Historique
Le 3 juin 1946, un programme de chasseur monoplace embarqué à réaction fut lancé par le Service Technique Aéronautique de l’État-major de la Marine Nationale, dans le but d'équiper de nouveaux porte-avions envisagés par la Marine Nationale après la guerre. Cet appareil doit être armé de 3 canons de 20 ou 30 mm, et emporter 2 bombes de 500 kg ou 8 roquettes de 90 mm. Il doit voler à plus de 900 km/h et disposer d'une vitesse ascensionnelle supérieure à 25 m/s au niveau de la mer.
3 appareils furent concurrents, tous dotés du moteur Rolls-Royce Nene 102 de 2270 kgp construit sous licence par Hispano-Suiza : le NC-1080, le Nord 2200 et le VG-90. Ce réacteur était alors le plus puissant disponible.
La SNCAN proposa son Nord 2200, conçu par Coroller, Dupin et Buret. Cet appareil avait une entrée d'air frontale, d'un train tricycle rétractable et d'un empennage conventionnel. Sa construction est entièrement métallique. L'alimentation en air passe sous le cockpit, lui-même pressurisé et équipé d'un siège éjectable. Ses ailes étaient basses, en flèche de 24°, à écoulement laminaire et avec des volets Fowler de grande taille. Cependant, elles ne se repliaient pas et bien que les canons prévus soit 3 ADEN de 30 mm alimentés par 145 obus, il ne fut jamais armé. Sa silhouette générale rappelait celle du F-86, en plus trapu.
Un seul prototype fut construit et fut achevé fin novembre 1949. Il effectua son vol inaugural le 16 décembre 1949, entre les mains de Marcel Perrin. Ce vol eut lieu avec 9 mois de retard sur les prévisions. Il fut dévoilé à la presse à Melun-Villaroche le 28 janvier 1950.
Il fut convoyé au CEV de Brétigny le 31 mars 1950 et reçut l'immatriculation F-WFRD. Il eut un seul incident, un début d'incendie au sol le 24 juin 1950, et son pilote Claude Chautemps évacua l'appareil à temps. On profita des réparations pour l'équiper de servocommandes, d'une dérive agrandie ou allongée et d'un logement pour une antenne de radar à impulsions au-dessus de l'entrée d'air. Dès lors, avec la cocarde de la Marine, il porte la lettre G.
Il reprit l'air le 24 mai 1951. Bien que plus lourd que ses concurrents et très instable, il était finalement plus sûr avec une carrière sans accidents. Ce fut le seul appareil de ce programme à ne pas tuer ses pilotes. Il fut présenté deux fois au public : le 11 juin 1950 lors de la Fête de l'Air à Orly, et en juillet 1953 lors du salon du Bourget. A cette occasion, il décolla à l'aide de fusées d'appoint.
Cependant, le programme fut annulé en 1951 et en 1952, la Marine Nationale préféra commander des Sea Venom. Stocké à Villaroche, le Nord 2200 continua à voler jusqu'en juin 1954, accumulant 120 vols. Il disparaît jusqu'en juin 1978, date à laquelle il est retrouvé stocké à Avord. Une hypothèse veut qu'il a peut-être été placé dans un champ de tir.
Il fut alors transféré au musée du Bourget qui le conserva dans ses réserves d'abord à Chartres, puis à Villacoublay après 1981. A cette époque, la cellule est déjà en mauvais état et susceptible d'être ferraillée. L'association Ailes Anciennes Armorique, qui a créé le MAVAMO (Musée Aéronautique de Vannes-Agglomération-MOnterblanc) en 1984, le récupère en novembre 1984 et espère le restaurer, mais la tâche semble déjà lourde et nécessiter plutôt une reconstruction. De plus, il est stocké dans de mauvaises conditions, à l'extérieur. Lorsque le MAVAMO ferme en janvier 2014, il est décidé de le transférer au musée de Lyon-Corbas. Mais sa structure, trop corrodée, était hors d'état d'une restauration voire même d'une reconstruction. Le Nord 2200 dut être ferraillé l'année même (ce qui entraîna stupeur et polémique) et seule sa dérive a pu être conservée.