Loire 46

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  • Chasseur monoplan français des années 1930.

    Le programme d’acquisition d’un nouveau chasseur, en 1928, n’ayant pas donné satisfaction à l’Armée de l’Air française, il est réactualisé deux ans plus tard. Cette fois-ci, une dizaine de prototypes sont proposés par les différents constructeurs : Bernard 260, Blériot-SPAD S.510, Dewoitine D.500, Gourdou-Leseurre GL-482, Loire 43, Lorraine-Hanriot-Biche, Morane-Saulnier MS.325, Mureaux 170, Nieuport 122 et Wibault 313. C’est le D.500 de Dewoitine qui remporte largement la compétition, mais le Ministère de l’Air se méfie des monoplans et préfère commander également des Blériot-SPAD S.510, le seul biplan proposé. Le Loire 43 est également jugé intéressant et un prototype est commandé pour être évalué.

    Cet appareil est équipé d’un moteur Hispano-Suiza 12 Xbrs de 660 ch, selon les exigences du ministère de la défense. Il est directement dérivé d’autres modèles proposés depuis 1929 par Loire Aviation : le Loire 40, le Loire 41, puis le Loire 42, tous rejetés jusque-là. Comme pour ses prédécesseurs, la cellule du Loire 43 possède une structure entièrement métallique, avec un revêtement en alliage léger. Le moteur Hispano-Suiza 12 Xbrs entraine une hélice bipale métallique. Un radiateur de taille importante est situé juste en-dessous du moteur. Ses ailes, en position haute et contreventées, sont droites et leurs saumons sont arrondis. Proche de l’emplanture, elles ont un léger dièdre positif, leur donnant une légère configuration en mouette. Le poste de pilotage, monoplace, est situé à l’arrière des ailes et le pilote est protégé par un parebrise à l’avant et une surélévation du fuselage en forme d’arête à l’arrière. L’empennage est conventionnel, avec des surfaces horizontales contreventées et une dérive très arrondie. Le train d’atterrissage, de type classique, est fixe. Il est muni de roues avant carénées et d’un patin à l’arrière. Son armement consiste en deux mitrailleuses Darne de 7,5 mm.

    Le premier vol est effectué à partir de la plage de La Baule le 17 octobre 1932. Les essais d’usine se poursuivent, mais un accident se produit le 14 janvier 1933, avant même que les essais officiels ne débutent. Alors que l’appareil vole à 9'000 mètres, il part en vrille et s’écrase en tuant le pilote. La cause probable est une perte de connaissance du pilote en raison de l’altitude atteinte.

    Ce crash a lieu au moment où un autre prototype sort des ateliers de Saint-Nazaire, motorisé par un Gnome et Rhône 14 Kds à 14 cylindres en double étoile de 740 ch. L’objectif de Loire Aviation était de comparer cet appareil avec le Loire 43. Ce deuxième prototype diffère également du premier par des montants plus épais pour soutenir les ailes et un armement constitué de deux canons Oerlikon de 20 mm dans les ailes. Son premier vol a lieu le 20 février 1933 et, en juin, il remplace le premier prototype pour les essais officiels qui ont lieu à Villacoublay. Il atteint 370 km/h, mais la visibilité reste médiocre malgré plusieurs modifications de la forme des ailes au niveau de l’emplanture. Il est remotorisé avec un Gnome-Rhône 14 Kcs de 880 ch en août 1934, puis doté d’une dérive agrandie en octobre. À partir de juillet 1935, motorisé par un Gnome-Rhône 14 Kfs de 900 ch, il est redésigné Loire 45 LP1 et termine sa carrière comme avion d’essais de parachutes. À la fin de la guerre, il est retrouvé à Istres, en bon état, avec une hélice quadripale en bois et une cocarde peinte sur le fuselage. Il vole encore au début des années 1950 avec l’immatriculation civile F-AKHP et une livrée militaire.

