[quote][b][url=/v3/forum/histoire-et-actualit%C3%A9s-45/topic/et-apr%C3%A8s-le-p%C3%A9trole-1966/?post=99359#post-99359]nico2[/url] a dit le 19/05/2014 à 22:00 :[/b] Ayant eu l'opportunité de lire le livre (et oui je suis rapide :p ), comme promis je vous fais part de mon point de vue. Tout d'abord, je n'ai pas tellement aimé la fin de l'ouvrage, dans laquelle l'auteur étale une certaine aigreur vis à vis de la technologie. Notamment, il relate son vécu le 21 juillet 1969, lors de la fabuleuse aventure lunaire. A ce moment là, ado déprimé, il travaille pour se faire un peu d'argent dans un restaurant. Il fait tomber un plateau de garniture lorsque Neil Armstrong prononce sa fameuse déclaration, ce qui n'est pas le meilleur moyen d'en garder un bon souvenir. :mrgreen: Tout au long de l'ouvrage, l'auteur fait état de sa profonde incompréhension vis-à-vis de la pensée dominante, qui est que la technologie est LA solution. L'auteur indique être effaré devant de brillants cerveaux travaillant chez Google (qu'il côtoie lors de colloques), lesquels ingénieurs premiers de la classe ne semblent pas reconnaître la dépendance des USA à l'abondance pétrolière : - Non sans arrogance, ils sont persuadés que la technologie va permettre de s'affranchir de la dépendance aux énergies fossiles, avis que ne partage pas l'auteur, qui tout au long de son ouvrage détaille avec une grande acuité la situation passée et présente des USA. Le souci du détail, le style mordant (bourré d’humour noir), et le sérieux de l'analyse rendent le livre très facile et agréable à lire. Sans aller jusqu'à approuver l'auteur sur tous les points qu'il développe, je dois dire que la réflexion qu'il a menée est passionnante, et renvoie à une réalité reléguée à l'arrière-plan ces derniers temps : Le monde moderne et les pays développés, USA en large tête, sont archi-dépendants et totalement tributaires de l'accès aux énergies fossiles abondantes, et bon marché. Le propos de l'auteur est que le 21ème siècle s'annonce comme un siècle de contraction : l'énergie - en particulier pétrole - est bien plus chère qu'il y a 10 ans (vrai), le chômage de masse est endémique et des pans entiers d'industrie sont atones, car pour qu'il y ait une expansion, il faut de l'énergie abondante et bon marché. Les comparatifs dressés par l'auteur sont saisissants de réalisme : à chaque période de croissance retrouvée coïncide la découverte de gisements pétroliers intéressants : citons dans les années 1980 des gisements en Alaska et en Mer du nord, qui ont largement porté 20 ans de période plutôt faste. L'auteur insiste lourdement sur le fait que le pic de la production de pétrole conventionnel serait dépassé depuis 2006, et que le pétrole conventionnel n'est pas la solution miracle vantée par les média : Outre le désastre environnemental (sur lequel il s'attarde longuement), l'auteur rappelle que si les sables bitumeux (ex: en Alberta au Canada, ou au Dakota du Nord au USA) sont du vrai pétrole directement exploitable, les schistes bitumeux (ex: Green River, Colorado) sont du Kérogène, et nécessitent une lourde transformation pour devenir du pétrole exploitable... (... Sur Green River, personne ne doute que ce serait exploité un jour : il y aurait 800 milliards de barils de pétrole potentiellement ! Ndlr). Ensuite, l'auteur s'attaque longuement et lourdement au modèle de développement urbain américain, avec ses [i]suburbs[/i] tentaculaires, et ses villes géantes dédiées à l'automobile ; et au système de consommation mondialisé et industrialisé (y compris dans l'alimentaire) ultra dépendant du pétrole. L'auteur ne manque pas de critiquer l'informatisation massive, qu'il regarde avec scepticisme, partant du principe que sans pétrole l'informatique et Internet risquent de ne plus exister, ou tout du moins sous la forme globale actuelle. A cet égard, l'auteur en profite pour évoquer la question du [i]peak everything[/i], le pic de toutes les ressources utiles à notre mode de vie moderne : terres rares, minerai de fer, etc. L'auteur égratigne sérieusement la puissance militaire américaine, extrêmement tributaire du pétrole et à une échelle gigantesque (mondiale), et n'épargne aucun des deux grands partis politiques américains (Parti Démocrate et Parti Républicain, Ndlr). Enfin, l'auteur démonte une par une toutes les solutions alternatives, que ce soit en matière de production d'électricité, ou bien en matière de carburant de substitution : Bien que l'auteur reconnaisse la viabilité technique de certains procédés, il ne pense pas que ces procédés puissent s'appliquer à grande échelle, et qu'ils ne sont certainement pas de nature à permettre aux américains de conserver leur mode de vie énergivore. La réflexion d'ensemble est intéressante, car en effet tous les pays développés ne sont ce qu'ils sont actuellement que grâce au pétrole. Le livre est effrayant, car finalement la prise de conscience parmi la population américaine* est très limitée sur ce point précis. J'en recommande la lecture, ne serait-ce que pour la réflexion intéressante que développe l'auteur ... et qui permet de réaliser une fois encore, que s'il existe potentiellement (espérons-le) un palliatif au pétrole, il est à ce jour parfaitement inconnu ! [size=85]* A noter que même si l'Union Européenne (500 millions d'habitants) consomme un peu moins de pétrole que les USA (310 millions d'habitants), il est évident que nous sommes dans une situation globalement analogue à celle des USA.[/size][/quote]