lorsque l'un s'écartait du groupe ou qu'un nouveau à son tour s'y joignait.

    Dans un coin, vers l'entrée, je saisissais enfin d’où provenait le bruit perçu depuis la rue.
    Un groupe de passionnés semblait faire la pause.
    Comme si l'heure de la récré avait soudain sonné, nos joyeux s'échangeaient les meilleures des leurs blagues, les perles de l'un d'eux ou d’un nouveau venu.
    De grands éclats de rire explosaient tout à coup.
    On se tapait l'épaule, se soutenait le ventre et buvait un bon coup.
    De temps à autre, comme dans un roulement organisé, l'un d'eux quittait ce coin d'humour. Il libérait sa place et se fondait au milieu d’un groupe débattant cette fois, mais plus sérieusement, de bateaux, de très gros porte-avions de fusées de missiles mais aussi de canons, d’engins de tous les genres, civils ou militaires, des essais et de nombreux projets, comme s’ils y étaient.
    Chacun avait sa part et sa spécialité et lorsqu'il abordait son sujet préféré, quel qu'en soit l'orateur, il était respecté.

    Entre deux panneaux de photos et d'affiches jaunies, de vieilles étagères pliaient elles aussi sous le poids de bouquins, odorant d’une bonne odeur de vieux papier encré.
    De vieux manuels de vols, poussiéreux, côtoyaient le dernier fascicule des fans d'aviation et les bandes dessinées se mêlaient aux ouvrages. Tout était fait pour lire, et beaucoup le lisaient.
    Sur des carrés de marbre, récupérés sûrement dans un troquet perdu, quelques acharnés, penchés dans le halo de lampes de lecture, ingéraient des données, les dernières nouveautés, les actualités. Dans l'angle de la table, sur de petits papiers, le tout était noté, étudié et plus tard commenté.
    Ce besoin de fouiller et bien sur de trouver n'avait pourtant qu'un but. Celui de partager et de communiquer.

    D'autres, plus téméraires, présentaient leur profil et épinglaient au mur le cliché de dimanche pris "tout à fait par hasard" mais destiné en fait à compléter l'album de tous ces passionnés.

    Plus au centre du bar, un groupe de ceux-ci discutait avec passion de sujets plus sérieux.
    En passant devant eux, je cru comprendre qu'il se débattait d'actualité, d'évènements récents, des forces dans le monde, de conflits actuels mais aussi de ceux, trop nombreux, qui se préparaient.

    Sur la longue planche posée sur des tréteaux, une longue piste y était dessinée et quelques belles maquettes y étaient déposées, prêts à un décollage vers des cieux inconnus.
    Quelques passionnés y restaient penchés, regardant en détail tous les moindres détails, comme s’ils apprenaient.
    L'un d'eux, amoureux du Rafale, n’écoutait plus, et depuis bien des temps, les gentilles boutades de ses camarades répétant, pour le faire marcher, qu'il était bien trop cher pour tous les étrangers.

    Quelques uns d’entre eux se distinguaient par leur rôle qui semblait bien précis.
    En plus de discuter, animer les débats, corriger les erreurs, orienter les rêveurs, ils ouvraient grands les yeux et veillaient que tout se passe bien. On disait d’eux qu’ils étaient des modos. Je ne connaissais pas ce mot et ça me fît penser à mes jeunes années, celles de la colo.

    La gente féminine était représentée, timidement certes, mais dans la qualité. L’une était armée d’un beau décolleté, l’autre y paradait, un fusil à la main, une autre maniait le stylo comme un vrai écrivain et ses armes préférées n’étaient constituées que de pages et de livres qu’elles faisaient aimer.
    Certaines y passaient, venaient y rigoler, se faisaient charrier et puis disparaissaient.
    L’ambiance y était gaie.

    Les heures avaient passé. La salle se vidait, le silence tombait comme au dehors cette nuit étoilée.
    Je me retrouvai seul. Il était déjà tard et malgré ma récente venue dans ce bar parmi eux, je m'aperçus qu’ils me laissaient fermer, éteindre les lumières et bien ranger la clé.

    Je sortis dans la rue et je me retournai.
    Dans la ruelle, la façade brillait et en haut de la porte, dans ce grand bandeau bleu, deux avions de légende côte à côte volaient.

    Ps : Je laisse le soin a un Green men de s'occuper des index. J'ai oublié. ;)
    Escaladant le bleu brûlant du vaste ciel J'ai survolé les cimes battues par les vents Et sous la coupole sainte de l'espace infini , Tendant la main, j'ai touché la face de Dieu.1/13 Artois
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  • Le beau décolleté, c'était Ninie. C'est bien la seule chose dont je me rappelle. :mrgreen:
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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  • Au oui…j'avais oublié !
    T'as quand même une mémoire bien sélective ! ;)
    Escaladant le bleu brûlant du vaste ciel J'ai survolé les cimes battues par les vents Et sous la coupole sainte de l'espace infini , Tendant la main, j'ai touché la face de Dieu.1/13 Artois
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  • Dès qu'on parle d'avions de chasse ou présumés tels, je suis très attentif. :mrgreen:
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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  • marre d'avoir l'ordi qui bugge à chaque fois que PC passe.

    obligée à textes courts (réjouissez-vous), juste le temps de dire que je cherche un parolier pour transformer des standarts de la chanson en trucs d'avions, et que chez PC, suis sûre que ça viendrait tout seul..

    exemple1: "Syracuse" devient..

    "j'aimerais tant voir….. un Airbus
    un bi-moteur ou un quadri,

    à réacteur ou à hélices,
    j'aimerai tant voir un Airbus." ect, ect

    exemple2: " Biche ô ma biche" devient:

    "Beech ô mon Beech,
    quant tu surlignes
    tes hélices de crayon bleu,
    Beech ô mon Beech.." ect


    poétes du boulon, de la pale et de tout ce qui vole, j'accepte tout couplet à rajouter.

    alors tu parles que les visites de PC, je les guette.
    moi je suis la fougère et lui l'oiseau de fer
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  • Merci PCMax pour ce moment 8-) .
    "Vous êtes marié, comme moi ; vous savez que la monstruosité peut prendre des formes très diverses" Leodagan Kaamelott.MiG-21 1 : "Vite ! Furtivité Plasma !"MiG-21 2 : "Ah ! Il ne nous retrouvera pas!"MiG-21 1 : "Oh non! Fatalité! Le mien tombe en panne!" MiG-21 2 : "Zut !"
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  • Merci de partager ce texte PCMax :) .
    ¤ Nicolas Sur AMN : Nico2, inscrit le 09 Jan 2006, 16:45>> N'oubliez pas de lire et de relire le Règlement du forum.>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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