    Le 1er septembre 1934, un nouveau prototype décolle de l’aérodrome de La Baule-Escoublac. Désigné Loire 46, il est également motorisé par un Gnome et Rhône 14 Kcs qui entraine une hélice métallique tripale. Bien que directement dérivé des modèles précédents, plusieurs différences sautent aux yeux. L’arrière du fuselage est plus bas, sans l’arrête dorsale, ce qui offre une meilleure visibilité pour le pilote. Ses ailes, entièrement redessinées, ont une configuration en mouette beaucoup plus prononcée. Si les extrémités restent arrondies, le bord d’attaque du panneau extérieur est légèrement en flèche, alors que le bord de fuite présente une forme semi-elliptique. Les surfaces de l’empennage sont également agrandies. En février 1935, son moteur est remplacé par un Gnome et Rhône 14 Kfs de 930 ch. De plus, il est armé de deux canons de 20 mm de voilure. Maniable et possédant une bonne vitesse ascensionnelle, l’Armée de l’Air commande en mai de la même année une présérie de 5 appareils et de 40 exemplaires de série.

    En fin d’année la commande est portée à 60 exemplaires qui sont immatriculés N-088 à N-178. Ces appareils de série se différencient du prototype par l’installation d’un équipement radio Thomson-Ducretet Th.53, une nouveauté pour l’Armée de l'Air, et par son armement constitué de 4 mitrailleuses MAC-34 de 7,5 mm dans les ailes. En février 1936, soit avec plusieurs mois de retard, le premier appareil de série prend l’air à Villacoublay, la production étant assurée par l’usine Nieuport d’Issy-les-Moulineaux à la suite de la fusion de Loire Aviation et de Nieuport le 1er juillet 1935. Les livraisons commencent en août, mais les six exemplaires immatriculés N-088 à N-093 sont prélevés en août 1936, désarmés à Villacoublay et convoyés via Toulouse-Francazal jusqu’à Barcelone pour livraison à la République Espagnole. Afin de ne pas violer le principe de non-intervention signé par la France, ils sont déclarés matériel agricole. Par conséquent, l’Armée de l’air ne reçoit donc que 22 Loire 46 en 1936, le solde suivant entre janvier et juillet 1937.

    La carrière du Loire 46 est relativement brève au sein de l’Armée de l’Air. Il remplace à partir de la mi-novembre 1936 les Nieuport-Delage NiD.629 au sein de la 6e escadre de Chasse. La prise en main de ces appareils ne pose pas de problèmes majeurs et la montée jusqu’à plus de 9'000 mètres se fait de façon aisée, d’autant plus qu’un système de chauffage du poste de pilotage est installé. Bien que ses performances soient déjà un peu dépassées, il est le premier chasseur de l’Armée de l’Air équipé d’une radio. Les pilotes relèvent également que l’appareil a tendance à décrocher facilement à basse vitesse et que le train d’atterrissage est relativement fragile, mais son véritable point faible est son moteur. En effet, il consomme beaucoup, démarre très mal à froid et ses fortes vibrations rendent parfois difficile l’alimentation en carburant. La 6e Escadre est rééquipée avec des Morane-saulnier MS.406 entre décembre 1938 et mars 1939. Quatre Loire 46 sont tout de même maintenu en service pour être utilisés par l’École de Tir de Cazaux, les autres sont stockés, puis transférés en mars 1939 aux centres d’instruction où ils servent en 1940 à l’instruction au tir des pilotes polonais.

