Nanchang Q-6

Rappels

Historique

En 1974, durant la bataille des îles Paracel, la Chine n’a pas été en mesure d’assurer un soutien aérien à ses troupes et à ses navires, malgré le déploiement de 115 avions provenant des Force aériennes (PLAAF) et de la marine (PLANAF). Suite à cet épisode fâcheux, le gouvernement chinois constate que des problèmes logistiques ont limités la disponibilité des avions engagés et que leur avionique dépassée n’a pas permis une navigation suffisamment précise pour arriver sur la zone de combat à temps. Dans un premier temps, il est exigé qu’une remise à niveau des capacités logistiques et des infrastructures soit faite. Ensuite, il est démontré que l’aviation chinoise est incapable d’effectuer des missions de soutien dans la mer de Chine méridionale : les J-5, J-6, J-7 et J-8 manquent de capacités air-sol, le Q-5 emporte une faible charge utile et les H-5 et H-6, qui sont les seuls à avoir un rayon d’action suffisant, sont trop lents et manquent de capacités d'autodéfense. Il est évident que pour retrouver ses capacités d’appuis au sol et de lutte antinavire il faut renouveler la flotte. Pour limiter les coûts, il est décidé qu’un seul appareil sera développé, mais des différentes versions seront produites selon les missions spécifiques qu’ils seront amenés à effectuer au sein des forces aériennes et de la marine.

En 1976, le gouvernement demande aux principaux constructeurs aéronautiques nationaux d’étudier un avion répondant à ses attentes. En juin de la même année, trois projets sont présentés : une version d’attaque au sol du J-8II désignée JH-8II, le Q-6 et le JH-7 qui sont de conception nouvelle. La première proposition est la préférée du gouvernement, mais comme l’intercepteur J-8II n’est pas encore au point, ce projet est rapidement éliminé. Le développement du JH-7 est jugé trop long et, par conséquent, c’est le Q-6 qui est choisi.

La Chine ayant obtenu quelques exemplaires de MiG provenant d’Egypte, il est décidé que la cellule du nouvel appareil reprendra de nombreux points du MiG-23MS. Le constructeur Nanchang présente en février 1979 la configuration finale du Q-6, malheureusement pour le constructeur, les équipes de développement vont devoir faire face à de nombreuses difficultés, principalement en ce qui concerne l’électronique et la propulsion.

Les commandes de vol électriques, qui devaient être obtenues par rétro-ingénierie de celles d’un F-111 abattu au-dessus du Nord-Vietnam, s’avèrent après neuf ans de travail trop complexes pour être copiées à l’identique par l’industrie chinoise. Par conséquent, si certains dispositifs sont désormais actionnés électriquement, d’autres actionneurs restent hydrauliques. Malgré que ces nouvelles commandes de vol soient considérées par le gouvernement comme une percée technologique pour l'aviation chinoise, ce dispositif est finalement 12% plus lourd que l’aile à géométrie variable à commande hydromécanique du MiG-23, ce qui réduit la charge utile et le rayon de combat du Q-6.

En plus des exigences d’attaque au sol, la PLAAF et la PLANAF désirent que leurs Q-6 aient des capacités de combat aérien pour assurer leur autodéfense. Dans un premier temps, il est décidé de l’équiper avec un RP-22 Sapfir-21 d’origine soviétique, mais ce radar ne possède pas de capacités BVR. En travaillant en rétro-ingénierie sur les radars d’attaque au sol AN/APQ-113 et de suivi de terrain AN/APQ-110 du F-111, les ingénieurs chinois remarquent qu’il est possible d’incorporer un mode air-air au premier. Il est donc décidé d’installer des versions chinoises de ces deux radars dans le nez du Q-6, dans la même configuration que sur l’avion américain. D'autres systèmes de l’avionique du F-111, comme le récepteur d'alerte radar, le télémètre laser, les systèmes de communication et d'atterrissage aux instruments, doivent également être intégrés sur le Q-6. Cependant, l'industrie chinoise ne maîtrise pas la microélectronique et doit remplacer les dispositifs à semi-conducteur par des tubes électroniques. Ceci augmente la taille et la masse de ces instruments de fabrication locale.

La seule avionique purement chinoise est le dispositif de navigation et d'attaque comprenant la visée Aim-6, plus précise que la visée de bombardement PBK-3 du MiG-23, mais qui pose de gros problème de développement. En parallèle, la Chine travaille sur une copie de la centrale inertielle et d'attaque AN/AJQ-20 du F-111 dont la conception ne sera maitrisée que plusieurs années plus tard.

