Sud-Ouest SO.9000 Trident
Rappels
- Catégorie : Prototype
- Constructeur : Sud-Ouest
- Premier vol : 2 mars 1953
- Production : 9 appareils construits (cellules neuves)
- Voir aussi… : Sud-Ouest DeVer
Historique
La SNCASO lança l'étude d'un intercepteur sur zone en octobre 1948 à la demande de l'armée de l'air. Le résultat fut un appareil monoplan à ailes médianes, propulsé par un moteur-fusée SEPR 481 à trois chambres (donnant 4500 kgp) et de deux réacteurs Marboré II (400 kgp chacun) d'appoint en bout d'ailes, le Trident. Celui-ci, dû à une équipe réunie autour de Lucien Servanty, fut commandé le 8 avril 1951 à 2 exemplaires.Cette formule fut retenue car elle permettait d'explorer l'enveloppe de vol, en particulier les vitesses, de manière progressive. En outre, l'aile droite permettait un bon comportement aux vitesses basses. L'installation de réacteurs en bout d'ailes nécessite que la structure de celles-ci soit particulièrement résistance pour supporter l'effort supplémentaire. En cas d'éjection, le nez se détachait du reste de l'appareil. Les empennages, dérive comprise, étaient monoblocs.
Le vol inaugural eut lieu le 2 mars 1953 entre les mains de Jacques Guignard. Avec les seuls réacteurs Marboré (le SEPR n'étant pas encore disponible) il lui fallut la totalité de la piste de Melun-Villaroche pour décoller, soit 1550 mètres. Le SEPR 481 fut utilisé pour la première fois le 4 septembre 1954. Le Trident I fut remotorisé avec des MD.30 (des Viper ASV.5 construits par Dassault sous licence) de 745 kgp. Il prit l'air pour la première fois le 17 mars 1955 ainsi équipé, et pouvait ainsi dépasser Mach 1 en léger piqué sans le secours du moteur-fusée.
2 SO.9000 Trident I furent construits. Le second heurta un pylône électrique au décollage et fut détruit lors de son premier vol le 1er septembre 1953, blessant grièvement Jacques Guignard. Charles Goujon le remplaça pour les vols d'essais. Le programme d'essais en vol dura 18 mois, pendant lesquels plus de 100 vols furent effectués. Le premier Trident I effectua son dernier vol le 10 décembre 1956, après avoir battu un record de vitesse européen avec une vitesse de Mach 1,63 à 15000 mètres d'altitude. Il est depuis exposé au musée du Bourget.
2 SO.9050 Trident II furent commandés en 1953 ou 1954, grâce aux performances du Trident I. Ils disposaient d'un moteur-fusée SEPR 631 à deux chambres (3000 kgp) et de deux réacteurs Turbomeca Gabizo de 1100 kgp. Le cockpit était agrandi, le train d'atterrissage plus long, les ailes redessinées, les aérofreins placés à l'arrière du fuselage et non plus sur les ailes. Il disposait d'un siège éjectable et non plus d'un nez détachable. Le Trident II vola pour la première fois le 19 juillet 1955, et le moteur-fusée actionné pour la première fois le 21 décembre 1955.
Le deuxième SO.9050 vola pour la première fois le 4 janvier 1956, mais fut endommagé lors de son second vol le 6 janvier et déclaré irréparable. Un troisième prototype de SO.9050 fut commandé et vola le 30 mars 1956. Des installations pour le piloter du sol furent prévues, mais jamais testées.
Le 11 juin la même année, 6 appareils de présérie furent commandés : quatre furent construits avant l'annulation du programme. Les premiers vols des 3 premiers appareils de présérie s'échelonnèrent du 3 mai 1957 au 30 janvier 1958. Il était prévu d'installer sur ces appareils un radar AI dans le nez et un missile Matra R511 en position ventrale. Une maquette de missile Matra fut en effet testée en vol. Le quatrième SO.9050 de présérie ne vola jamais.
Un Trident II atteignit la vitesse de Mach 1,9 à 19500 mètres d'altitude. Le 2 mai 1958, Roger Carpentier monta jusqu'à à 24300 mètres. Le 6 octobre 1958, Jean-Pierre Rozier fit monter le Trident II à 28000 mètres d'altitude, record non homologué. Mais un Trident II avait explosé en vol le 21 mai 1957, tuant Charles Goujon, et le programme était annulé depuis le 26 avril 1958. Un ultime contrat portant sur 4 appareils avait été annulé le 24 octobre 1957. Au total, sept Trident II furent construits, 2 étaient pratiquement terminés et 4 à des stades divers de production lors de l'annulation du programme. Ils furent tous ferraillés.
