Historique
Le Mi-12 avait été conçu afin de répondre à une demande étatique pour un hélicoptère de transport lourd. Il fut abandonné en 1974 lorsqu'il apparut que les turbines devinrent suffisamment puissantes pour propulser un tel appareil, mais moins encombrant.
L'étude de l'Izdelie 90, qui allait lui succéder, fut autorisée en 1971. Une des spécifications était que la masse à vide devait être inférieure à la moitié de la masse maximale au décollage. L'ingénieur en chef, Marat Tishchenko, s'inspira du Mi-6 et le nouvel appareil en reprenait les dimensions tout en étant plus moderne, plus élégant et plus efficient. Il emporte par exemple 20 tonnes de charges au lieu de 12.
Il est équipé de deux turbines Lotarev D-136 de 8550 kW, d'un rotor principal à 8 pales en composites (fibre de verre, titane). C'est le seul hélicoptère au monde à posséder un rotor de 8 pales. Le système de dégivrage est entièrement électrique. Le rotor de queue, lui, est composé de 5 pales en fibre de verre. Son train d'atterrissage est tricycle et fixe. Il dispose d'un APU TA-8V situé sous le plancher. Sa boîte de transmission, le VR-26, fut conçue par Mil lui-même, son fournisseur pensant qu'il était impossible de construire un boîtier de transmission capable de supporter 19725 hp.
Son équipage de 5 personnes (pilote, copilote, navigateur, ingénieur de vol et mécanicien) prennent place dans un cockpit pressurisé et disposant de panneaux en bulle afin d'améliorer la visibilité. 3 TV permettent de surveiller la charge sous élingue. 4 passagers peuvent prendre place dans une cabine. La soute, elle, n'est pas pressurisée. Elle contient 40 sièges et 60 autres peuvent être installés. Elle s'ouvre à l'arrière par des portes en coquille, dispose d'une rampe d'accès et de deux treuils d'une capacité de 2,5 tonnes. La soute mesure 15 mètres de long, 3,2 mètres de large et 3,15 mètres de haut.
Le vol inaugural du premier prototype V-26 fut effectué le 14 décembre 1977. Il sera suivi d'un deuxième prototype. Le premier Mi-26 de série sortit de l'usine de Rostov-sur-le-Don le 4 octobre 1980. Il fit sensation lors de sa première apparition publique, au salon du Bourget en 1981 : il y gagna le nom de code "Halo".
Le Mi-26 entra en service en 1983, après les essais militaire de 1982 marqués par une série de records. Conçu comme une machine militaire, il dispose de lance-leurres et d'un IFF. Il n'est pas armé, mais on peut faire passer des armes légères par les hublots. Un blindage peut être ajouté au cockpit si nécessaire.
Le Mi-26 s'avéra suffisamment adaptable à toutes sortes de missions pour rendre inutile l'étude de versions spécialisées. Les modifications peuvent ne prendre qu'une heure, comme dans le cas du Mi-26TP. Le concept d'une grue volante fut cependant poussée jusqu'au stade de prototype avec les Mi-26TM en 1992 et le Mi-26PK en 1997. Cette version avait l'apparence du S-64 Skycrane, en plus gros.
316 exemplaires ont été construits depuis 1980. Il est très apprécié par ses utilisateurs, pour sa bonne tenue en vol et ses capacités nettement supérieures au Mi-6 sous-motorisé. L'Inde fut son premier client à l'export, et le plus enthousiaste pour cette machine. 6 appareils furent prévus. Les 2 premiers furent livrés en 1986 et les deux suivants en 1989. Les 4 exemplaires étant suffisant, les deux derniers ne furent jamais achetés. L'un d'eux fut perdu par accident en 2010. L'Ukraine (10 sur 28), le Belarus (10 sur 12), l'Ouzbékistan (1) et le Kazakhstan (4, peut-être sur 24) ont récupérés des exemplaires lors de l'éclatement de l'URSS.
Il a été vendu à l'Algérie (6 Mi-26T2 commandés en mars 2014), au Cambodge (2, ex-ukrainiens et achetés dans les années 1990), au Congo-Kinshasa (2 livrés, 1 en service), à la Corée du Nord (2 ou 4, peut-être livrés en 1997 ou 1998), au Laos (1 Mi-26T acheté en 1998), au Mexique (2 : un a été détruit par accident), au Pérou (1 au sein de l'armée de terre, 3 reçus) et au Venezuela (2 Mi-26TS dans l'armée de terre, 3 reçus en 2006).
Le Mi-26 fut d'abord engagé en Afghanistan (un fut perdu par accident en 1985), et déployé lors de la catastrophe de Tchernobyl en larguant de l'eau, en mesurant le taux de radioactivité et en transportant le matériel nécessaire au confinement du réacteur 4. La version Mi-26S fut conçue dans l'urgence afin de secourir les victimes de catastrophes, dès après l'événement. La plupart des Mi-26 déployés à Tchernobyl furent tellement irradiés qu'il fallut les abandonner sur place.
Le Mi-26 fut aussi engagé dans les conflits secouant l'ancienne URSS, avec une perte en Arménie en 1992 et une autre en Tchétchénie en 2003, conduisant 118 hommes à la mort sur 147. Les Mi-26 indiens furent déployés lors du conflit des Kargil. Le Mi-26 fut également utilisé par les Nations Unies (en Somalie, en Yougoslavie, au Timor, et en Sierra Leone) pour des missions humanitaires, et même en Afghanistan par les États-Unis pour récupérer un CH-47 en 2002. En octobre 1999, un Mi-26 fut utilisé afin de rapatrier un bloc de glace de 25 tonnes, contenant un mammouth laineux de 23000 ans parfaitement conservé. La surcharge était telle que le Mi-26 fut immédiatement renvoyé en usine après le vol.
Les Mi-26 russes sont actuellement modernisés par Rostvertol au standard Mi-26T2. 8 ont déjà été livrés en 2012 et le chantier devrait se terminer en 2015. Environ 20 exemplaires sont toujours en service. 22 exemplaires sont commandés neufs.
Le Mi-26 fut évalué en France et en Allemagne en 2007, qui préférèrent se lancer dans l'étude d'un nouvel hélicoptère lourd. En 2009, Mil annonça le lancement du Mi-46, un hélicoptère lourd basé sur le Mi-26.
Le Mi-26 est le plus gros hélicoptère ayant connu la production en série. Il peut emporter une charge comparable à celle de l'Hercules, dont 2 blindés léger. Bien que rare et cher, il s'avère précieux dans sa catégorie, facilement adaptable à tous type de mission, et particulièrement fiable.
Cependant la production du Mi-26 paraît compromise dans la mesure où l'Ukraine, unique productrice des turbines D-137, a annoncé la fin de sa coopération militaire et technique avec la Russie, dans le sillage du conflit russo-ukrainien de 2014.
Texte de Clansman, avec son aimable autorisation
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