FMA IAe-33 Pulqui II
Rappels
- Catégorie : Prototype
- Constructeur : FMA
- Premier vol : 27 juin 1950
- Production : 4 appareils construits (cellules neuves)
- Missions : Attaque au sol, Chasse
- Voir aussi… : Focke-Wulf Ta 183 Huckebein, FMA IAe-43
Historique
Si vous voulez savoir à quoi aurait pu ressembler un Ta 183 "Huckebein" de série, c'est simple, il suffit de regarder l'IAe 33 Pulqui II argentin. Pourquoi ? Parce qu'ils ont le même père, l'ingénieur Kurt Tank, et la même configuration générale, à savoir une aile haute en flèche, une entrée d'air frontale et une dérive en T.L'Instituto Aerotécnico cherchait un remplaçant national aux Meteor F4 de la force aérienne argentine, et le prototype conçu par Dewoitine, l'IAe-27 Pulqui, s'était avéré insuffisant.
L'Instituto Aerotécnico reprit donc le travail, mais avec un nouveau réacteur, un Rolls-Royce Nene II de 4570 lbf. Le nouveau modèle s'appela alors IAe-27a Pulqui II et présentait une aile en diamant avec une flèche de 33°, avec un profil NACA 16009 à écoulement laminaire. Une maquette fut présentée début 1948, et à la fin de l'année les ailes furent placées en position haute et la dérive adoptait une configuration en T.
Avec la fin de la seconde guerre mondiale, un bon nombre d'ingénieurs aéronautiques allemands ou compromis avec le régime nazi s'échappèrent, en Espagne ou en Amérique latine. Ce fut par exemple le cas de Kurt Tank, qui arriva en Argentine en 1947.
Kurt Tank émigra avec 66 de ses compatriotes (62 techniciens et 4 pilotes), qui représentaient l'essentiel du team qui avait travaillé sur le Ta 183. Ce dernier n'avait pas dépassé le stade de la maquette de soufflerie. Il reprit le travail sur ce dernier, en l'adaptant cependant au Nene II par ailleurs utilisé par l'IAe-27a. Le Nene II était un réacteur centrifuge et non plus axial comme le HeS 011, il était plus grand, plus lourd et plus puissant. Kurt Tank redessina donc la cellule du Ta 183 en conséquence, qui devint plus large et plus grande.
Juan Ignacio San Martín, le directeur de l'Instituto Aerotécnico se rendit compte que l'IAe-27a et le Ta 183 nouvelle version se ressemblaient énormément et décida de les réunir en un seul projet, qui devint l'IAe 33 Pulqui II. Le fuselage de Kurt Tank fut adapté pour utiliser le train d'atterrissage de l'IAe-27a. La flèche des ailes passa à 40°, supérieure à celle du Ta 183. Tout comme sur ce dernier, le réacteur fut placé à proximité du centre de gravité, derrière le cockpit : il suffisait d'enlever la partie arrière du cockpit pour accéder au moteur.
Le cockpit était pressurisé et blindé, la verrière en bulle, le carburant emporté s'élevait à 1250 litres dans le fuselage et 800 litres dans les ailes. 4 canons de 20 mm en position ventrale, en arrière de l'entrée d'air, étaient prévus. Le siège éjectable était un Martin-Baker Mk I.
Un autre expatrié, Reimar Horten, se chargea de construire deux modèles de l'IAe-33 comme planeurs. Les essais en vol, dont certains menés par Kurt Tank lui-même, furent menés en 1948 et 1949. Ils révélèrent cependant un problème de stabilité obligeant à redessiner la dérive. De plus, le manque de machines-outils obligèrent les ouvriers à construire cet appareil, tout en métal, à la main. Malgré l'ambition de Peron de doter l'Argentine d'une industrie aéronautique moderne, Kurt Tank estima que cet objectif n'était pas réalisable à ce terme et les prototypes furent construits à la main.
5 exemplaires allaient être construits : le premier, le 01, était une cellule d'essais statiques qui fut d'ailleurs détruite pendant les tests. Le 02 fut le premier exemplaire à prendre l'air, le 27 juin 1950, entre les mains d'Edmundo Weiss.
