[quote][b][url=/v3/forum/pr%C3%A9sentations-19/topic/euh-bonsoir-jai-vu-quil-y-avait-de-la-lumi%C3%A8re-1379/?post=72250#post-72250]jericho[/url] a dit le 19/01/2012 à 12:45 :[/b] Il y a un an exactement, c’était le 19 janvier 2011, j’ai retrouvé votre trace et que je me suis permis de rejoindre cette magnifique formation aérienne qu’est « Aviationsmilitaires.net » ! Une année et 1100 messages plus tard (dont 400 de jeux de mots débiles et 600 messages de demandes de secours pour les fiches… reste plus grand-chose ! :bonnet: ) je me décide de vous expliquer pourquoi j’ai choisi ce surnom. Il y a quelques mois (237 pour être précis !) j’étais jeune et au début de mon service militaire : ce que l’on appelle en Suisse l’école de recrue. La première étape de mes séjours sous les drapeaux : l’apprentissage de mon boulot de fusilier. Nous étions en exercice de nuit dans la région de La Broye, au sud de Payerne. Mission : je ne sais plus vraiment… Je me souviens juste que nos sous-officiers étaient en cours de cadres, et que j’avais été désigné volontaire pour me taper le rôle d’estafette, moi si sportif ! Nous progressions dans la nuit, quand vers les 22h, mon chef de section me demande de faire parvenir un message au commandement. Où est le PC ? Une vague direction, pas à plus de 2 kilomètres de là. - Des risques de présence ennemie ? - Non, ils ne sont pas dans le coin. Le chemin est libre. Le clair de lune illumine les champs autours de moi, il fait plutôt doux en cette nuit d’avril. Je passe à côté d’une autre section de la compagnie planquée dans une longue haie : alarme, mot de passe, on se connait et on parle deux-trois mots, je continue. Quelques dizaines de mètres plus loin, une voix que je connais bien m’appelle par mon nom, je m’approche et je reconnais mes sous-offs planqués, toujours dans la même haie! - Qu’est ce que vous foutez là ? - Pas de chance, c’est nous les plastrons ! (une info que j’aurai préféré recevoir par mon chef de section !) Alors tu restes tranquille et ne fais surtout pas de bruit ! C’est à ce moment que je remarque qu’ils dissimulaient le brassard blanc qu’ils portaient à leurs bras. Je leurs dit qu’ils sont couillus de rester juste à côté des autres et qu’il me suffirait de gueuler pour les avertir. Ils me disent qu’en temps de guerre ils auraient pu me trancher la gorge et moi je leur fait remarquer que s’ils ne m’avaient pas appelé par mon nom et que si j’avais su que leurs cours-cadre consistait à jouer aux plastrons, je ne me serais pas approché. M’enfin, je joue le jeu et je reste silencieux. Les sections de la compagnie passent à quelques mètres devant nous, sans nous remarquer. Les plastrons m’emmènent ensuite avec eux. Au bout de quelques minutes, je vois qu’à une dizaine de mètres devant, les premiers du groupe traversent un fossé à sec. Je me couche dans l’herbe. Ils sont suffisamment concentrés sur cet obstacle pour ne pas remarquer tout de suite que je ne les suis plus. Puis tout à coup, ils reviennent en arrière, jettent un petit coup de lampe de poche dans le fossé en pensant m’y trouver, personne… s’ils avaient regardé juste de l’autre côté, ils m’auraient sûrement vu, mais ils n’osent pas, craignant se faire repérer. Pis de toutes façons, je n'ai aucune valeur pour eux et surtout je risque de les encombrer pour la suite de leur mission. Une fois qu’ils sont loin, je me relève et je m’éloigne d’eux pour ensuite aller dans la même direction que ma section, en espérant la rejoindre. Je marche seul. Ça pourrait faire les paroles d’une chanson… Je ne connais pas la région. Je ne sais pas exactement où je suis. Je ne sais pas à quelle heure l’exercice finira et, surtout, où le bataillon a rendez-vous avec les camions pour le retour. Une chanson me trotte dans la tête. Elle n’a aucun rapport avec ma situation, mais raconte une histoire d'une bataille qui, depuis mon plus jeune âge, m’avait marqué : "When Joshua fit the battle of Jericho" que je connais interprétée par le Golden Gate Quartet. Je marche et me retrouve bientôt dans une sorte de forêt, entouré par des arbres immenses. Des épicéas, sûrement. Ou peut-être pas. Ils ont le tronc démunis de branches sur les cinq ou six premiers mètres et le haut de ces arbres se fond dans la nuit, renforçant l’impression d’immensité qu’ils donnent… et mon sentiment d’être minuscule au milieu de cette nature. Mais je suis où, nom de bleu ?!? Toujours seul. Toujours cette chanson dans la tête, avec ses paroles comme martelées en rythme "… Joshua fit the battle of Jericho, Jericho, Jericho. Joshua fit the battle of Jericho, and the walls come tumbling down…" Tout à coup, j’entends des bruits. Je m’arrête. J’écoute. Ils viennent d’une clairière juste au dessus du chemin où je me trouve. Je m’approche en rampant, essayant de ne pas faire de bruit avec cette grosse casserole métallique qui me sert de fusil… Et là je n’y crois pas mes yeux : grâce au clair de lune, je vois six ou huit gars couchés par terre, les uns à côté des autres, en train de roupiller. C’est leurs ronflements que j’ai entendu ! Je m’approche. Ils ont tous le brassard blanc de plastron. Ma seule envie : avoir des infos pour retrouver mon unité. Tant pis, je vais les réveiller... mais de façon à garder un avantage sur eux. Je me place de façon à les avoir bien en ligne et, n’ayant pas de munition de marquage pour cet exercice, je fais rapidement trois ou quatre mouvements de charge avec mon Fass57. Le bruit caractéristique les réveille et les plus proches me foncent dessus ! Je suis prêt à me défendre avec mon arme, sachant que dans ce genre d’exercice il y a couramment des dents ou des nez cassés par des coups de crosses. Ils s’arrêtent près de moi en me disant qu’ils me font prisonnier ! Quel toupet ! Je leurs fait remarquer que je venais de les réveiller et que les mouvements de charge que j’avais fait simulaient une rafale qui les aurait tous cueillis, alignés comme des bleus. Visiblement, ils sont vexés de s’être fait avoir et je les calme en leurs disant que je m’en fous de ce qu’ils font, sous-officiers ou pas, et que j’aimerai juste savoir s’ils connaissent le point de rendez-vous avec les camions. Ils me donnent une direction, d’après eux j’ai encore environ une heure devant moi. Je continue mon chemin. Toujours la même chanson dans la tête "… Jericho, Jericho, Jericho …". C’est à ce moment que je me suis dit que comme nom de code, pour mon école de sous-off l’année suivante, je pourrai choisir ce nom. Quelques kilomètres plus loin, je trouve le point de rendez-vous grâce aux camions. Je reconnais mon unité et m’annonce "rentrant" à mon chef de section qui me passe un savon. Je lui explique ensuite ce qui s’est passé et à ce moment là je remarque chez lui une certaine irritation d’être passé si près des plastrons sans même les avoir remarqués. C’est 2 heures du mat. On charge sur les camions. Je m’en fiche, je suis fatigué, je vais rentrer dormir quelques heures en caserne et je sais quel nom de code j’utiliserai pour ma "carrière" militaire. Et durant le trajet, à moitié endormi, [url=http://video.mytaratata.com/video/iLyROoaftNsZ.html]j’ai toujours la même chanson dans la tête…[/url][/quote]