Les entrées d’air du MiG-23 sont jugées trop petites pour le réacteur WS-6, à l’origine en cours de développement pour le Chengdu J-9, et elles sont remplacées par une entrée d’air ventrale d’assez grande taille. Lorsqu’en 1981 son autorisation de production est délivrée, les 122kN de poussée de ce réacteur ne semblent pas suffisants pour permettre au Q-6 d’atteindre les performances désirées. Une nouvelle version offrant 138kN de poussée, le WS-6G, est présentée en 1983 pour le Shenyang J-13. Le manque de maitrise de l’industrie chinoise d’alors ne garantis toutefois qu’une MTBO (temps moyen entre révisions) d’une cinquantaine d’heures de fonctionnement au mieux.

À partir de 1989, l’armée chinoise ne s’intéresse plus à un avion muni d’ailes à géométrie variable qui semble augmenter la surface équivalente radar, d’autant plus que les ingénieurs ont été incapables de développer les matériaux composites qui auraient dus permettre de diminuer la SER et la masse du Q-6. Ceci ajouté aux difficultés de mettre au point l’avionique dérivée de celle du F-111 et le manque de fiabilité du réacteur WS-6G, le gouvernement chinois annule le projet. Même si seuls trois prototypes ont été construits, utilisés pour les essais statiques, l’avionique au sol et la recherche sur l’aile à géométrie variable, les responsables militaires et industriels affirment que ce projet a contribué à faire progresser l’industrie aéronautique militaire chinoise. L’avionique sera reprise au moins partiellement par la suite, et l’entrée d’air ventrale sera réutilisée sur le Chengdu J-10.

Caractéristiques

  • Masse normale au décollage : 14 500 kg (31 967 lbs)

Équipage

  • Équipage : 1

Performances

  • Rayon d'action : 900 km (559 mi, 486 nm)

Motorisation

  • 1 × réacteur à double flux Shenyang WS-6G de 14 067 kgp (138 kN, 31 013 lbf)

Sur le forum…

  • La fiche sur le site.
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • Le Nanchang Q-6 est un projet d’avion d’attaque au sol chinois, monoréacteur, muni d’ailes hautes à géométrie variable et d’un empennage conventionnel.

    En 1974, durant la bataille des îles Paracel, la Chine n’a pas été en mesure d’assurer un soutien aérien à ses troupes et à ses navires, malgré le déploiement de 115 avions provenant des Force aériennes (PLAAF) et de la marine (PLANAF). Suite à cet épisode fâcheux, le gouvernement chinois constate que des problèmes logistiques ont limités la disponibilité des avions engagés et que leur avionique dépassée n’a pas permis une navigation suffisamment précise pour arriver sur la zone de combat à temps. Dans un premier temps, il est exigé qu’une remise à niveau des capacités logistiques et des infrastructures soit faite. Ensuite, il est démontré que l’aviation chinoise est incapable d’effectuer des missions de soutien dans la mer de Chine méridionale : les J-5, J-6, J-7 et J-8 manquent de capacités air-sol, le Q-5 emporte une faible charge utile et les H-5 et H-6, qui sont les seuls à avoir un rayon d’action suffisant, sont trop lents et manquent de capacités d'autodéfense. Il est évident que pour retrouver ses capacités d’appuis au sol et de lutte antinavire il faut renouveler la flotte. Pour limiter les coûts, il est décidé qu’un seul appareil sera développé, mais des différentes versions seront produites selon les missions spécifiques qu’ils seront amenés à effectuer au sein des forces aériennes et de la marine.

    En 1976, le gouvernement demande aux principaux constructeurs aéronautiques nationaux d’étudier un avion répondant à ses attentes. En juin de la même année, trois projets sont présentés : une version d’attaque au sol du J-8II désignée JH-8II, le Q-6 et le JH-7 qui sont de conception nouvelle. La première proposition est la préférée du gouvernement, mais comme l’intercepteur J-8II n’est pas encore au point, ce projet est rapidement éliminé. Le développement du JH-7 est jugé trop long et, par conséquent, c’est le Q-6 qui est choisi.

    La Chine ayant obtenu quelques exemplaires de MiG provenant d’Egypte, il est décidé que la cellule du nouvel appareil reprendra de nombreux points du MiG-23MS. Le constructeur Nanchang présente en février 1979 la configuration finale du Q-6, malheureusement pour le constructeur, les équipes de développement vont devoir faire face à de nombreuses difficultés, principalement en ce qui concerne l’électronique et la propulsion.

