Breguet 500 Colmar

  • Breguet Br.500 "Colmar"

    Un petit bimoteur français, aux lignes très gracieuses, victime de la guerre et de ses moteurs. Un seul prototype de construit et une carrière très brève.


    1 / Développement

    C'est en 1940 que le bureau d'étude de Breguet envisage de réutiliser la voilure du Br 482, pour en faire un avion de transport civil, avec un nouveau fuselage, aménagé pour le transport de 23 passagers. Contrairement au Br 482, le nouvel appareil, un temps dénommé Br 483T était un bimoteur, équipé initialement de 2 moteurs en étoiles Gnome-Rhone14N-16/17, de 900 ch au décollage. Le projet évolua, maintenant pourvu de G-R 14R-4/5, prévu pour 1600 ch. Ce changement de motorisation entraina un changement de nomenclature, en Br 500.

    L'Etat français, commanda 2 prototypes, sur le même programme que le SO-30. Malgré la défaite de juin 1940, la construction des prototypes commença à l'usine de Montaudran, en zone libre. Une des machines fut détruite lors du bombardement de cette usine en avril 1944, mais le second exemplaire fut sauvé, et, rapidement complété à la libération, effectua son premier vol le 27 février 1945, recevant également son nom de baptème : Colmar.

    Après les essais, il fut présenté aux compagnies aériennes françaises, qui ne le commandèrent pas, car plus cher et moins rentable qu'un DC-3 (23 passagers contre 32, et 2 fois 1600ch contre 2 fois 1250 ch). Un moment favori pour le rééquipement de l'Armée de l'Air, ce fut son concurrent, le SO-30N Bellatrix qui lui fut préféré, le principal défaut du Breguet étant d'être le produit d'un industriel privé, et non des usines nationalisées. Le SO 30 était aussi pressurisé, luxe que le Br 500 ne possédait pas.

    Finalement, le prototype fut incorporé au GLAM (Groupement des Liaisons Aériennes Ministérielles), où il servit de transport ministériel entre 1946 et 1947.

    Le projet Breguet 510 :
    Très tot, les ingénieurs de Breguet se sont rendu compte que le fuselage pouvait être agrandi, sans nécessité de modifications structurales lourdes. Il fut donc envisagé un allongement de 3m du fuselage, permettant de porter le nombre de passagers à 32. Le reste de l'appareil (train d’atterrissage, voilure, empennage, motorisation) serait resté identique. Le nouveau projet reçu le nom de Br 510. Mais, devant le manque d'intérèt pour le Colmar, Breguet arrèta le développement, et il resta à l'état de projet.


    2 / Description

    Bimoteur, monoplan à aile mi-basse de transport civil. Train classique et empennage bidérive. Motorisation par 2 Gnome-Rhone 14R-4/5, de 1600 ch au décollage et 1360 ch en altitude, entrainant des hélices tripales Ratier à pas variable. Comme souvent sur les avions français de l'époque, les moteurs tournaient en sens inverse l'un de l'autre, Si cela pouvait simplifier le pilotage (pas de couple à contrer), cela complexifiait la maintenance et l'approvisionnement en pièces de rechanges. Equipage de 5 hommes (2 pilotes, un radio, un mécanicien naviguant, et un steward), capacité de 23 passagers, en deux cabines (du fait du passage du longeron d'aile).
    Le carburant, 3420 l au total, était contenu dans 4 réservoirs de voilure (870 l + 665 l dans chaque aile) et deux réservoirs de 175l, abrités dans le fuseaux moteurs
    La construction était majoritairement en métal, , avec une aile comprenant 3 longerons, et avec quelques pièces en contreplaqué (revètement des gouvernes de direction).


    3 / Caractéristiques

    Avec 2 moteurs en étoile G-R 14R-4/5, de 1600 ch au décollage, entrainant des hélices tripales à pas variable. Ces moteurs, comme leurs prédécesseurs 14K et 14N, se caractérisaient par une faible fiabilité et de nombreuses pannes.
    Dimensions :

    • Envergure : 24,12 m

    • Longueur : 19,955 (22,955 pour le projet Br 510)

    • Hauteur : 5,075

    • Surface alaire : 66,70 m²

    • Masse à vide : 9320 kg

    • Masse maximale au décollage : 14 560 kg (15 310 pour le Br 510)



    Performances

    • Vitesse maximale:460 km/h, à 3400 m

    • Vitesse de croisière : 400 km/h

    • Autonomie maximale : 2000 km

    • Plafond maximum : 8700 m (théorique, car fuselage non pressurisé, en pratique altitude de croisière limité à 2000 m)




    4 / Utilisateur

    Le seul utilisateur de l'unique Br 500 Colmar fut le GLAM, à Villacoublay, où il servit de transport ministériel sur 2 courtes années, 1946 et 1947. Durant cette période il n'effectua que 29 vols, totalisant totalisant à peine 27 h. En juillet 1947, ses moteurs furent démontés, et l'avion stocké dans un coin de la base, pour être finalement ferraillé en 1952.


    5 / Sources


    • Jean CUNY, Pierre LEYVASTRE : « Les avions Breguet (1940/1971) », Docavia n°6, Editions Larivière, Paris, 1975

    • Philippe Ricco, « Les espoirs déçus du Breguet 500 "Colmar" », Le Fanatique de l'Aviation, no 340,‎ mars 1998

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  • Merci pour cette fiche JFF, c'est un avion que je ne connaissais pas. smiley

    À part peut-être la forme de son empennage (principalement les dérives), je le trouve magnifique. Je me demande quand-même comment ils auraient pu le rallonger de 3 mètres sans gros travaux quand on voit le dessin du fuselage en goutte d'eau…
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • Exact Jéricho, comme sur beaucoup d'avions français de cette période, les dérives sont trop petites. C'était une époque où on confondait maniabilité avec instabilité, où l'aérodynamique et les essais en souffleries étaient un peu mystérieux, et où le dessin d'un avion devait beaucoup au "coup de patte" du chef du bureau d'étude.

    Concernant l'allongement du fuselage, ç'aurait été juste un peu de tolerie, pour rattraper les profils, mais la structure même de la cellule aurait peu changé, et sans toucher aux calculs de résistance structurelle.

    Moi aussi je l'aime ce petit avion, des lignes très élégantes. Mais si il était pertinent en 1940, il ne l'était plus à la fin de la guerre, surtout motorisé avec de vieux Gnome-Rhone 14R. Le dessin concurrent, le SO-30N, qui évolua en SO-90R, ne sera qu'à peine valable, même remotorisé par de Pratt & Whitney (SO-30P Bretagne), malgré son train tricycle et son fuselage pressurisé. Ces 4 années perdues par l'aéronautique française, du fait de la guerre et de l'occupation, furent très dures à rattraper.
      Lien   Revenir ici   Citer modifié par jff le 26 novembre 2022 02:08
  • Le Bréguet Br.500 Colmar est désormais dans l'index du forum concernant les avions français d'après 1945…

    JFF : je te laisse le plaisir de mettre le lien avec ta fiche sur le site ? smiley
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