Cierva W.11 Air Horse

Rappels

  • Catégorie : Hélicoptère
  • Constructeur : Cierva drapeau du pays
  • Premier vol : 8 décembre 1948
  • Production : 2 appareils construits (cellules neuves)
Cierva W.11 Air Horse

Historique

Les premiers hélicoptères opérationnels entrent en service aux États-Unis dès 1944, mais aucun des quelques 700 Sikorsky R.4, R.5 et R.6 déjà produits ne traverse l'Atlantique à temps pour prendre part aux combats en Europe. Dans le même temps chez Bell, Hiller, Kaman et quelques autres, de nouveaux projets sont en cours de développement, voire au stade des essais. Bien que les britanniques soient au courant de ces travaux, la découverte de l'état d'avancement américain stimule l'imagination de nombreux constructeurs. En comparaison, en France, ils sont une demi-douzaine à se lancer dans l'aventure.

En abordant ce domaine encore peu exploré, rares sont ceux qui ont la sagesse de "se faire les dents" en appliquant la formule qui a déjà démontré ses réelles possibilités outre-Atlantique : l'association d'un rotor principal et d'un rotor anti-couple. Ce système semble être un véritable épouvantail pour les ingénieurs européens et, avec beaucoup de présomption et d'imprudence, la plupart d'entre eux se lancent dans des formules révolutionnaires qui, pour la majorité, n'aboutissent pas. La création la plus étonnante de cette époque porte le nom de La Cierva. Cet ingénieur d'origine espagnole, s'était installé en Grande-Bretagne en 1925. Il est l'un des précurseurs des voilures tournantes avec l'autogire dans les années 1930, sans grand succès. 

Dès la fin de la guerre, la société britannique Cierva Autogiro Company se renforce en acquérant l'entreprise Weir qui a déjà quelques projets d'hélicoptères dans ses cartons. La première réalisation, le mono-rotor Cierva W.9 expérimental, succombe à la mode des solutions techniques complexes car la compensation du couple est assurée par un échappement latéral de gaz. En fait, les malheureux 250 ch du moteur De Havilland Gipsy Queen s'avèrent incapable de compenser quoi que ce soit et le W.9 est abandonné. On revient alors très vite à la formule classique avec le petit biplace école Cierva W.14 Skeeter, qui connaîtra une honorable carrière après la reprise de son développement par Saunders-Roe.

Cette prudence technique n'est que façade car, depuis 1944, Cierva travaille sur un projet Weir beaucoup plus ambitieux : le W.11 Air Horse de presque 8t de masse en charge, dont la formule, à l'époque unique, le restera.

La machine comporte en effet pas moins de trois rotors de 15m de diamètre, disposés à 120° les uns des autres et entraînés par un moteur positionné dans le corps central. On imagine sans peine la complexité du système ainsi que le poids et la fragilité des arbres de transmission de près de 8m de long, soumis aux vibrations intenses d'un moteur à piston : un Rolls-Royce Merlin 24 de 1620 ch (le même que celui équipant l'Avro Lancaster), logé à l'intérieur du fuselage, en arrière du poste de pilotage. Il y a tout lieu de supposer que l'installation d'un moteur de cette puissance à l'intérieur d'une coque d'environ 100m3 formant une caisse de résonance devait poser d'importants problèmes de vibrations, de ventilation, de refroidissement et de niveau sonore. Le moteur entraîne une boîte de distribution, comportant un embrayage et une roue libre, qui transmet le mouvement aux trois boîtes de transmission secondaires correspondant aux trois rotors. Ils tournent dans le même sens et la compensation du couple est obtenue par l'inclinaison des moyeux.

En dépit de l'aspect futuriste de la machine, Cierva obtient en juillet 1946 une première commande pour un prototype, puis en février 1947, une seconde. Toutes deux émanent du Ministère du Ravitaillement. Avec beaucoup d'optimisme, le W.11 est en effet conçu en vue d'une utilisation opérationnelle. Il est vrai que le dossier de présentation avance des arguments séduisants : une vaste cabine de 70m3 accessible par le basculement de l'arrière du fuselage, une capacité de 24 passagers transportés à plus de 180km/h sur plus de 700km. 