    Les commandes de vol électriques, qui devaient être obtenues par rétro-ingénierie de celles d’un F-111 abattu au-dessus du Nord-Vietnam, s’avèrent après neuf ans de travail trop complexes pour être copiées à l’identique par l’industrie chinoise. Par conséquent, si certains dispositifs sont désormais actionnés électriquement, d’autres actionneurs restent hydrauliques. Malgré que ces nouvelles commandes de vol soient considérées par le gouvernement comme une percée technologique pour l'aviation chinoise, ce dispositif est finalement 12% plus lourd que l’aile à géométrie variable à commande hydromécanique du MiG-23, ce qui réduit la charge utile et le rayon de combat du Q-6.

    En plus des exigences d’attaque au sol, la PLAAF et la PLANAF désirent que leurs Q-6 aient des capacités de combat aérien pour assurer leur autodéfense. Dans un premier temps, il est décidé de l’équiper avec un RP-22 Sapfir-21 d’origine soviétique, mais ce radar ne possède pas de capacités BVR. En travaillant en rétro-ingénierie sur les radars d’attaque au sol AN/APQ-113 et de suivi de terrain AN/APQ-110 du F-111, les ingénieurs chinois remarquent qu’il est possible d’incorporer un mode air-air au premier. Il est donc décidé d’installer des versions chinoises de ces deux radars dans le nez du Q-6, dans la même configuration que sur l’avion américain. D'autres systèmes de l’avionique du F-111, comme le récepteur d'alerte radar, le télémètre laser, les systèmes de communication et d'atterrissage aux instruments, doivent également être intégrés sur le Q-6. Cependant, l'industrie chinoise ne maîtrise pas la microélectronique et doit remplacer les dispositifs à semi-conducteur par des tubes électroniques. Ceci augmente la taille et la masse de ces instruments de fabrication locale.

    La seule avionique purement chinoise est le dispositif de navigation et d'attaque comprenant la visée Aim-6, plus précise que la visée de bombardement PBK-3 du MiG-23, mais qui pose de gros problème de développement. En parallèle, la Chine travaille sur une copie de la centrale inertielle et d'attaque AN/AJQ-20 du F-111 dont la conception ne sera maitrisée que plusieurs années plus tard.

    Les entrées d’air du MiG-23 sont jugées trop petites pour le réacteur WS-6, à l’origine en cours de développement pour le Chengdu J-9, et elles sont remplacées par une entrée d’air ventrale d’assez grande taille. Lorsqu’en 1981 son autorisation de production est délivrée, les 122kN de poussée de ce réacteur ne semblent pas suffisants pour permettre au Q-6 d’atteindre les performances désirées. Une nouvelle version offrant 138kN de poussée, le WS-6G, est présentée en 1983 pour le Shenyang J-13. Le manque de maitrise de l’industrie chinoise d’alors ne garantis toutefois qu’une MTBO (temps moyen entre révisions) d’une cinquantaine d’heures de fonctionnement au mieux.

    À partir de 1989, l’armée chinoise ne s’intéresse plus à un avion muni d’ailes à géométrie variable qui semble augmenter la surface équivalente radar, d’autant plus que les ingénieurs ont été incapables de développer les matériaux composites qui auraient dus permettre de diminuer la SER et la masse du Q-6. Ceci ajouté aux difficultés de mettre au point l’avionique dérivée de celle du F-111 et le manque de fiabilité du réacteur WS-6G, le gouvernement chinois annule le projet. Même si seuls trois prototypes ont été construits, utilisés pour les essais statiques, l’avionique au sol et la recherche sur l’aile à géométrie variable, les responsables militaires et industriels affirment que ce projet a contribué à faire progresser l’industrie aéronautique militaire chinoise. L’avionique sera reprise au moins partiellement par la suite, et l’entrée d’air ventrale sera réutilisée sur le Chengdu J-10.


    Caractéristiques et performances prévues :
    Equipage : 1
    Masse en charge : 14’500kg
    Moteurs : un réacteur WS-6G d’une poussée de 138kN avec postcombustion.
    Rayon d’action : 900km
    Armement : 4’500kg de charge offensive, composée principalement de diverses bombes ou paniers à roquette.



    Liens internet :
    https://en.wikipedia.org/wiki/Nanchang_Q-6

    https://www.globalsecurity.org/military/world/china/q-6.htm

    https://defence.pk/pdf/threads/nanchang-q-6.87216/
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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