Historique
En 1938, la firme Consolidated fut approchée par l'USAAC afin de construire le B-17, dont les cadences de production étaient encore faibles. Sauf que Consolidated ne se voyait pas en sous-traitant, encore moins pour un appareil qui montrait déjà ses limites au bout de 4 ans d'existence. La firme préféra donc concevoir son propre bombardier, plus performant.
Le nouvel appareil, le Model 32, était un quadrimoteur qui combinait une aile conçue par David Davis, la double dérive du Consolidated 31 et un nouveau fuselage. Ce dernier fut conçu par Isaac M. Laddon autour de deux soutes à bombes, chacune d'entre elle ayant la capacité de celle d'un B-17.
L'USAAC, intéressée, émit la spécification C-212 invitant Consolidated à lui soumettre un projet de bombardier dépassant le B-17 en plafond, vitesse et autonomie, le 1er février 1939. Le 30 mars 1939, le Consolidated 32 fit l'objet d'un contrat pour un prototype, qui fut désigné XB-24.
Le B-24 apportait son long d'innovations. Il fut le premier bombardier américain à disposer d'un train d'atterrissage tricycle. Il était propulsé par 4 Pratt & Whitney R-1830 de 1000 hp. Bien que plus court que le B-17, il avait une masse au décollage de 32 tonnes, ce qui en faisait un des appareils les plus lourds de l'époque. Avant même que le prototype ne vola, il fut commandé à 36 exemplaires par l'USAAC, 120 par la France et 164 par la RAF.
Le XB-24 vola pour la première fois le 29 décembre 1940. Celui-ci se montra trop lent par rapport aux spécifications requises et il fallut, entre autres modifications, changer de moteurs pour des R-1830-41. Ces modifications entraînèrent un changement de désignation, le prototype devenant XB-24B. 7 YB-24 furent commandés en avril 1939, mais ils étaient construits à la main et inaptes au combat. 6 d'entre eux furent cédés à la RAF sous la désignation LB-30A, tandis que le septième fut testé avec des blindages et des réservoirs auto-obturants. Les LB-30A furent livrés en décembre 1940 et désignés "Liberator" par la RAF. Le surnom allait rester, mais les appareils furent décevants et vite relégués à des missions de transport.
Les premiers B-24 à voir le combat furent ceux du Coastal Command, des Liberator GR.I (pour General Reconnaissance) modifiés pour la patrouille maritime et la lutte contre les sous-marins. Ils furent livrés dès mars 1941 et déployés à partir de juin. 5 sous-marins furent coulés et 4 endommagés. Quand aux B-24 français, ils arrivèrent trop tard et furent versés à la RAF. La RAF le déploya dans le Pacifique, à Java plus précisément, à partir de janvier 1942. Ils furent également employés au Moyen-Orient en 1942.
L'USAAF reçut ses premiers B-24A en 1941. Un unique B-24 était à Pearl Harbor et fut détruit lors de l'attaque japonaise. Le 6 juin 1942, sa première attaque, visant l'île de Wake, se solda par un échec. Le 12 du même mois, des B-24 basés en Egypte attaquèrent les installations pétrolières de Ploesti, en Roumanie.
A partir de là, et jusqu'à la fin de la guerre, le B-24 serait employé sur tous les théâtres de la seconde guerre mondiale, que ce soit en Afrique du Nord, en Italie, en Europe, dans l'Atlantique et dans le Pacifique, en Birmanie. Il remplaça dans le Pacifique le B-17 au trop faible rayon d'action.
La première perte au-dessus de l'Allemagne remonte au 26 février 1943. Le B-24 se rendit célèbre pour son raid au-dessus de Ploesti le 1er août 1943 : pas moins de 177 B-24 décollèrent de Libye pour attaquer ces installations pétrolières, précieuses pour l'effort de guerre allemand. Cependant, le raid fut un désastre car l'ennemi fut sous-estimé et pleinement alerté, alors que les attaquants étaient désorganisés. Le B-24 fut utilisé dans bien des rôles, comme la guerre électronique, et un B-24 modifié servit d'avion personnel pour Churchill. Il donnera naissance à un dérivé pour l'US Navy, le PB4Y Privateer, et à des versions de transport, comme le C-87.
La RAF utilisa 2100 B-24 et l'USAAF, pas moins de 12000. Il constitua à lui seul le tiers de la force de frappe de la 8e Air Force (le B-17 constituant les deux autres tiers). Le Canada reçut 1200 B-24J. Il fut l'unique bombardier stratégique de l'Australie, qui en posséda 287. La Nouvelle-Zélande en aurait aussi possédé. L'Afrique du Sud engagea 16 B-24, notamment lors de l'insurrection de Varsovie en 1944. Les pilotes tchéques et polonais en exil au Royaume-Uni l'utilisèrent au sein de la RAF. Un seul B-24 fut officiellement livré à l'URSS, mais 73 exemplaires furent forcés d'y atterrir au cours de raids. 30 furent remis en état de vol.
La Luftwaffe en captura un certain nombre, qui furent réutilisés pour des missions de transport. La Regia Aeronautica captura un B-24D en février 1943, qui fut testé avant d'être transféré à la Luftwaffe. La Roumanie en captura un lors de l'opération Tidal Wave (l'attaque sur Ploesti). D'autres furent capturés et la Roumanie envisagea de créer une escadrille de B-24. Seuls 3 B-24D et un B-24J étaient en état de vol lors du coup d'Etat par le roi Michel le 23 août 1944. Le projet fut alors abandonné.
Des exemplaires contraints d'atterrir furent internés par le Portugal (6 B-24D) et la Turquie (11 B-24D, lors de l'opération Tidal Wave).
A la fin de la guerre, le B-24 fut rapidement considéré comme obsolète par l'USAAF. Un seul B-24D fut conservé et préservé dès 1950.
Il fut également utilisé par la Chine nationaliste (37 B-24J et M de 1944 à 1958), et la Chine communiste en captura 3 exemplaires (utilisés de 1946 à 1949). Israël essaya d'obtenir 25 exemplaires auprès de l'Australie, mais sans succès : les appareils étaient en trop mauvais état. C'est en Inde que le B-24 accomplit sa carrière d'après-guerre : 42 exemplaires furent remis en état de vol par HAL en 1947. Ils furent retirés du service en 1968, et 5 des B-24 qui existent encore viennent de la force aérienne indienne.
18482 B-24 furent construits jusqu'en septembre 1945, ce qui en faisait (et en fait toujours) l'appareil militaire américain le plus produit, devant le B-17 qui ne possède que la 2e place. Le pari de Consolidated fut payant, même si le B-24 est moins connu que la Forteresse volante. Il fut une étape importante dans la conception de bombardiers stratégiques intercontinentaux comme les B-29 ou B-36. Très peu ont survécu : 9 appareils sont exposés complets, et 3 autres sont en état de vol, dont… un B-24A, "Diamond Lil", appartenant à la Commemorative Air Force. Un B-24M est en cours de restauration en Australie.
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