Tupolev Tu-148

  • Le Tupolev 148 fut l'ultime développement du Tu-128 Fiddler. Son étude commença en 1965, non pas comme intercepteur pur comme son prédécesseur mais comme avion multirôle. Outre l'interception, on attendait de lui par exemple des missions d'attaque au sol, de frappe nucléaire ou de reconnaissance. Une soute permettait d'emporter : 4 missiles K-100* ou K-100P, ou 12 missiles air-air K-25**, ou 2 missiles Kh-28, ou 2 bombes nucléaires, ou un pack complet de reconnaissance/renseignement électronique, voire un missile Kh-22 (AS-4 Kitchen) anti-navires.

    La différence la plus visible concernait les ailes, qui devenaient à flèche variable avec une emplanture médiane. Il était motorisé avec deux RD-19R-2 fournissant 14200 kgp avec la réchauffe, pouvait voler à 18000 mètres d'altitude à 2500 km/h, ou à 1400 km/h à basse altitude. Sa distance franchissable était de 2500 km en supersonique, le double en régime de croisière, grâce à une capacité en carburant comprise entre 18,5 et 21,5 tonnes de carburant.

    Le Tupolev 148-100 (ainsi appelé puisqu'il emportait des missiles K-100) ressemblait vu de dessus à un Tornado agrandi, mais rappelait encore son prédécesseur vu de côté. Ses entrées d'air par contre rappelaient le futur Tu-22M-0 et se situaient juste sous le cockpit avant.

    Le projet, ambitieux, demandait l'étude d'une technologie avancée : un radar Smerch (ou Groza-100) et des missiles K-100, par exemple, capable d'atteindre une cible à 250 km de distance, même si elle volait à 4500 km/h à 32000 mètres d'altitude. Une telle technologie aurait demandé au moins 10 ans de mise au point. Les VVS ne ressentaient pas réellement le besoin d'un appareil polyvalent, lui préféra le Su-24 et le projet, en l'état, fut abandonné.

    Le Tupolev 148 fut retravaillé à la fin des années 1960 pour devenir un intercepteur pur. En tant que tel, il fut proposé à la PVO. Ayant toujours des ailes à flèche variable, mais avec une emplanture basse et des entrées d'air en biseau, il ressemblait à un Tu-22M Backfire en miniature, d'ailleurs déjà à l'étude sous la désignation Tupolev 145. Seule la verrière était plus ou moins reconnaissable.

    Cette nouvelle version voyait ses ailes varier entre 20° et 56°. Elle devait être équipée du radar Zaslon et de 4 missiles air-air R-33 (AA-9 Amos), d'où la désignation Tu-148-33. Ces équivalents soviétiques du AIM-54 Phoenix étaient à moitié encastrés dans le ventre de l'appareil. Ce Zaslon première version, outre qu'il dirigeait les missiles, pouvait engager 2 cibles en même temps (celle du MiG-31 pouvant en engager 4 simultanément) ou une cible volant à 50 mètres du sol.

    On retrouvera plus tard ce radar et ces missiles sur le MiG-31, dont la motorisation est équivalente au Tupolev 148 : les deux réacteurs Kolesov RD36 prévus devaient fournir 16000 kgp avec réchauffe (15500 kgp pour le MiG-31). En comparaison, les réacteurs du Tu-128 fournissent 10 tonnes de poussée chacun avec la réchauffe, d'où de nettes améliorations en terme de vitesse et de plafond.

    Cet appareil de plus de 30 mètre de long, pesant pas moins de 60 tonnes au décollage, était capable de voler à 1650 km/h en altitude même avec des missiles (2500 km/h en configuration lisse), et de voler à 17000 mètres. Sa distance franchissable (point important pour cette classe d'appareils) était de 4600 km même sans ravitaillement en vol. Bien qu'il pesait 20 tonnes de plus que le Tu-128, il pouvait décoller en 800 mètres au lieu de 1350 mètres pour le Fiddler.

    Une maquette grandeur nature fut construite et examinée plusieurs fois. Bien que les autorités soient impressionnées par ce projet qui incluait les systèmes avioniques les plus récents, il fut abandonné au début des années 1970 (en 1972 ou après). En effet, la PVO lui préféra le futur MiG-31 qui volerait à partir de 1975. Le commandant de la défense aérienne, Kadomtsev, était partisan de sa fabrication en série mais sa mort (en mai 1968, dans le crash d'un prototype du MiG-25P) changea la donne.


    * Un ancêtre, semble-t-il, du KS-172 anti-Awacs de Novator. Le développement de ce dernier a commencé au début des années 1990.
    ** la soute a beau être grande, on sait pas trop comment ils auraient tenus. Le K-25 était une pure copie du AIM-7 Sparrow dont un exemplaire avait été acquis en 1968. Son étude permettra la mise au point du R-23/AA-7 Apex.


    http://avia-pro.fr/blog/tu-148


    http://www.airvectors.net/avtu128.html#m3


    https://www.secretprojects.co.uk/threads/tupolev-tu-128-138-148-heavy-interceptors.266/


    https://www.globalsecurity.org/military/world/russia/tu-148.htm
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