Un des meilleurs bombardiers soviétiques de la seconde guerre mondiale, le Pe-2, présente la particularité d'avoir été conçu… en prison. En effet, l'ingénieur Vladimir Petlyakov fut accusé de sabotage lors de l'étude du Pe-8, un bombardier quadrimoteur, et fut interné en 1937. Il fut alors chargé de concevoir l'escorte à haute altitude du quadrimoteur en question, le VI-100.

2 prototypes furent construits : ils étaient très avancés pour l'époque, avec leur cabine pressurisée, leur construction entièrement métallique, leur système électrique et la présence de compresseurs. Le premier vol eut lieu le 22 décembre 1939. La légende veut que Petlyakov et son équipe assistèrent au vol de leur prison.

Les prototypes se montrèrent brillants et la production fut aussitôt ordonnée. Mais dès 1940, la doctrine du bombardement en piqué fit ses preuves au sein de la Luftwaffe et les VVS exigèrent un tel appareil, devenu soudainement plus urgent. Petlyakov eut 45 jours pour transformer son VI-100 en PB-100 (pikiruyushchn bombardirovshchik) d'attaque en piqué. La cabine pressurisée et les compresseurs furent remplacés par des freins de piqué, une soute à bombe principale et deux autres dans chaque nacelle de moteur. Il emportait 3 personnes : le pilote, le bombardier et le mitrailleur, particulièrement exposé.

Staline fut suffisamment impressionné par le résultat pour faire libérer Petlyakov et lui permettre de donner son nom au nouvel appareil, qui fut dès lors désigné Pe-2. Mais pas au point de ne pas proférer de menaces si un Pe-2 ne volait pas à la fin de l'année.

Le Pe-2 fut donc directement construit en série, sans prototype, et vola le 15 décembre 1940. Les livraisons en unité commencèrent au printemps suivant. Cependant, son armement défensif (4 mitrailleuses ShKAS de 7,62 mm, deux dans le nez, un en position ventrale et un en position dorsale) se montra au départ insuffisant, voire peu fiable : il dut être renforcé par un UBT de 12,7 mm, ce qui améliora la survivabilité de l'appareil. Le blindage (9 mm) lui aussi fut insuffisant.

Le Pe-2 montra ses capacités à la fin de 1941, après le premier choc subi par l'Armée Rouge face à la Wehrmacht. Il arrivait à échapper aux chasseurs, voire à en abattre, et à frapper ses objectifs précisément. Il servit également en Mandchourie en 1945.

La Luftwaffe en captura un certain nombre. La Finlande en acquit 6 en 1941 auprès de la Luftwaffe, suivis en 1944 d'un septième. Ils furent codés PE-211 à PE-217. Les Finlandais pensaient les utiliser comme bombardier en piqué, mais se rendirent compte que les moteurs en souffraient. Ils furent donc utilisés pour la reconnaissance stratégique. Ils furent souvent armés de bombes de 250 kg, à la fois pour du harcèlement et pour masquer leur véritable mission. Ils se distinguèrent lors de la bataille de Tali-Ihantala, en juin 1944, où ils contribuèrent à ralentir l'attaque soviétique. L'ultime survivant fut retiré du service en 1946.

Après la guerre, le Pe-2 fut utilisé par la Bulgarie (98 exemplaires de 1945 à 1958), la Chine (entre 1949 et 1957), la Hongrie, la Pologne (113 Pe-2FT, plus 3 au sein de la marine polonaise), la Tchécoslovaquie (32 B-32 ou Pe-2FT, ainsi que 3 CB-32 ou Pe-2UTI, de 1946 à 1951), et la Yougoslavie (123 Pe-2FT et 9 Pe-2UTI de 1945 à 1954). Il fut nommé Buck par l'OTAN, mais ce n'est pas pour autant qu'il apparut dans la série Buck Danny.

Le Pe-2 donna également naissance aux versions de chasse Pe-3 et Pe-4, construites en petit nombre. 11427 exemplaires furent construits. Seuls 3 ont survécus, et sont exposés à Monino, en Norvège et à Varsovie.


Versions :

Le Pe-2 fut la version initiale de série, construite à 83 exemplaires.

Elle fut rapidement améliorée avec un blindage et un armement supplémentaire. Les freins de piqué furent retirés, les réservoirs améliorés, le moteur M-105PF rendu plus puissant (1260 ch) et la partie vitrée du nez réduite. Toutes ces améliorations furent faites à la demande des pilotes. Cette version porte à l'Ouest le nom de Pe-2FT (Frontovoe Trebovanie, requête du front), même si l'URSS n'utilisa pas cette dénomination. Cette version fut la principale construite et fut désignée B-32 en Tchécoslovaquie.

Le Pe-2B apparut en 1944. Le Pe-2D était une version triplace, disposant de deux moteurs VK-107A. Le Pe-2FZ fut construit en petit nombre. Le Pe-2K, construit en petit nombre, était équipé de moteurs en étoile. Un Pe-2K fut modifié avec un moteur-fusée Glushko RD-1 de 300 kgp dans la queue, et désigné Pe-2K RD-1.

Le Pe-2I servait de transition au Pe-2K : conçu par Vladimir Myasishchev, il disposait de moteurs VK-107 de 1620 chevaux, d'une aile redessinée et d'une tourelle de queue contrôlée à distance. Elle atteignait 656 km/h et emportait une tonne de bombes. 5 exemplaires furent construits.

Le Pe-2M était dérivé du Pe-2I, mais avec plus d'armement. Le Pe-2MV disposait de canons ShVAK de 20 mm et de mitrailleuses de 12,7 mm en gondole, ainsi que d'une mitrailleuse de 7,62 mm dans la tourelle dorsale.

Le Pe-2R était une version de reconnaissance triplace, avec des réservoirs plus grands. Elle fut construite en petit nombre.

Le Pe-2S était un biplace d'entraînement. Le prototype PB-100 fut transformé en Pe-2Sh armé de deux canons ShVAK et d'une mitrailleuse de 12,7 mm. Le Pe-2VI était une version de chasse à haute altitude. Le Pe-2UTI, ou Upe-2, fut conçu spécialement pour l'entraînement. Il fut désigné CB-32 en Tchécoslovaquie. Le Pe-2 Paravan servit à lutter contre les barrages de ballons. Le Pe-4 était doté de moteurs Klimov VK-105PF.


La fiche sur le site


http://fr.wikipedia.org/wiki/Petliakov_Pe-2


http://jn.passieux.free.fr/html/Pe2.php


http://www.avionslegendaires.net/petlyakov-pe-2.php


http://en.wikipedia.org/wiki/Petlyakov_Pe-2


http://www.militaryfactory.com/aircraft/detail.asp?aircraft_id=298


http://www.aviastar.org/air/russia/pe-2.php