Le premier appareil (s/n VZ-724) vole le 8 décembre 1948. Néanmoins, la mise au point s'avère très lente puisque 4 mois plus tard, seulement deux heures et demi de vols stationnaires assortis de modestes déplacements latéraux sont effectués. Cependant, il est présenté en septembre 1949 au salon de Farnborough, où il suscite une légitime curiosité (sous le s/n G-ALCV). Malheureusement, le premier Air Horse est détruit le 13 juin 1950 suite à la rupture d'une biellette de commande de pas sur l'une des têtes de rotor. Le programme et le second exemplaire (s/n G-ALCW), pourtant construit, sont alors brutalement abandonnés.




Texte d'Ansierra117

Versions

  • Cierva W.11 : Prototypes. 2 exemplaires.
  • Cierva W.11T : Projet de version d'épandage agricole élargie et motorisée par 2 Rolls-Royce Merlin 502 ou Dart.
  • Cierva W.12 : Projet de version de transport de fret motorisée par 2 Rolls-Royce Dart.

Sur le forum…

  • Merci pour cette fiche de qualité. :)
    ¤ Nicolas Sur AMN : Nico2, inscrit le 09 Jan 2006, 16:45>> N'oubliez pas de lire et de relire le Règlement du forum.>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Ansierra117 a écrit

    Voilàààààà (ça c'est la liste des hélicos de Cierva et Weir, maintenant je ne sais pas exactement lesquels ont pu avoir des applications militaires)
    Ben y'a plus qu'à creuser… :mrgreen:
    Du moment qu'ils ont été utilisés ou même testés par une force militaire, on est sensé être preneur. T'en fait pas: ça nous arrive au moins toutes les semaines de découvrir un ou plusieurs appareils non listé…
    Mais soyons positif: plus on en répertorie et moins on en oublie… :bonnet:
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • Clansman a écrit

    La fiche sur le site

    Je l'ai juste enrichie d'une photo et d'une vidéo.

    il y a un paquet d'hélicoptères Cierva à ajouter à la liste

    Vas-y, fais péter la liste. :mrgreen:


    Ahaha tu vas le regretter :

    C.1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 17, 18, 19, 20, 21, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 37, 39, 40 ; W.4, W.5, W.6, W.9, W.14 ; CR Twin

    Voilàààààà (ça c'est la liste des hélicos de Cierva et Weir, maintenant je ne sais pas exactement lesquels ont pu avoir des applications militaires)
      Lien   Revenir ici   Citer modifié par WNBYWO7sIFVgwcg5XJ le 29 septembre 2016 10:40
  • Clansman a écrit

    Vas-y, fais péter la liste. :mrgreen:
    Euh… de nos jours, il vaut mieux bannir cette expression, Clans' … :bonnet:
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • La fiche sur le site

    Je l'ai juste enrichie d'une photo et d'une vidéo.

    il y a un paquet d'hélicoptères Cierva à ajouter à la liste

    Vas-y, fais péter la liste. :mrgreen:
    Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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  • Merci Ansierra pour cette fiche dont je ne connaissais pas l'appareil !
    À l'époque, il aurait été un sacré bon en avant s'il avait pu être développé ! :shock:
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • Les premiers hélicoptères opérationnels entrent en service aux États-Unis dès 1944, mais aucun des quelques 700 Sikorsky R.4, R.5 et R.6 déjà produits ne traverse l'Atlantique à temps pour prendre part aux combats en Europe. Dans le même temps chez Bell, Hiller, Kaman et quelques autres, de nouveaux projets sont en cours de développement, voire au stade des essais. Bien que les britanniques soient au courant de ces travaux, la découverte de l'état d'avancement américain stimule l'imagination de nombreux constructeurs. En comparaison, en France, ils sont une demi-douzaine à se lancer dans l'aventure.