Le deuxième vol fut effectué par Otto Behrens, un ancien pilote d'essais de Focke-Wulf, et fut interrompu par des problèmes de stabilité au-delà de 700 km/h. D'ailleurs, la vitesse d'atterrissage fut tellement élevée que le train principal se rompit. Pour régler en partie le problème, le train avant fut allongé, afin de modifier l'angle d'incidence et donc la vitesse. D'autres problèmes subsistaient, notamment lors du décrochage. Kurt Tank participa lui-même au programme d'essais et en conclut qu'il fallait redessiner les ailes, l'extrémité décrochant avant la racine. La cellule fut modifiée pendant plusieurs mois avant que le Pulqui II N. 02(m) ne puisse reprendre l'air, le 23 octobre. Même là, l'IAe-33 décrocha inopinément et il fallut installer un ballast dans le nez pour résoudre le problème.
Enfin, le 8 février 1951, l'IAe-33 fut montré au public pour la première fois. La force aérienne argentine suggéra la commande de 12 exemplaires de présérie et constitua une équipe de pilotes d'essais pour des tests opérationnels. Mais le premier vol, effectué par le Commander Soto le 31 mai 1951, révéla des problèmes de vibrations à 1000 km/h. Kurt Tank estima qu'il fallait clouer au sol l'unique prototype disponible tant que le problème ne serait pas résolu. Pourtant, l'IAe-33 continua à voler, et Vedania Mannuwal désobéit aux consignes en lançant son appareil dans des vols acrobatiques lors du 28e vol. L'appareil s'écrasa au sol, l'aile arrachée et le pilote se tua en s'éjectant à l'envers à trop basse altitude. On découvrit alors que la faute en revenait à un problème de fabrication.
La construction du prototype 03 commença tout de suite après ce crash, avec un grand nombre de modifications. La capacité en carburant augmenta, faisant passer l'autonomie de 2030 à 3090 km. L'appareil effectua son vol inaugural le 23 septembre 1952 avec Jorge Conan Doyle aux commandes. Il devait être présenté en vol le 11 octobre devant le président Péron. Le pilote Behrens avait émis de fortes réserves sur le comportement du Pulqui II aux limites de son enveloppe de vol, allant jusqu'à dire que c'était le pire appareil qu'il avait testé de ce point de vue. Il se tua à bord du 03 deux jours avant la date prévue pour la démonstration public.
Le 04 effectua son vol inaugural le 20 août 1953 entre les mains de Jorge Conan Doyle. Des cloisons sur les ailes avaient été rajoutées afin de prévenir les décrochages, ainsi que des apex sur le fuselage. Ce fut également le premier appareil à être armé, avec 4 canons Hispano-Suiza HS.404 de 20 mm. Les essais d'armement commencèrent en 1954. Une version tout-temps dotée d'un radar et une autre dotée d'un réacteur Nene à post-combustion étaient envisagées, la force aérienne argentine espérait passer commande de 100 exemplaires. Des clients se montrèrent potentiellement intéressés, comme les Pays-Bas en 1951 et l'Egypte en 1953. Mais le manque de réponse claire quand à la mise en production firent que les clients potentiels se tournèrent vers d'autres appareils déjà disponibles.
En plus de ses ennuis techniques, l'IAe-33 fut victime des aléas de la politique en Argentine. Kurt Tank fut prié de se concentrer sur un autre projet, l'IA-35 Huenquero. De plus, dès 1951, Péron demanda à l'Instituto Aerotécnico de construire des voitures, des camions et des motos, voire du matériel agricole, ce qui failli condamner à terme la branche aéronautique. Malgré 4 ans d'essais catastrophiques, l'IAe-33 était devenu une figure majeure du régime péroniste. Et malgré ce statut d'icone, Kurt Tank fut purement et simplement viré en janvier 1955.
