Une petite mise à jour sur le programme du Beriev Be-200
Les commandes annoncées pour des opérateurs américain (Seaplane Global Air Services, 4 ex.) et chilien (Asesorias SVR Ltda, 2 ex.) ne se sont pas concrétisées, de même que celle de la Chine.
Seule une commande du Ministère russe de la défense s'est concrétisée, concernant trois appareils de secours en mer pour la Marine. Le premier exemplaire (Bort 20 jaune) a fait son premier vol le 20 février 2020, depuis Taganrod. Ce contrat avec la Marine Russe est un serpent de mer, ayant été placé une première fois en mai 2013 (6 exemplaires), pour des livraisons devant échelonner entre fin 2014 et fin 2016. Cependant, du fait des problèmes techniques et de manque de main d'oeuvre, Beriev ne put honorer ce contrat, et, après un jugement du Tribunal de Moscou, dut rembourser l'avance de 6,726 Milliards de Roubles (108 millions de dollars), fin 2017. Malgré cette déconvenue, un nouveau contrat était placé en 2018, pour la fourniture de 3 Be-200 ChS pour l'Aviation de la Marine.
Ces appareils sont toujours équipés de turbofans Progress D-436TP, de fabrication ukrainienne, ce qui pose un problème majeur. Une première solution envisagée fut de remplacer ces turbines par des Safran-Saturn M-146 (qui équipent le SSJ-100), mais la crainte du renforcement de sanctions occidentales fit écarter cette hypothèse au profit du nouveau PD-8 d'Aviadvitgel, qui devrait équiper également la nouvelle version du SSJ.
D'un point de vue équipement, ces avions pour la Marine reçoivent un glass cockpit, permettant de réduite l'équipage à deux membres, et une suite électronique Kontur KSO-200, incluant un radar météo et une tourelle gyro-stabilisée électro-optique sous l'aile gauche. Ils peuvent emporter quatre pods de sauvetage, de 200 kg chacun, sous les ailes.
Point intéressant, cette cellule porte le numéro constructeur 311, alors que la dernière livraison, en 2018, portait le numéro 308. Où sont donc passés les deux exemplaires manquants ?
A la date de fin novembre 2022, il n'y avait aucune nouvelle d'une livraison des 2 autres exemplaires.
l'Algérie a commandé 4 appareils en juillet 2021, pour lutter contre les feux de forets qui ravagent ce pays. Cependant, vu la situation actuelle, il y a très peu de chance que ce contrat soit honoré.
Au total, fin 2022, ce sont toujours 16 avions qui ont été construits (plus deux cellules d'essais statiques), 1 (c/n 203) exporté en Azerbaïdjan, 13 pour le Ministère russe des Situations d'urgences, un qui reste propriété de Beriev, et donc le seul exemplaire de la Marine russe.
Qu'est ce qui expliquer ce très faible nombre d'exemplaires construits, alors que les performances annoncées semblent excellentes ?
Le premier point est bien le fait d'être un avion russe, avec toutes les questions que cela pose de suivi, maintenance, pièces de rechange, notamment dans la situation très tendu post-2014. Le fait que les versions actuelles soient motorisées par des turbines ukrainiennes ne fait que renforcer ce problème. Peut-être la remotorisation avec des PD-8 permettrait de lever une partie des questions, mais ce n'est même pas sur.
Ensuite, cet avion vise une niche très étroite (hydravion, lutte anti-feux, et sauvetage en mer), déjà occupée par d'autres appareils, tels les CL-415. Si, sur le papier, le Beriev possède des avantages sur son concurrent canadien (vitesse d'intervention, capacité majeure), la réalité est autre. En effet, le Be-200 souffre de nombreux inconvénients, du au choix de la formule réacteurs. L'avion russe nécessite des plans d'eau importants pour pouvoir écoper, 2700 m de long, 150 m de large, et profond de + 2,5 m. Lors des feux de forets de 2006 au Portugal, où il est intervenu, en parallèle à des CL-215 et CL-415, il ne pouvait utiliser que 13 hydrosurfaces pour écoper, alors que les appareils canadiens pouvaient se ravitailler sur 63 plans d'eau. De fait, le nombre de rotations fut bien moindre. De plus les turbofans consomment beaucoup plus (+ 60 % par rapport à un CL-415). Ce fait est confirmé par la faible utilisation des Be-200 en Russie, puisqu'entre 2017 et 2019, la flotte n'est intervenue que sur 42 feux de forets. Et quand à une utilisation depuis des aéroports, le Beriev perd alors face à des concurrents tels le Q-400, sans parler des B-737 modifiés.
Il semblerait donc que ce programme soit très mal en point, sans réelles perspectives d'avenir.
Beriev Be-200
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Il semblerait donc que ce programme soit très mal en point, sans réelles perspectives d'avenir.
Un de plus…
Eh, dis, tu n'es pas en train d'essayer de saper le moral du gouvernement russe par hasard?" J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres." A. Einstein "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles." Max Frisch -
jericho a dit le 29/11/2022 à 14:32 :
Oh, pas besoin, il y arrive très bien tout seul ……. et le pire est que, en regardant d'un peu plus près, ce sont quasiment tous les programmes (et plus particulièrement civils) qui souffrent de retards et de difficultés technologiques.Il semblerait donc que ce programme soit très mal en point, sans réelles perspectives d'avenir.
Un de plus…
Eh, dis, tu n'es pas en train d'essayer de saper le moral du gouvernement russe par hasard? -
Mise à jour de janvier 2023. Contrairement à ce que j'avais écrit en novembre, la commande algérienne est en cours de livraison, le premier exemplaire est sorti du hall d'assemblage de Taganrod en tout début 2023 :
https://www.menadefense.net/algerie/premiere-image-du-beriev-be-200-algerien/
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