    En abordant ce domaine encore peu exploré, rares sont ceux qui ont la sagesse de "se faire les dents" en appliquant la formule qui a déjà démontré ses réelles possibilités outre-Atlantique : l'association d'un rotor principal et d'un rotor anti-couple. Ce système semble être un véritable épouvantail pour les ingénieurs européens et, avec beaucoup de présomption et d'imprudence, la plupart d'entre eux se lancent dans des formules révolutionnaires qui, pour la majorité, n'aboutissent pas. La création la plus étonnante de cette époque porte le nom de La Cierva. Cet ingénieur d'origine espagnole, s'était installé en Grande-Bretagne en 1925. Il est l'un des précurseurs des voilures tournantes avec l'autogire dans les années 1930, sans grand succès.

    Dès la fin de la guerre, la société britannique Cierva Autogiro Company se renforce en acquérant l'entreprise Weir qui a déjà quelques projets d'hélicoptères dans ses cartons. La première réalisation, le mono-rotor Cierva W.9 expérimental, succombe à la mode des solutions techniques complexes car la compensation du couple est assurée par un échappement latéral de gaz. En fait, les malheureux 250 ch du moteur De Havilland Gipsy Queen s'avèrent incapable de compenser quoi que ce soit et le W.9 est abandonné. On revient alors très vite à la formule classique avec le petit biplace école Cierva W.14 Skeeter, qui connaîtra une honorable carrière après la reprise de son développement par Saunders-Roe.

    Cette prudence technique n'est que façade car, depuis 1944, Cierva travaille sur un projet Weir beaucoup plus ambitieux : le W.11 Air Horse de presque 8t de masse en charge, dont la formule, à l'époque unique, le restera.

    La machine comporte en effet pas moins de trois rotors de 15m de diamètre, disposés à 120° les uns des autres et entraînés par un moteur positionné dans le corps central. On imagine sans peine la complexité du système ainsi que le poids et la fragilité des arbres de transmission de près de 8m de long, soumis aux vibrations intenses d'un moteur à piston : un Rolls-Royce Merlin 24 de 1620 ch (le même que celui équipant l'Avro Lancaster), logé à l'intérieur du fuselage, en arrière du poste de pilotage. Il y a tout lieu de supposer que l'installation d'un moteur de cette puissance à l'intérieur d'une coque d'environ 100m3 formant une caisse de résonance devait poser d'importants problèmes de vibrations, de ventilation, de refroidissement et de niveau sonore. Le moteur entraîne une boîte de distribution, comportant un embrayage et une roue libre, qui transmet le mouvement aux trois boîtes de transmission secondaires correspondant aux trois rotors. Ils tournent dans le même sens et la compensation du couple est obtenue par l'inclinaison des moyeux.

    En dépit de l'aspect futuriste de la machine, Cierva obtient en juillet 1946 une première commande pour un prototype, puis en février 1947, une seconde. Toutes deux émanent du Ministère du Ravitaillement. Avec beaucoup d'optimisme, le W.11 est en effet conçu en vue d'une utilisation opérationnelle. Il est vrai que le dossier avance des arguments séduisants : une vaste cabine de 70m3 accessible par le basculement de l'arrière du fuselage, une capacité de 24 passagers transportés à plus de 180km/h sur plus de 700km.

    Le premier appareil (s/n VZ-724) vole le 8 décembre 1948. Néanmoins, la mise au point s'avère très lente puisque 4 mois plus tard, seulement deux heures et demi de vols stationnaires assortis de modestes déplacements latéraux sont effectués. Cependant, il est présenté en septembre 1949 au salon de Farnborough, où il suscite une légitime curiosité (sous le s/n G-ALCV). Malheureusement, le premier Air Horse est détruit le 13 juin 1950 suite à la rupture d'une biellette de commande de pas sur l'une des têtes de rotor. Le programme et le second exemplaire (s/n G-ALCW), pourtant construit, sont alors brutalement abandonnés.

    Caractéristiques :

    largeur : 29m
    longueur : 27m
    masse à vide : 5500kg
    masse maxi au décollage : 7950kg
    vitesse max : 225km/h
    distance franchissable : 530km

    Sources :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Cierva_Air_Horse

    http://www.aviastar.org/helicopters_eng/west_w11.php

    http://forum.keypublishing.com/showthread.php?84265-Cierva-Air-Horse-Forgotten-helicopter



    La fiche est sur le site et j'ajoute qu'il y a un paquet d'hélicoptères Cierva à ajouter à la liste ;)
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