En septembre 1955, le General Eduardo Lonardi lança un coup d'état contre Péron, appelé la Revolución Libertadora. Bien que les détails ne soit pas connus, il semble que l'IAe-33 04, alors unique exemplaire restant, ait participé militairement à ce coup d'état aux côtés des Meteor F4 de l'Escuela De Aviación de Cordoba. Il a apparemment mené des missions de combat contre les forces péronistes, et participé au défilé de la victoire.
La junte militaire alors au pouvoir se méfiait de la force aérienne et celle-ci, afin de sauvegarder ses intérêts, envisagea de montrer le potentiel du Pulqui II. Il s'agissait de faire le trajet Cordoba-Buenos Aires (800 km), de faire du straffing sur un terrain dédié, et de retourner à Cordoba, avec uniquement le carburant interne. Le Lt. Balado effectua la mission avec succès, mais l'équipement d'oxygène (prélevé sur un Meteor en réparation) s'avéra insuffisant pour un tel trajet et le 04 dut atterrir d'urgence. Il fut endommagé au-delà du réparable.
Malgré tout, la force aérienne envisageait toujours d'acquérir 100 Pulqui II. L'Instituto Aerotécnico, redevenu depuis 1952 Fábrica Militar de Aviones, avait suffisamment de matériel pour construire rapidement 10 premiers exemplaires. Et puis, l'Argentine n'avait pas le choix : elle avait trop peu d'argent pour acheter, par exemple, 36 Canadair Sabre 6. Un prototype fut donc commandé en 1957. Le 05, nommé Pulqui IIe, était extérieurement identique au 04 et effectua son vol inaugural le 18 septembre 1959 entre les mains de Roberto Starc. Bien qu'il disposait de points humides pour augmenter son autonomie et qu'il avait enfin résolu ses problèmes de décrochage en vol à hautes incidences, l'IAe-33 était clairement dépassé, et, de plus, clairement emblématique du régime péroniste. L'Argentine décida d'interrompre le programme et d'acquérir à la place 28 F-86F Sabre dans le cadre du Mutual Defense Assistance Act.
L'IAe-33 fut relégué à un rôle de plate-forme de recherche en vol transsonique, pour lequel il effectua 12 vols avant d'être retiré du service en 1960 et stocké. Les machines-outils et cellules incomplètes furent ferraillées peu après.
Malgré l'échec du programme, le Pulqui II fut le premier avion de chasse à réaction et ailes en flèche conçu et construit en Amérique latine. Il permit également à l'Argentine de moderniser son industrie aéronautique, bien que cette dernière existait depuis 1927. Un seul exemplaire, donc, a survécu, le 05. Il est désormais exposé dans ses couleurs originales au Museo Nacional de Aeronáutica de Argentina, sur la base de Morón, à côté de l'IAe-27 Pulqui. Tous deux font figures pour l'Argentine de "rêves perdus".
Caractéristiques
- Masse maxi au décollage : 6 875 kg (15 157 lbs)
- Masse à vide : 3 736 kg (8 236 lbs)
- Surface alaire : 25,1 m² (270,174 sq. ft)
- Hauteur : 3,5 m (11,483 ft)
- Envergure : 10,6 m (34,777 ft)
- Longueur : 11,68 m (38,32 ft)
Équipage
- Équipage : 1
- Siège éjectable : Martin-Baker Mk 1
Performances
- Vitesse de croisière : 954 km/h (593 mph, 515 kts)
- Endurance maximale : 3 h
- Distance franchissable : 3 090 km (1 920 mi, 1 668 nm)
- Plafond opérationnel : 15 000 m (49 213 ft)
- Vitesse ascensionnelle : 25,5 m/s (83,661 ft/s)
- Vitesse maximale HA : 1 080 km/h (671 mph, 583 kts)
- Rapport poussée/masse à sec maxi au décollage : 0.34
- Charge alaire maxi au décollage : 273.90 kg/m²
- Rapport poussée/masse à sec à vide : 0.62
- Charge alaire à vide : 148.84 kg/m²
Motorisation
- 1 × réacteur à compresseur centrifuge Rolls-Royce Nene II de 2 313 kgp (23 kN, 5 100 lbf)
Sur le forum…
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Une fois n'est pas coutume ?¤ Nicolas Sur AMN : Nico2, inscrit le 09 Jan 2006, 16:45>> N'oubliez pas de lire et de relire le Règlement du forum.>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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Et bien merci, enfin surtout merci à une source qui, pour une fois, a été excellente.Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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Beau boulot Clans, épique comme récit.¤ Nicolas Sur AMN : Nico2, inscrit le 09 Jan 2006, 16:45>> N'oubliez pas de lire et de relire le Règlement du forum.>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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Et pour le chapitre 3, voir le MiG-15 sur le site. Mais c'était fait depuis longtemps déjà.Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
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Oh ouuuui merci Clan's pour la suite et fin du Ta 183 comme le dit si bien Jericho
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j'avais passé toute une nuit sur le net à lire ces histoires de Pulqui, tout simplement passionnant!
