[quote][b][url=/v3/forum/europe-hors-france-30/topic/efw-n-20-1656/?post=66688#post-66688]jericho[/url] a dit le 14/06/2011 à 12:50 :[/b] Vers 1945, la guerre à peine finie, l’armée suisse lance un appel d’offre pour se munir d’un avion à réaction, avec un cahier des charges plutôt exigeant. Un effet, l’appareil doit être à même de réaliser tant des missions de chasse, que de bombardement ou de reconnaissance. Il doit être capable de voler à près de Mach 1, de monter de 1'000 à 10’000m en moins de 2 minutes tout en étant capable de décoller en quelques centaines de mètres. L’usine FFA (Flug- und Fahrzeugwerke Altenrhein AG) appartenant à Dornier Flugzeugwerke se lancera dans la réalisation d’un monomoteur à ailes droites qui sera désigné P-16. La fabrique fédérale d’avion d’Emmen (EFW Emmen), de son côté, se lance dans la réalisation d’un quadriréacteur dont le programme sera désigné N-20 et l’avion final N-21. Cet appareil aura ses quatre réacteurs noyés dans ses ailes. La forme de ces dernières est un compromis entre l’aile en flèche et le delta. L’avion est démuni de fuselage à l’arrière des ailes et n’est pas équipé de stabilisateurs horizontaux. Son armement est contenu dans des compartiments, situés sous le fuselage, qui peuvent être démontés et remontés en quelques minutes. En cas d’urgence en vol, le cockpit se sépare du fuselage à l’aide de fusées, puis le pilote et le cockpit descendent séparément en étant chacun retenu par un parachute. Pour vérifier si le concept de cette géométrie d’aile était réaliste, une maquette non motorisée au 1/60 a été réalisée : le N-20-1. Elle prend son envol le 17 avril 1948, remorquée par un C-3604. Le programme d’expérimentation se termine le 1er juillet 1949 lorsque la maquette se crashe lors de son 69eme vol (après un tête-à-queue, selon certains dires...). La construction d’un nouveau prototype est commencée en octobre 1950. Il sera nommé N-20.2 « Arbalète » et sera le premier jet suisse. De même taille, il se distingue néanmoins du modèle précédent par ses quatre réacteurs Turbomeca Piméné de 100kg de poussée chacun. L’appareil est un monoplace, les moteurs sont montés de façons un peu surprenante : deux au-dessus des ailes, et deux exactement au même endroit, mais sous les ailes. Malgré le peu de puissance que développaient ses moteurs, les performances n’étaient pas négligeables. Suite à ces réjouissantes nouvelles, la fabrication du N-20 peut commencer. Appelé N-20-10, le prototype sort d’usine à la fin de l’année 1952. L’avion est équipé de quatre turboréacteurs Swiss-Mamba SM-01 (conçu à partir d’un turbopropulseur Armstrong Siddeley Mamba) noyés dans les ailes. Ce réacteur est de conception révolutionnaire pour l’époque: c’est un des premiers turboréacteurs à double flux qui vole (ce sera sur un De Havilland Mosquito en 1948). Il est aussi équipé d’un système autonome de postcombustion pour accroitre la vitesse d’éjection du flux secondaire. De plus les tuyères du N-20-10 sont équipées d’un système de griffes mobiles lui permettant d’orienter le flux d’éjection vers le haut ou vers le bas afin d’améliorer sa maniabilité en combat aérien : en somme, une sorte de tuyère orientable. La masse de ce turboréacteur est de 345kg et sa poussée de 635kg (6,23kN). Malheureusement, les réacteurs ne sont pas assez puissants pour le faire véritablement voler : il ne s’élèvera que de quelques mètres durant les tests. Le réacteur Mamba SM-03, plus puissant, est en cours d’expérimentation et le SM-05 (le réacteur idéal pour l’appareil, devant produire une poussée de 1500kg) est encore sur papier quand les crédits sont épuisés. Il faudrait encore 3 millions de francs comme fonds supplémentaires pour finir le programme. Les travaux sont suspendus en 1953. En novembre de la même année, sur ordre du chef du Département Militaire Fédéral (équivalent à un ministre des armées), le vol inaugural du N-20-10, entre temps rebaptisé « Aiguillon », est annulé. Il ne volera jamais. On peut voir cet appareil au musée des Forces aériennes suisses de Dübendorf, le N-20.2 étant exposé au Musée suisse des transports de Lucerne. [u]Caractéristiques du N-20.2 « Arbalète » :[/u] Nombre d’avion construit : 1 Equipage : 1 pilote Envergure : 7,56m Longueur : 7,53m Hauteur 3,30m Masse au décollage : 1’800kg Surface alaire : 19,44m2 Masse à vide : 1540kg Masse au décollage durant les essais : 1800kg Charge alaire : 92,6kg/m2 [u]Moteurs : [/u] 4 turboréacteurs Turbomeca Piméné I de 100kg/p chacun [u]Performances (réalisées):[/u] Vitesse maximum : 720km/h Autonomie : 250km Plafond pratique : 8’000m ……………………………………………………………………… [u]Caractéristiques du N-20-10 « Aiguillon » :[/u] Nombre d’avion construit : 1 Equipage : 1 pilote Envergure : 12,60m Longueur : 12,60m Hauteur 3,67m Surface alaire : 53,85m2 Masse à vide : 6’550kg Charge utile : 2’450kg Masse maximale au décollage : 9’000kg Charge alaire : 167kg/m2 [u]Moteurs : [/u] 4 turboréacteurs à double-flux Swiss-Mamba SM-01 de 635kg/p chacun [u]Performances estimées:[/u] Vitesse maximum : 1100km/h Autonomie : 1060km Plafond pratique : 16’000m Vitesse ascensionnelle : 95m/s [u]Armement prévu :[/u] (Quatre types de compartiments amovibles sous le fuselage) - 4 canons Oerlikon de 20mm - 16 bombes de 50kg - 36 roquettes de 87mm - 24 fusées éclairantes et 4 caméras pour la reconnaissance [i]PS: Je me suis permis de mettre les caractéristiques et les performances des deux appareils (N-20.2 et N-20-10), car ils sont quand même bien différents. Et si le N-20.2 "Arbalète" ne devait jamais être représentatif du modèle final, c'est le seul qui ait réellement volé et dont on connaisse les valeurs réelles de ses performances. Pour la semaine prochaine: le FFA P-16...[/i] EDIT: je rajouterai quelques sites en références plus tard...[/quote]