Une version de série encore plus rapide, le Trident III, était envisagée. Celle-ci aurait été capable de Mach 2.3, aurait été dessinée en conformité avec la loi des aires (envergure réduite de 50 cm, fuselage allongé d'un mètre) et la verrière offrant une meilleure visibilité. Une variante missile sol-air du Trident ne fut pas non plus développée.
Parmi les causes de l'arrêt du programme, on cite notamment le livre blanc de la défense britannique de 1957, des raisons budgétaires, sa trop grande spécialisation en intercepteur, la priorité donnée au Mirage III, mais surtout, la très faible autonomie du Trident : avec le moteur-fusée allumé, il ne pouvait voler que 4 minutes en vitesse supersonique soutenue. Le Trident fut l'un des ultimes intercepteurs à moteur-fusée, lignée initiée par le Me-163. Bien que le Trident fut plus réussi que ses prédécesseurs, il montra les limites de cette formule face aux chasseurs à turboréacteur.
Texte de Clansman.
Versions
- Sud-Ouest SO.9000 Trident : Prototypes, 2 exemplaires.
- Sud-Ouest SO.9050 Trident II : Version plus performante, 3 prototypes et 4 appareils de présérie.
- Sud-Ouest SO.9050 Trident III : Version de série envisagée.
Longueur | Envergure | Hauteur | Surface alaire | Masse à vide | Masse maxi au décollage | Plafond opérationnel | Vitesse maximale HA | Mach maximal HA | Équipage | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Sud-Ouest SO.9000 Trident | 14,37 m (47,146 ft) | 7,57 m (24,836 ft) | 2,84 m (9,318 ft) | 16,58 m² (178,466 sq. ft) | 2 435 kg (5 368 lbs) | 5 055 kg (11 144 lbs) | 12 000 m (39 370 ft) | 1 600 km/h (994 mph, 864 kts) | Mach 1,63 | 1 |
Sud-Ouest SO.9050 Trident II | 13,26 m (43,504 ft) | 6,95 m (22,802 ft) | 14,5 m² (156,077 sq. ft) | 2 910 kg (6 415 lbs) | 5 900 kg (13 007 lbs) | 25 000 m (82 021 ft) | 2 200 km/h (1 367 mph, 1 188 kts) | Mach 2 | 1 |
Sur le forum…
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La SNCASO lança l'étude d'un intercepteur sur zone en octobre 1948 à la demande de l'armée de l'air. Le résultat fut un appareil monoplan à ailes médianes, propulsé par un moteur-fusée SEPR 481 à trois chambres (donnant 4500 kgp) et de deux réacteurs Marboré II (400 kgp chacun) d'appoint en bout d'ailes, le Trident. Celui-ci, dû à une équipe réunie autour de Lucien Servanty, fut commandé le 8 avril 1951 à 2 exemplaires.
Cette formule fut retenue car elle permettait d'explorer l'enveloppe de vol, en particulier les vitesses, de manière progressive. En outre, l'aile droite permettait un bon comportement aux vitesses basses. L'installation de réacteurs en bout d'ailes nécessite que la structure de celles-ci soit particulièrement résistance pour supporter l'effort supplémentaire. En cas d'éjection, le nez se détachait du reste de l'appareil. Les empennages, dérive comprise, étaient monoblocs.
Le vol inaugural eut lieu le 2 mars 1953 entre les mains de Jacques Guignard. Avec les seuls réacteurs Marboré (le SEPR n'étant pas encore disponible) il lui fallut la totalité de la piste de Melun-Villaroche pour décoller, soit 1550 mètres. Le SEPR 481 fut utilisé pour la première fois le 4 septembre 1954. Le Trident I fut remotorisé avec des MD.30 (des Viper ASV.5 construits par Dassault sous licence) de 745 kgp. Il prit l'air pour la première fois le 17 mars 1955 ainsi équipé, et pouvait ainsi dépasser Mach 1 en léger piqué sans le secours du moteur-fusée.
2 SO.9000 Trident I furent construits. Le second heurta un pylône électrique au décollage et fut détruit lors de son premier vol le 1er septembre 1953, blessant grièvement Jacques Guignard. Charles Goujon le remplaça pour les vols d'essais. Le programme d'essais en vol dura 18 mois, pendant lesquels plus de 100 vols furent effectués. Le premier Trident I effectua son dernier vol le 10 décembre 1956, après avoir battu un record de vitesse européen avec une vitesse de Mach 1,63 à 15000 mètres d'altitude. Il est depuis exposé au musée du Bourget.