et ici efficacement relaté, merci, un récit où, sans photo, on a les yeux pourtant écarquillésmoi je suis la fougère et lui l'oiseau de fer -
Merci Clans pour la suite de l'aventure du Ta183.
Mais dis-moi, c'était des barbares ces pilotes d'essais!
Au vu des problèmes techniques rencontrés, heureusement qu'ils avaient dans leur équipe une personne compétentes pour rédiger les résultats des enquêtes…" J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres." A. Einstein "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles." Max Frisch -
Si vous voulez savoir à quoi aurait pu ressembler un Ta 183 "Huckebein" de série, c'est simple, il suffit de regarder l'IAe 33 Pulqui II argentin. Pourquoi ? Parce qu'ils ont le même père, l'ingénieur Kurt Tank, et la même configuration générale, à savoir une aile haute en flèche, une entrée d'air frontale et une dérive en T.
L'Instituto Aerotécnico cherchait un remplaçant national aux Meteor F4 de la force aérienne argentine, et le prototype conçu par Dewoitine, l'IAe-27 Pulqui, s'était avéré insuffisant.
L'Instituto Aerotécnico reprit donc le travail, mais avec un nouveau réacteur, un Rolls-Royce Nene II de 4570 lbf. Le nouveau modèle s'appela alors IAe-27a Pulqui II et présentait une aile en diamant avec une flèche de 33°, avec un profil NACA 16009 à écoulement laminaire. Une maquette fut présentée début 1948, et à la fin de l'année les ailes furent placées en position haute et la dérive adoptait une configuration en T.
Avec la fin de la seconde guerre mondiale, un bon nombre d'ingénieurs aéronautiques allemands ou compromis avec le régime nazi s'échappèrent, en Espagne ou en Amérique latine. Ce fut par exemple le cas de Kurt Tank, qui arriva en Argentine en 1947.
Kurt Tank émigra avec 66 de ses compatriotes (62 techniciens et 4 pilotes), qui représentaient l'essentiel du team qui avait travaillé sur le Ta 183. Ce dernier n'avait pas dépassé le stade de la maquette de soufflerie. Il reprit le travail sur ce dernier, en l'adaptant cependant au Nene II par ailleurs utilisé par l'IAe-27a. Le Nene II était un réacteur centrifuge et non plus axial comme le HeS 011, il était plus grand, plus lourd et plus puissant. Kurt Tank redessina donc la cellule du Ta 183 en conséquence, qui devint plus large et plus grande.
Juan Ignacio San Martín, le directeur de l'Instituto Aerotécnico se rendit compte que l'IAe-27a et le Ta 183 nouvelle version se ressemblaient énormément et décida de les réunir en un seul projet, qui devint l'IAe 33 Pulqui II. Le fuselage de Kurt Tank fut adapté pour utiliser le train d'atterrissage de l'IAe-27a. La flèche des ailes passa à 40°, supérieure à celle du Ta 183. Tout comme sur ce dernier, le réacteur fut placé à proximité du centre de gravité, derrière le cockpit : il suffisait d'enlever la partie arrière du cockpit pour accéder au moteur.
