[quote][b][url=/v3/forum/pr%C3%A9sentations-19/topic/euh-bonsoir-jai-vu-quil-y-avait-de-la-lumi%C3%A8re-1379/?post=83101#post-83101]jericho[/url] a dit le 13/12/2012 à 12:10 :[/b] [size=150][b]Avant-hier soir, on a cassé la marmite ! [/b][/size] :costaud: Une phrase qui peut paraitre étonnante, sauf à Genève… où on célèbre "L’Escalade". Je ne résiste pas à l’envie de partager avec vous cette coutume et me lance sur un petit bout d’histoire. Ceux qui sont allergiques ou qui en ont marre peuvent passer après le texte en italique ! [i]À la fin du XVIème et début du XVIIème siècle, les Ducs de Savoie lorgne depuis quelque temps sur une petite cité au bout du lac Léman, ville-refuge pour de nombreux protestants venant de l’Europe entière et alliée du Royaume de France. Bien qu’officiellement en paix, quelques tentatives pour se l’approprier ont déjà échouées. Genève vit pourtant en parfaite harmonie avec la Savoie avoisinante. Lors des épidémies de peste, de nombreux Genevois sont allés soigner des malades dans les villes et villages de la région. Et quand la cité, à son tour, a été touchée et qu’il n’était pas possible de sortir faire les moissons à cause de la quarantaine exigée, c’est les savoyards des environs qui leurs ont fait les récoltes et les ont amenées à la ville pour remercier ses habitants. En 1602, le Duc Charles-Emmanuel 1er invente "La nuit la plus longue", bien avant "Le jour le plus long" de 1944, en choisissant d’attaquer durant la nuit du 11 au 12 décembre du calendrier Julien (nos 21 et 22 décembre du calendrier Grégorien). Des soldats principalement d’Italie et d’Espagne sont recrutés et des échelles démontables sont fabriquées pour escalader les murs de la ville. Les 2'000 hommes aux armures noircies de l’armée du Duc atteignent les murs de Genève après une vingtaine de kilomètres de marche dans la nuit, alors que la lune a déjà disparu derrière le Jura. Ils remplissent le fossé de fascine et montent les échelles. 200 soldats entrainés se glissent silencieusement dans la ville, avec pour but de détruire une porte de la ville faiblement gardée afin de permettre au reste de la troupe d’entrer. Deux gardes s’approchent, le premier est poignardé à mort mais le second a le temps de tirer avec son arquebuse, alertant ses camarades qui donnent l’alarme. Les gardes genevois ne sont pas assez nombreux, mais au son des cloches, les habitants et la milice bourgeoise descendent en chemise de nuit dans les rues avec les armes qu’ils possèdent (épée, hache, hallebarde, pistolet, etc.). Un canon tirant des murailles arrive à faire tomber deux des trois échelles. Les savoyards déjà sur les murs se dirigent vers leur objectif et le pétardier pose la mine contre la porte, mais un des gardes arrive à couper la corde retenant la herse, la faisant tomber. Pendant ce temps là, un vieux canon rouillé est amené et tire sur les assaillants. Au bruit de la déflagration, le Comte d’Albigny qui resté au pied des murailles, croit la porte prise et envoie un messager pour annoncer la réussite de l’entreprise au Duc qui attend à quelques kilomètres de là. Ne pouvant plus faire sauter la porte pour faire entrer le reste des troupes et pressés par les Genevois, les savoyards essayent de s’enfoncer dans la ville. Parmi les nombreux actes de bravoure des habitants, on cite souvent une femme qui lance sa marmite pleine de soupe bouillante sur des Savoyards et une autre qui jette les clefs de sa maison à des genevois pour qu’ils puissent prendre les assaillants à revers. Finalement, la plupart des savoyards sautent en bas des murs, quelques uns sont fait prisonniers. Au petit matin, tout est fini et les prisonniers, la plupart blessés, sont condamnés à mort pour acte de brigandage : la ville n’était pas en guerre, puisque des traités de paix étaient signés avec le duc de Savoie ! Bilan : 18 morts et 24 blessés du côté genevois (des Genevois, mais également des personnes venant de Savoie, de France, de Turin, de Flandres et d’autres cantons suisses). 70 morts du côté des savoyards (57 durant le combat plus 13 prisonniers pendus) et 120 blessés. Un nouveau traité de paix est signé, avec l’appui du Roi de France et des cantons suisses, et un certain relâchement de l'autorité du Duc sur la région, au grand bonheur de la population savoyarde des environs. [/i] Depuis, on fête cette bataille en défilant aux flambeaux, faisant de cette fête notre "carnaval" : les enfants se déguisent et un cortège en habits d’époque est organisé chaque année. Et la marmite me direz-vous ? Et bien, la tradition, depuis la fin du XIXème siècle, c’est de casser une marmite en chocolat remplie de petits légumes en massepain, en disant ces paroles : "Qu'ainsi périssent les ennemis de la République!", en souvenir de cette Madame Royaume, originaire de Lyon, qui a lancé la sienne sur les assaillants. Mes enfants ont donc cassé la marmite pour le goûter! On en a tous mangé, ainsi que des légumes en massepain… avant de se préparer pour faire le cortège aux flambeaux dans le village, par -4°C, et finir avec une vraie bonne soupe aux légumes et une raclette pour se réchauffer! :hehe: [attachment=0:3g2g8h77]IMG_7938redim1.JPG[/attachment:3g2g8h77][/quote]