    Des six exemplaires envoyés aux forces armées républicaines en Espagne, seuls cinq arrivent à Barcelone entre le 3 et le 7 septembre 1936, le N-090 ayant été accidenté lors de l’étape à Toulouse. Numérotés de 2 à 6, ils sont réarmés avec deux mitrailleuses Vickers de 7,7 mm et affectés au groupe de chasse international stationné à Getafe pour assurer la défense de Madrid. Le No 6 est attribué à l’escadrille España d’André Malraux, tandis que les autres sont mis à la disposition des pilotes disponibles en fonction des besoins. Le premier engagement a lieu le 21 septembre dans le secteur de Tolède où deux Loire 46 engagés sont perdus, victimes de pannes de moteurs. Le 25 septembre, le pilote italien Locatelli, engagé dans l’Escadrille Internationale, abat au-dessus de Tolède un Ju-53/3m, le premier exemplaire de ce type victime de la chasse républicaine. Le 16 octobre les appareils républicains qui tentent de ralentir une colonne s’apprêtant à investir le village de Mojeron, près de Madrid, sont surpris par des CR.32 et le Loire 46 piloté par le pilote yougoslave Giuseppe Krizal est abattu. Le 25 septembre, le pilote italien Brunetto di Montegnacco touche un Loire 46 au niveau du réservoir, le pilote britannique arrive néanmoins à ramener son appareil à sa base et se pose en faisant un cheval de bois. L’appareil est remis en état, mais il est ensuite abattu le 21 octobre au-dessus de Getafe. Enfin le Loire n°6, endommagé par un bombardement fin octobre, est envoyé après réparation en Andalousie, où l'on en perd la trace. Un des Loire 46 est utilisé avec succès par le pilote de chasse soviétique Anton Kovalevski, puisque selon certaines sources, il aurait obtenu cinq victoires. Finalement, bien que considéré comme excellent en vitesse ascensionnelle, il est généralement jugé pas assez manœuvrant face aux CR.32 particulièrement agiles.

    Au total, 61 Loire 46 ont été construits, dont un prototype. Seule la République Espagnole a utilisé des exemplaires de cet appareil au combat.



    Versions :
    Loire 40 : Version proposée à l’Armée de l’Air pour son programme d’acquisition d’un nouvel avion de chasse en 1929 ; un prototype motorisé par un Gnome et Rhône Titan II de 300 ch.

    Loire 41 : Version proposée à l’Armée de l’Air pour son programme d’acquisition d’un nouvel avion de chasse en 1929 ; un prototype motorisé par un Hispano-Suiza 12Mc de 500 ch.

    Loire 42 : Version proposée à l’Armée de l’Air pour son programme d’acquisition d’un nouvel avion de chasse en 1929 ; un prototype motorisé par un Gnome et Rhône 9 Abs Jupiter II de 420 ch.

    Loire 43 : Version proposée à l’Armée de l’Air pour son programme d’acquisition d’un nouvel avion de chasse en 1930 ; deux prototypes construits : le premier motorisé par un Hispano-Suiza 12 Xbrs de 660 ch, le second par un Gnome et Rhône 14 Kds à 14 cylindres en double étoile de 740 ch.

    Loire 44 : Probablement la version motorisée avec un Gnome et Rhône 14 Kds de 740 ch, redésignée Loire 45 après sa remotorisation avec un Gnome-Rhône 14 Kfs de 900 ch..

    Loire 45 LP1 : Version motorisée avec un Gnome et Rhône 14 Kds de 740 ch, puis remotorisée avec un Gnome-Rhône 14 Kfs de 900 ch et équipée d’un empennage aux surfaces plus grandes.

    Loire 46 : Version motorisée par un Gnome et Rhône 14 Kcs, puis 14 Kfs de 930 ch ; 61 exemplaires construits (1 prototype, 5 avions de présérie et 55 avions de série).


    Utilisateurs militaires :
    Espagne : 5 exemplaires

    France : 54 Loire 46 en service de novembre 1936 à 1940


    Caractéristiques et performances Loire 46 :
    Equipage : 1
    Longueur : 7,88 m
    Envergure : 11,80 m
    Hauteur : 4,18 m
    Surface alaire : 19,50 m2
    Masse à vide : 1'450 kg
    Masse maximale au décollage : 1'985 kg
    Points d’emport : 0
    Moteurs : un Gnome et Rhône 14Kfs de 930ch
    Vitesse max basse altitude : 370 km/h
    Plafond opérationnel : 10'500 m
    Rayon d’action : 750 km
    Armement : 4 mitrailleuses MAC 34 de 7,5 mm, approvisionnées de 300 coups chacune



    Liens internet :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Loire_46

    https://www.aviafrance.com/loire-46-aviation-france-836.htm

    http://jnpassieux.fr/www/html/Loire_46.php
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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  • Le Loire 46 sur le site.
    " J’ignore la nature des armes que l’on utilisera pour la troisième guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres."  A. Einstein       "Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles."  Max Frisch
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