Le cockpit était pressurisé et blindé, la verrière en bulle, le carburant emporté s'élevait à 1250 litres dans le fuselage et 800 litres dans les ailes. 4 canons de 20 mm en position ventrale, en arrière de l'entrée d'air, étaient prévus. Le siège éjectable était un Martin-Baker Mk I.
Un autre expatrié, Reimar Horten, se chargea de construire deux modèles de l'IAe-33 comme planeurs. Les essais en vol, dont certains menés par Kurt Tank lui-même, furent menés en 1948 et 1949. Ils révélèrent cependant un problème de stabilité obligeant à redessiner la dérive. De plus, le manque de machines-outils obligèrent les ouvriers à construire cet appareil, tout en métal, à la main. Malgré l'ambition de Peron de doter l'Argentine d'une industrie aéronautique moderne, Kurt Tank estima que cet objectif n'était pas réalisable à ce terme et les prototypes furent construits à la main.
5 exemplaires allaient être construits : le premier, le 01, était une cellule d'essais statiques qui fut d'ailleurs détruite pendant les tests. Le 02 fut le premier exemplaire à prendre l'air, le 27 juin 1950, entre les mains d'Edmundo Weiss.
Le deuxième vol fut effectué par Otto Behrens, un ancien pilote d'essais de Focke-Wulf, et fut interrompu par des problèmes de stabilité au-delà de 700 km/h. D'ailleurs, la vitesse d'atterrissage fut tellement élevée que le train principal se rompit. Pour régler en partie le problème, le train avant fut allongé, afin de modifier l'angle d'incidence et donc la vitesse. D'autres problèmes subsistaient, notamment lors du décrochage. Kurt Tank participa lui-même au programme d'essais et en conclut qu'il fallait redessiner les ailes, l'extrémité décrochant avant la racine. La cellule fut modifiée pendant plusieurs mois avant que le Pulqui II N. 02(m) ne puisse reprendre l'air, le 23 octobre. Même là, l'IAe-33 décrocha inopinément et il fallut installer un ballast dans le nez pour résoudre le problème.
Enfin, le 8 février 1951, l'IAe-33 fut montré au public pour la première fois. La force aérienne argentine suggéra la commande de 12 exemplaires de présérie et constitua une équipe de pilotes d'essais pour des tests opérationnels. Mais le premier vol, effectué par le Commander Soto le 31 mai 1951, révéla des problèmes de vibrations à 1000 km/h. Kurt Tank estima qu'il fallait clouer au sol l'unique prototype disponible tant que le problème ne serait pas résolu. Pourtant, l'IAe-33 continua à voler, et Vedania Mannuwal désobéit aux consignes en lançant son appareil dans des vols acrobatiques lors du 28e vol. L'appareil s'écrasa au sol, l'aile arrachée et le pilote se tua en s'éjectant à l'envers à trop basse altitude. On découvrit alors que la faute en revenait à un problème de fabrication.
La construction du prototype 03 commença tout de suite après ce crash, avec un grand nombre de modifications. La capacité en carburant augmenta, faisant passer l'autonomie de 2030 à 3090 km. L'appareil effectua son vol inaugural le 23 septembre 1952 avec Jorge Conan Doyle aux commandes. Il devait être présenté en vol le 11 octobre devant le président Péron. Le pilote Behrens avait émis de fortes réserves sur le comportement du Pulqui II aux limites de son enveloppe de vol, allant jusqu'à dire que c'était le pire appareil qu'il avait testé de ce point de vue. Il se tua à bord du 03 deux jours avant la date prévue pour la démonstration public.
Le 04 effectua son vol inaugural le 20 août 1953 entre les mains de Jorge Conan Doyle. Des cloisons sur les ailes avaient été rajoutées afin de prévenir les décrochages, ainsi que des apex sur le fuselage. Ce fut également le premier appareil à être armé, avec 4 canons Hispano-Suiza HS.404 de 20 mm. Les essais d'armement commencèrent en 1954. Une version tout-temps dotée d'un radar et une autre dotée d'un réacteur Nene à post-combustion étaient envisagées, la force aérienne argentine espérait passer commande de 100 exemplaires. Des clients se montrèrent potentiellement intéressés, comme les Pays-Bas en 1951 et l'Egypte en 1953. Mais le manque de réponse claire quand à la mise en production firent que les clients potentiels se tournèrent vers d'autres appareils déjà disponibles.