2 SO.9050 Trident II furent commandés en 1953 ou 1954, grâce aux performances du Trident I. Ils disposaient d'un moteur-fusée SEPR 631 à deux chambres (3000 kgp) et de deux réacteurs Turbomeca Gabizo de 1100 kgp. Le cockpit était agrandi, le train d'atterrissage plus long, les ailes redessinées, les aérofreins placés à l'arrière du fuselage et non plus sur les ailes. Il disposait d'un siège éjectable et non plus d'un nez détachable. Le Trident II vola pour la première fois le 19 juillet 1955, et le moteur-fusée actionné pour la première fois le 21 décembre 1955.
Le deuxième SO.9050 vola pour la première fois le 4 janvier 1956, mais fut endommagé lors de son second vol le 6 janvier et déclaré irréparable. Un troisième prototype de SO.9050 fut commandé et vola le 30 mars 1956. Des installations pour le piloter du sol furent prévues, mais jamais testées.
Le 11 juin la même année, 6 appareils de présérie furent commandés : quatre furent construits avant l'annulation du programme. Les premiers vols des 3 premiers appareils de présérie s'échelonnèrent du 3 mai 1957 au 30 janvier 1958. Il était prévu d'installer sur ces appareils un radar AI dans le nez et un missile Matra R511 en position ventrale. Une maquette de missile Matra fut en effet testée en vol. Le quatrième SO.9050 de présérie ne vola jamais.
Un Trident II atteignit la vitesse de Mach 1,9 à 19500 mètres d'altitude. Le 2 mai 1958, Roger Carpentier monta jusqu'à à 24300 mètres. Le 6 octobre 1958, Jean-Pierre Rozier fit monter le Trident II à 28000 mètres d'altitude, record non homologué. Mais un Trident II avait explosé en vol le 21 mai 1957, tuant Charles Goujon, et le programme était annulé depuis le 26 avril 1958. Un ultime contrat portant sur 4 appareils avait été annulé le 24 octobre 1957. Au total, sept Trident II furent construits, 2 étaient pratiquement terminés et 4 à des stades divers de production lors de l'annulation du programme. Ils furent tous ferraillés.
Une version de série encore plus rapide, le Trident III, était envisagée. Celle-ci aurait été capable de Mach 2.3, aurait été dessinée en conformité avec la loi des aires (envergure réduite de 50 cm, fuselage allongé d'un mètre) et la verrière offrant une meilleure visibilité. Une variante missile sol-air du Trident ne fut pas non plus développée.
Parmi les causes de l'arrêt du programme, on cite notamment le livre blanc de la défense britannique de 1957, des raisons budgétaires, sa trop grande spécialisation en intercepteur, la priorité donnée au Mirage III, mais surtout, la très faible autonomie du Trident : avec le moteur-fusée allumé, il ne pouvait voler que 4 minutes en vitesse supersonique soutenue. Le Trident fut l'un des ultimes intercepteurs à moteur-fusée, lignée initiée par le Me-163. Bien que le Trident fut plus réussi que ses prédécesseurs, il montra les limites de cette formule face aux chasseurs à turboréacteur.
http://fr.wikipedia.org/wiki/SO.9000_Trident
http://www.avionslegendaires.net/avion-militaire/sud-ouest-so-9050-trident/
http://maquettes-missiles.blogspot.fr/2010/06/sncaso-so-9000-trident-i.html
http://jpcolliat.free.fr/trident/trident-1.htm
http://jpcolliat.free.fr/trident/trident-2.htm
http://jpcolliat.free.fr/trident/trident-3.htm
http://jpcolliat.free.fr/trident/trident-4.htm
http://jpcolliat.free.fr/trident/trident-5.htm
http://www.pyperpote.tonsite.biz/listinmae/index.php?option=com_content&view=article&id=110:so9000-qtrident-iq-01-f-zwry&catid=36:hall-c-prototypes&Itemid=54
http://jn.passieux.free.fr/html/So9000.php
http://www.aviafrance.com/s-n-c-a-s-o-so-9000-trident-i-aviation-france-9363.htm
http://www.aviafrance.com/s-n-c-a-s-o-so-9000-01-trident-i-aviation-france-9364.htm
http://www.aviafrance.com/s-n-c-a-s-o-so-9050-trident-ii-aviation-france-5872.htm
http://www.aviafrance.com/s-n-c-a-s-o-so-9050-trident-iii-aviation-france-9365.htm
http://jets.for.ever.pagesperso-orange.fr/Pages/TRIDENT.htm
http://aviateurs.e-monsite.com/pages/1946-et-annees-suivantes/panne-de-fusee-sur-trident.html
http://en.wikipedia.org/wiki/SNCASO_Trident
http://www.letletlet-warplanes.com/2008/06/28/sncaso-so-9000-trident-and-so-9050-trident-ii/
http://www.aviastar.org/air/france/so_trident.php
http://www.aviastar.org/air/france/so_trident2.php
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