Historique
Dès 1954, Dassault envisage un avion de liaison, plus rapide que le Flamant et donc biréacteur. Des projets comme le Méditerranée (propulsé par 2 Viper sous les ailes), ou le Mystère 100 en 1959, voient le jour mais n'aboutissent pas.
L'apparition du moteur Pratt & Whitney JT12A-8 permet à l'équipe de Paul Déplante, Paul Chassagne et René Lemaire de concevoir le Mystère XX, dès décembre 1961. Celui-ci reprend l'aile en flèche du Méditerranée, elle-même issue du Mystère IV, et la disposition des réacteurs (à l'arrière du fuselage) du Mystère 100.
L'appareil est alors étudié sur fonds propre, et en collaboration avec Sud-Aviation depuis le 7 juin 1962, pour transporter 10 passagers à une allure de Mach 0.8 en croisière, à 1500 km, voire plus de 2000 km en agrandissant la voilure. Une distance franchissable de 1500 km est suffisante pour le marché européen, mais une autonomie de plus de 2000 km est nécessaire pour viser le marché américain. Il bénéficie de l'expérience acquise par Dassault sur ses chasseurs, comme l'aérodynamique, les servocommandes, les procédés de fabrication voire la finition. Sud-Aviation construit la voilure et Dassault fait tout le reste.
L'appareil devint ensuite Mystère 20. Le prototype du Mystère 20, construit à partir de janvier 1962, effectue son vol inaugural le 4 mai 1963, avec René Bigand aux commandes.
Dès 1962, la firme Pan Am songe à se diversifier et à acquérir une flotte d'avions de liaison et d'affaires. Serge Dassault lui-même est persuadé de l'intérêt du marché américain. Plusieurs directeurs de la Pan Am, dont Charles Lindbergh, regardent voler le prototype en mai 1963. La légende veut que Lindbergh ait télégraphié au PDG de Pan Am, Juan Tripp, "I've found our bird" (j'ai trouvé notre oiseau) lors du salon du Bourget 1963 (Il y a des variations, comme "your bird" (votre oiseau), ou "We have our plane").
Un contrat pour 40 appareils, plus 120 en option, est conclu. La Pan Am en demande une version équipée de réacteurs double flux General Electric CF700, qui vole le 10 juillet 1964. Ils seront livrés à partir de 1965, la certification intervenant le 9 juin. Le lendemain, Jacqueline Auriol bat le record du monde féminin de vitesse en circuit fermé de 1000 km, avec 859.51 km/h. En 1966, la Pan Am baptise ses exemplaires "Fan Jet Falcon" afin de séduire sa clientèle, donnant naissance à l'appellation désormais contrôlée de Falcon 20. Le surnom de Baby Jet, un temps envisagé, fut rejeté.
L'appareil obtient une réputation de confort et de sécurité telle qu'il fut construit à 512 exemplaires (prototype compris), dont 477 Falcon 20 et 38 Falcon 200. Dès 1974, Dassault installa une usine à Little Rock, en Arkansas. Baptisée Falcon Jet Corporation, elle servit à aménager les Falcon 20 construits en France à la demande des clients américains. Federal Express Corporation commanda 33 exemplaires d'une version cargo, dérivée des Falcon 20D et E, dès 1971. La production cessa en 1983 pour les Falcon 20 et 1988 pour les Falcon 200.
Il fut construit dans les versions suivantes :
Le Falcon 20, la série de base dite "standard", est équipé de réacteurs General Electric CF700-2B de 1810 kgp. Un exemplaire fut modifié avec des pneus basse pression, afin d'opérer à partir de terrains sommaires. Il fut baptisé Falcon 20CC. Il s'agit peut-être du s/n 73 modifié à la demande des Australiens. Un unique Falcon 20C fut construit et converti en Falcon 20D. (Le Falcon 20C est parfois présenté, avec erreur, comme la version de base).
Le Falcon 20D est équipé de CF700-2D plus puissants et fut introduit en 1968. Il fut construit parallèlement au Falcon 20. Le Falcon 20E, introduit en 1970 et resté relativement rare, est équipé de CF700-2D2 et de réservoirs supplémentaires.
Le Falcon 20F, introduit en 1970, bénéficie d'une nouvelle voilure, avec plus de réservoirs. Son premier exemplaire était le s/n236. A partir de 1976, il avait remplacé les anciennes versions sur la chaîne de production.
Le Falcon 20G est la désignation interne du HU-25 Guardian construit pour l'US Coast Guard.
Le Falcon 20FH sert de prototype au Falcon 20H, qui deviendra le Falcon 200 : il a une plus grande autonomie que le Falcon 20F, une avionique modernisée avec des écrans à tubes cathodiques, une cabine réaménagée et un compartiment à bagages agrandi. Le Falcon 200 est équipé de Garrett ATF3-6A-4C de 2360 kgp, et vola pour la première fois le 30 avril 1980. Annoncé au salon du Bourget 1979, il reçut sa certification en juin 1981.
Bien entendu, il intéresse aussi les militaires. Outre l'US Coast Guard et la Marine Française, l'Armée de l'air a employé 3 appareils désignés Falcon 20ST, entre 1966 et avril 2007. Ceux-ci, équipés du radar Cyrano et du système de navigation du Mirage IIIE, servaient à l'entraînement des équipages. L'armée de l'air possède encore 3 Falcon 20E, utilisés par le CEV. La Libye possède également 3 Falcon 20, dont on est pas sûr qu'ils ont le même rôle que le Falcon 20ST ou s'ils servent au transport de VIP. Leur statut actuel est d'ailleurs incertain du fait de la guerre de 2011.
Les opérateurs militaires actuels sont : la Belgique (2 Falcon 20E depuis 1973), la Côte d'Ivoire (un exemplaire), l'Egypte (3 exemplaires), l'Espagne (4 Falcon 20D et E, servant à la calibration radar et à l'entraînement à la navigation), l'Iran (1 exemplaire au sein de la force aérienne, 2 au sein de la Marine, 1 Falcon 20E au sein de l'armée de terre), le Maroc (2 exemplaires servant de plate-forme ECM/ELINT), la Norvège (3 exemplaires, 2 de guerre électronique et 1 Falcon 20 de transport de VIP), le Pakistan (3 exemplaires équipés pour la guerre électronique, servant au sein du squadron n°24 "Blinders", et entrés en service en 1987. Un Falcon 20 et 3 Falcon 20E furent utilisés pour le transport de VIP, respectivement en 1983 et 1986) , le Soudan (un Falcon 20F), la Syrie (2 exemplaires), la Tunisie (un exemplaire) et le Vénézuela (5 exemplaires, 2 Falcon de guerre électronique et 3 Falcon 20F pour le transport VIP).
Les opérateurs militaires qui l'ont déjà retirés du service sont : l'Algérie, l'Angola, l'Australie (3 exemplaires de 1967 à 1989 au sein du squadron n°34), le Canada (8 Falcon 20 nommés CC-117, entre 1967 et 1989), le Chili, Djibouti, Guinée-Bissau, la Jordanie (1 exemplaire), le Liban (1 exemplaire), Oman, le Pérou, le Portugal, la République Centrafricaine. L'Indonésie aurait également reçu au moins un appareil destiné à la calibration.
Sa mission principale est bien sûr le transport de VIP et la liaison. Mais sa polyvalence est telle qu'il sert souvent à des missions de patrouille maritime et de SAR, à la guerre électronique, à la calibration radar ou des systèmes de navigation radio, à l'entraînement à la navigation, à la reconnaissance photographique à haute altitude, au remorquage de cibles, à l'évacuation sanitaire…
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