
J'adore ces gros trucs originaux typiquement russes !
Le Lun (ou Projet 903) fut conçu par Rostislav Evgenievich Alexeyev dans la lignée de son KM, le fameux monstre de la Caspienne, qui s'était écrasé en mer en 1980. Il en reprend d'ailleurs la configuration générale. Le Lun était un peu plus petit que le KM, mais ses dimensions représentent tout de même 74 mètres de long, 44 mètres d'envergure et 380 tonnes maximum au décollage. En comparaison, le KM avait une longueur de 92 mètres et une masse maximale de 544 tonnes. Quand à l'Orlyonok, il ne fait que 58 mètres de long pour 140 tonnes. De telles dimensions expliquent pourquoi l'Organisation Maritime Internationale considère les ekranoplanes comme des navires. Dans le cas du Lun, il ne pouvait guère voler plus haut que 16 pieds, malgré une altitude officielle de 500 mètres.
Le Lun (Busard Saint-Martin en russe) se caractérisait par un fuselage en coque, des ailes médianes droites, un empennage en T et 8 réacteurs montés sur des plans canards très à l'avant du fuselage, juste en arrière du cockpit. Il s'agissait de réacteurs Kuznetsov NK-87 de 127,4 kN chacun. Les tuyères sont dirigeables vers le bas, de façon à ce que le souffle des réacteurs soit dirigé vers l'intrados de l'aile. L'appareil bénéficie ainsi de l'effet de sol. Cette technologie est efficace en ce sens qu'elle permet aux appareils d'emporter deux fois leur poids. Il est plus rapide qu'un navire et plus économique qu'un avion. Il ne faut cependant pas confondre un ekranoplane avec un hydravion ou un hydrofoil.
Il ne dispose pas de train d'atterrissage et n'est pas conçu pour aller sur terre. Une cale sèche flottante fut donc construite exprès pour lui. Il peut déjauger ou amerrir malgré des vagues de 3 mètres, et voler malgré des vagues de 5 mètres.
Le Lun, qui aurait reçu le nom de code OTAN "Duck", était avant tout conçu pour la lutte anti-navires : il emportait un radar de recherche Puluchas placé dans le nez. Son armement principal constituaient en 6 missiles P-270 Moskit (Moustique, code OTAN SS-N-22 Sunburn), capables de Mach 3 et peut-être armés de têtes nucléaires, placés dans des tubes de lancement fixes en position dorsale, paire par paire l'une derrière l'autre. Pour son auto-défense, il disposait de deux tourelles de canons PL-23 jumelés de 23 mm, l'une en position dorsale et l'autre juste en-dessous de l'ouverture des tubes de lancement à l'avant. De 11 à 15 personnes, dont 6 ou 7 officiers, constituaient l'équipage. Ils disposaient de toilettes, d'une cambuse ainsi que d'espaces personnels, et l'appareil avait une autonomie de 5 jours. Le confort était cependant tout-à-fait spartiate.
Outre la lutte anti-navires et éventuellement la frappe nucléaire, il semble que le Lun pouvait avoir comme missions la lutte anti sous-marine, ainsi que le transport de fret et de soldats (le chiffre de 900 soldats est évoqué, même si cela n'a jamais été testé : les chiffres de 40 tonnes de fret ou 400 soldats semblent plus réalistes). L'appareil volant très bas et vite, il pouvait frapper avec succès une flotte ennemie sans être repéré. Cependant, s'il pouvait échapper aux mines et aux torpilles, il était très vulnérable aux chasseurs. De plus, il souffrait de problèmes de stabilité, de contrôle en vol et de maniabilité. Son pilotage et son placement face à la cible devaient être très précis et requéraient une extrême vigilance.
Un seul exemplaire fut construit, le MD-160 : il fut construit en 1987 et entra en service en 1989 au sein de la flotte de la Mer Noire, fut transféré à la marine russe lors de la chute de l'URSS pour être retiré du service à la fin des années 1990. Il est désormais stocké à l'extérieur au dépôt de la marine russe de Kaspiisk, dans la république du Daguestan. Il n'est manifestement plus en état de vol et ne revolera sans doute plus jamais.
Le Ministère de la Défense n'envisage pas de le remettre en service, bien qu'une telle éventualité ait été annoncée en 2007. Il est cependant possible qu'il serve de base à de futurs projets.
Un deuxième exemplaire était en cours de construction en 1989, lorsque survint l'accident du sous-marin Komsomolets qui coûta la vie à 42 marins. Il fut donc décidé de le transformer en hôpital de campagne mobile, capable de se déployer rapidement sur les côtes. Il reçut à cette occasion le nom de Spasatel (sauveteur). Il aurait pu décoller en 15 minutes et recueillir 600 blessés. Cependant, alors que la construction était terminée à 90%, la chute de l'URSS survint, avec pour conséquence le manque de budget. Il ne fut jamais terminé.
Une variante dédiée au transport civil de passagers et de fret fut peut-être envisagée.
J'aime beaucoup ton intro
Duck ? Je n'avais jamais entendu parler de ce code… que signifierait le D ?
Je ne sais pas trop : s'ils ont insisté aussi longtemps, c'est peut-être parce qu'ils y croyaient mais que ce n'était pas si facile, non ?
Je crois que ça ne fonctionne pas comme ça avec l'effet de sol, justement : ça forme une sorte de coussin d'air, un peu comme un aéroglisseur.
Lun (Busard Saint-Martin en russe)Y a pas à dire, le russe est une langue concise ^^
j'ai toujours été fasciné par les ekranoplaneschouette, je ne suis pas tout seul !
mais je me suis aussi toujours posé la question de leur réelle utilité, à part être une magnifique cible ?Comme dit Clans : il faut les voir comme de petits navires *très* rapides plus que comme des avions.
En tous les cas, les expériences soviétiques puis russes ont montré que c'était une voie sans issue.Je ne sais pas trop : s'ils ont insisté aussi longtemps, c'est peut-être parce qu'ils y croyaient mais que ce n'était pas si facile, non ?
Je me pose également la question de l'utilité de pouvoir basculer les tuyères des 8 réacteurs. Car en accélérant le flux d'air entre les ailes et le sol, cela va créer une dépression, donc diminuer la portance !Je crois que ça ne fonctionne pas comme ça avec l'effet de sol, justement : ça forme une sorte de coussin d'air, un peu comme un aéroglisseur.
l'utilité de pouvoir basculer les tuyères des 8 réacteurs.
Argh, mon patron m'a décontrasté au mauvais moment: je vouzlsais dire cent fois plus grand… y'a même plus moyen de répondre tranquillement sur un forum…Clansman a écrit
Même là, le compte n'y est pas.
Dans le cas du Lun, il ne pouvait guère voler plus haut que 16 pieds, malgré une altitude officielle de 500 mètres.Les russes ont toujours eu des grands pieds… (en fait, ils sont à peine dix fois plus grands que les anglo-saxons)