En plus de ses ennuis techniques, l'IAe-33 fut victime des aléas de la politique en Argentine. Kurt Tank fut prié de se concentrer sur un autre projet, l'IA-35 Huenquero. De plus, dès 1951, Péron demanda à l'Instituto Aerotécnico de construire des voitures, des camions et des motos, voire du matériel agricole, ce qui failli condamner à terme la branche aéronautique. Malgré 4 ans d'essais catastrophiques, l'IAe-33 était devenu une figure majeure du régime péroniste. Et malgré ce statut d'icone, Kurt Tank fut purement et simplement viré en janvier 1955.
En septembre 1955, le General Eduardo Lonardi lança un coup d'état contre Péron, appelé la Revolución Libertadora. Bien que les détails ne soit pas connus, il semble que l'IAe-33 04, alors unique exemplaire restant, ait participé militairement à ce coup d'état aux côtés des Meteor F4 de l'Escuela De Aviación de Cordoba. Il a apparemment mené des missions de combat contre les forces péronistes, et participé au défilé de la victoire.
La junte militaire alors au pouvoir se méfiait de la force aérienne et celle-ci, afin de sauvegarder ses intérêts, envisagea de montrer le potentiel du Pulqui II. Il s'agissait de faire le trajet Cordoba-Buenos Aires (800 km), de faire du straffing sur un terrain dédié, et de retourner à Cordoba, avec uniquement le carburant interne. Le Lt. Balado effectua la mission avec succès, mais l'équipement d'oxygène (prélevé sur un Meteor en réparation) s'avéra insuffisant pour un tel trajet et le 04 dut atterrir d'urgence. Il fut endommagé au-delà du réparable.
Malgré tout, la force aérienne envisageait toujours d'acquérir 100 Pulqui II. L'Instituto Aerotécnico, redevenu depuis 1952 Fábrica Militar de Aviones, avait suffisamment de matériel pour construire rapidement 10 premiers exemplaires. Et puis, l'Argentine n'avait pas le choix : elle avait trop peu d'argent pour acheter, par exemple, 36 Canadair Sabre 6. Un prototype fut donc commandé en 1957. Le 05, nommé Pulqui IIe, était extérieurement identique au 04 et effectua son vol inaugural le 18 septembre 1959 entre les mains de Roberto Starc. Bien qu'il disposait de points humides pour augmenter son autonomie et qu'il avait enfin résolu ses problèmes de décrochage en vol à hautes incidences, l'IAe-33 était clairement dépassé, et, de plus, clairement emblématique du régime péroniste. L'Argentine décida d'interrompre le programme et d'acquérir à la place 28 F-86F Sabre dans le cadre du Mutual Defense Assistance Act.
L'IAe-33 fut relégué à un rôle de plate-forme de recherche en vol transsonique, pour lequel il effectua 12 vols avant d'être retiré du service en 1960 et stocké. Les machines-outils et cellules incomplètes furent ferraillées peu après.
Malgré l'échec du programme, le Pulqui II fut le premier avion de chasse à réaction et ailes en flèche conçu et construit en Amérique latine. Il permit également à l'Argentine de moderniser son industrie aéronautique, bien que cette dernière existait depuis 1927. Un seul exemplaire, donc, a survécu, le 05. Il est désormais exposé dans ses couleurs originales au Museo Nacional de Aeronáutica de Argentina, sur la base de Morón, à côté de l'IAe-27 Pulqui. Tous deux font figures pour l'Argentine de "rêves perdus".
http://en.wikipedia.org/wiki/FMA_IAe_33_Pulqui_II
http://www.aviastar.org/air/argentina/fma_iae-33.php
http://www.airpages.ru/eng/ot/iae33.shtml
http://jetphotos.net/showphotos.php?aircraft=FMA+IAe-33+Pulqui+II
http://www.globalsecurity.org/military/world/argentina/pulqui-ii.htm
Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.