Dassault Rafale A

Historique

Le Rafale A est le prototype ou le démonstrateur technologique, du Rafale. Il a été construit à un seul exemplaire.

Le programme ACX fut lancé au début de l'année 1983, résultant à la fois d'un accord entre la Marine Nationale et l'Armée de l'Air pour un unique appareil, et à la fois du retrait de la France d'un programme de chasseur européen qui allait devenir l'Eurofighter. A cette époque, 2 prototypes étaient prévus. Cependant, la commande fut réduite à un seul exemplaire.

La construction commence en mars 1984 avant même qu'un contrat ne soit signé avec la DGA et le prototype, immatriculé F-ZJRE, sort de l'usine de Saint-Cloud le 13 ou 14 décembre 1985 avec quelques semaines d'avance sur les prévisions. Les moteurs M88 ne sont pas encore prêts, ou en tout cas considérés comme suffisamment matures, et il est doté de 2 réacteurs General Electric F404-GE-400 de 4500 kgp (7250 kg avec PC). Il pèse 9,5 tonnes. Il est alors présenté par Bruno Revellin-Falcoz à Marcel Dassault, qui, en le voyant, prédit "qu'il volera bien parce qu'il est beau". Mais Marcel Dassault ne le verra jamais voler : il meurt le 17 avril 1986…

Le prototype vole pour la première fois le 4 juillet 1986 à Istres entre les mains de Guy Mitaux-Maurouard, avec 6 mois d'avance sur le programme. Ce vol dura une heure et le Rafale A dépasse Mach 1 (plus exactement, Mach 1,32) en supercroisière dès ce vol, ainsi que l'altitude de 11000 mètres et un facteur de charge de 5G. Il atterrit en 300 mètres. Le 17 juillet, au 6e vol, il franchit Mach 1,8. Il est présenté au public à Farnborough en septembre 1986, puis au salon du Bourget l'année suivante. L'évaluation par le CEV commence en novembre 1986.

Il vole à Mach 1,9 à 15000 mètres, à Mach 0,95 à très basse altitude, au minimum à 180 km/h, et supporte 8G en continu. A cette époque, la Belgique, le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas sont intéressés au point d'envisager un projet multinational qui ne se concrétisa jamais…

Le Rafale A atteignit Mach 2 à son 93e vol le 4 mars 1987.  Bien qu'il ne dispose d'aucun équipements navaux, il simula 7 appontages sur le Clémenceau le 30 avril 1987, afin de déterminer si le design est éventuellement compatible avec les portes-avions, et si le champ de vision est suffisamment bon. Ces essais, menés par Yves Kerhervé, ont lieu lors du 111e vol. La vitesse d'approche du Rafale A s'avéra inférieure à celles du Crusader et du Super-Etendard (de 10 km/h dans ce dernier cas). 85 essais eurent lieu sur le Foch entre le 4 et le 8 juillet 1988, dont 23 de nuit. 4 pilotes y participent : Yves Kerhervé qui a remplacé Guy Mitaux-Maurouard comme pilote en chef chez Dassault, ainsi que les capitaines de vaisseau Richard Wilmot-Roussel et Paul Habert, et le colonel Claude Martin du CEV.

Le 12 juillet 1989, le Rafale A voit son réacteur F404 gauche remplacé par un M88-2, ce qui l'immobilise pendant 6 mois. Il effectue ainsi son 460e vol le 27 février 1990. Là encore, le Rafale montre sa capacité de supercroisière avec Mach 1,4 sans post-combustion. 65 vols et 75 heures furent ainsi effectués.

Le Rafale A effectua 867 vols jusqu'au 24 janvier 1994. Il fut exposé un temps à l'EPNER, puis à l'usine Dassault de Saint-Cloud. Une plainte des autorités locales, liée à un nombre croissant d'accidents sur la route longeant l'usine, incite Dassault à retirer le prototype… Il a été donné au musée du Bourget le 29 avril 2009, et est désormais exposé depuis le 22 juin 2010, après avoir été stocké à Dugny.

Exemplaires