Historique
Au début des années 1960, la Royal Air Force édita la spécification opérationnelle ASR.371, réclamant un avion de transport lourd. Ce dernier devait emporter une large palette de charges militaires sur de longues distances, dont plus de 200 soldats, de l'artillerie, des hélicoptères, ou encore des missiles Polaris. En effet, les principaux appareils alors utilisés, le Blackburn Beverley et l'Armstrong Argosy étaient insuffisants face à la demande de l'OTAN et aux défis de la guerre froide.
Short Brothers répondit avec un projet dont les premières études remontaient à la fin des années 1950, largement basées sur le Britannia. Douglas proposa son C-133 tandis que Bristol et Hawker présentèrent leurs propres projets. Celui de Short Brothers fut sélectionné en février 1959 et prit alors la désignation SC.5/10.
Le vol inaugural eut lieu le 5 janvier 1964. L'appareil, nommé Belfast, se présentait comme un avion à ailes hautes pourvu de 4 turbopropulseurs Rolls-Royce Tyne. La cabine, longue de 20 mètres, prenait place dans un fuselage pressurisé large de 5,5 mètres et était accessible grâce à des portes de chargement à l'arrière et une rampe. Le train d'atterrissage, tricycle et rétractable, se constituait de 2 boggies à 8 roues pour le train principal et d'un diabolo pour le train avant. Il pouvait emporter 150 soldats avec leur équipement, ou 2 hélicoptères Wessex, ou 6 hélicoptères Scout, ou encore un char Chieftain.
Avec une masse maximale de 100 tonnes, il est inférieur au C-133 ou An-22 contemporains, ainsi qu'au futur C-17. Mais il est supérieur au C-130, ce qui en fit le plus gros avion utilisé par les forces armées britanniques à l'époque. C'était également le premier appareil militaire à recevoir la capacité d'atterrissage automatique en aveugle.
Dès 1964, Short Brothers proposa à British European Airways une version civile à deux ponts pour 228 passagers, qui n'eut aucune suite.
30 appareils, désignés Belfast C1, furent commandés par la RAF, mais seuls 10 furent finalement construits jusqu'en 1968 à cause de leur prix. Les 5 premiers exemplaires, surnommés Dragmaster par les équipages de la RAF, connurent de gros problèmes de trainée aérodynamiques et furent retenus par Short Brothers, le temps de régler le problème. Un nouveau carénage à l'arrière permit d'augmenter la vitesse de 40 mph.
Ce fut donc le 6e exemplaire, immatriculé XR367, qui entra en service au sein du 53e squadron à RAF Brize Norton le 20 janvier 1966. Ce squadron emménagea de mai 1966 à 1967 à RAF Fairford, le temps d'améliorer les capacités de RAF Brize Norton. Les 10 exemplaires reçurent tous des noms de baptêmes. Immatriculés dans l'ordre XR362 à XR371, ils furent baptisés respectivement Samson, Goliath, Pallas, Hector, Atlas, Heracles, Theseus, Spartacus, Ajax et Enceladus. Ils effectuèrent des vols spéciaux, particulièrement à destination de l'Allemagne de l'Ouest.
Le 1er septembre 1972, l'Air Support Command (nouveau nom du Transport Command depuis 1967) fut absorbé par le Strike Command, résultant lui-même de la fusion entre le Fighter Command et le Bomber Command le 30 avril 1968. Cette réorganisation de la RAF et la baisse de crédits eurent des conséquences notamment sur la carrière du Belfast : à partir de juin 1976, ils furent retirés du service et le 53e squadron fut démantelé le 14 septembre 1976. Ils rejoignirent RAF Kemble en vol pour y être stockés.
5 Belfast furent vendus à la compagnie britannique TAC HeavyLift dès 1977. 3 d'entre eux furent modifiés par Marshall of Cambridge, afin de recevoir une certification civile le 6 mars 1980. De manière ironique, ils furent loués par la RAF lors de la guerre des Malouines en 1982 puis lors de la guerre du Golfe de 1991, les Hercules se révélant insuffisants. Rolls-Royce en racheta 3 exemplaires, les XR364, 366 et 370 pour récupérer les moteurs.
La compagnie australienne HeavyLift Cargo Airlines, fondée en 2002, utilisa un Belfast (XR365, Hector) jusqu'en 2011. Il est désormais parqué à Cairns Airport. Lui et le XR371 Enceladus, préservé à RAF Museum Cosford depuis l'automne 1978, sont les 2 derniers Belfast survivants, tous les autres ayant été ferraillés.
Ancien pays utilisateur
- Royaume-Uni : RAF (10 exemplaires) —