Le Be-10 était un hydravion lourd à réaction, qui devait servir théoriquement à la patrouille maritime et au bombardement. C'était l'époque où on pensait que l'hydravion à réaction, combinant vitesse et capacité à amerrir, pouvait avoir un avenir. Il y eu d'ailleurs d'autres projets à l'époque, aux Etats-Unis notamment.

Le Be-10 bénéficiait de l'expérience acquise avec le R-1, un prototype. Dès septembre 1953, le commandant en chef de l'aviation navale suggéra au ministre de la défense d'en dériver un appareil biréacteur. Le 8 octobre 1953, un décret parut, demandant à Beriev de concevoir le produit M, un appareil de patrouille maritime, capable de larguer des mines ou des torpilles, de bombarder à haute altitude des navires ou des ports. L'appareil devait avoir une vitesse entre 950 et 1000 km/h, une distance franchissable de 3000 km, un plafond de 15000 m, et résister à des vagues d'1,5 mètres et des vents de travers de 20 m/s.

2 prototypes furent construits. Il se présentait comme un hydravion à coque, avec des ailes hautes et deux réacteurs montés dans des nacelles sous les ailes. Sa construction était entièrement métallique. Ses ailes avaient un dièdre négatif et une flèche de 50°, au bout desquelles se trouvaient des flotteurs. Son équipage était constitué de 3 membres.

Le prototype effectua son vol inaugural le 20 juin (ou juillet, mais plutôt juin) 1956, entre les mains de VV Kuryachy, BS Fadeyev et GB Gilyatkin. 76 vols d'essais eurent lieu jusqu'au 20 octobre 1958 à Gelendzhik. L'appareil s'avérant fragile, surtout en mer, il fallut le modifier. La version de série pouvait résister à des vagues d'1,2 mètres et des vents de travers de 16 m/s.

28 exemplaires furent construits entre 1958 et 1961, date de sa première apparition à Tushino avec 4 appareils. Outre l'armement d'auto-défense constitué de 4 canons AM-23 ou NS-23 (2 à l'avant et 2 dans une tourelle de queue guidée par radar), il pouvait emporter au moins 3 torpilles RAT-52 ou des mines navales, ou 12 bombes FAB-250 voire une bombe FAB-3000, placées sous les ailes.

En réalité l'appareil était fragile, souffrant de fatigue structurelle à cause de la vitesse élevée au décollage et à l'atterrissage (300 km/h), que de la corrosion. De plus, il s'avérait difficile à piloter. Une version améliorée, le Be-10N, fut envisagée, mais il fut retiré du service dès 1968 et remplacé par le Be-12, plus solide, plus fiable et à la plus grande autonomie. De plus, l'angle des bombardements s'avéra problématique et la précision réduite. Mais au moins fut-il le premier, et aujourd'hui encore l'unique hydravion à réaction a avoir connu le stade de la production en série.

Un Be-10 fut modifié afin de battre des records internationaux de vitesse et d'altitude. Désigné M-10 et codé 40 jaune, il en battit 12 lors de l'été 1961. Parmi ceux-ci, notons celui à 912 km/h par Nikolai Andrievskii sur une base de 15/25 km (7 août 1961), et celui à 12733m avec une charge de 10000 kg, enlevé par Georgi Buryanov le 9 septembre 1961. La plupart de ces records sont toujours détenus par le Be-10.


La fiche sur le site


http://en.wikipedia.org/wiki/Beriev_Be-10


http://www.aviastar.org/air/russia/be-10.php


http://www.globalsecurity.org/military/world/russia/be-10.htm


http://www.ctrl-c.liu.se/misc/ram/be-10.html


http://www.aerospaceweb.org/question/performance/q0190.shtml