[quote][b][url=/v3/forum/carr%C3%A9-des-officiers-43/topic/bienvenue-%C3%A0-la-maison-les-gars-27/?post=28646#post-28646]pcmax[/url] a dit le 10/04/2010 à 19:00 :[/b] [quote="Tandure"] Dis s'il te plaît PCmax, tu peux nous faire encore rêver, hein, s'il te plaît. [/quote] [quote="Jarod"]En effet, superbe prose PCmax, un vrai plaisir à lire, émouvant et qui donne envie de recommencer. C'est pour ça que nous sommes tous là ![/quote] [quote="Vigi"]Superbe ode PCMax... comme tu as déjà su le faire souvent. Bravo. :salut:[/quote] Un peu de nostalgie ? Le texte initial lorsque j'ai poussé la porte. Déjà un hommage indirect à Vic pour ce qu'il avait construit. Mon "petit" texte est parti avec l'ancien forum mais je crois qu'il peut s'adapter à tous les nouveaux venus... :oops: [i]"Derrière la façade". La devanture était sobre. Au dessus des vitres, que l'on devinait doublées d'épais rideaux, un cercle tentait avec peine d’entrer dans un carré mais l'ébauche d'un avion de légende et quelques mots, écrits en bleu, " avions militaire.net" annonçait clairement leur passion. Le brouhaha qui parvenait dans la rue déserte à cette heure tardive m'invita à entrer. Je poussai la porte, presque timidement et, franchissant le perron, pénétrai dans ce lieu jusque là inconnu. La lumière était faible, l'ambiance était feutrée et doucement une odeur de vieux cuir me parvint aux narines. Sans même suspendre leur discussion, la plupart des membres tournèrent la tête vers moi. Je me sentis tout à coup dévisagé, balayé de bas en haut par des dizaines d'yeux que je ne connaissais pas. A peine intimidé mais attiré par cette ambiance inconnue et presque irréelle, je restai debout où j'étais, et du regard, balayai à mon tour ce qui s'offrait à moi. Soigneusement alignés, des dizaines de posters d'avions tapissaient les murs sur lesquels la vieille moquette couleur chocolat passait au second plan. Quelques étagères au milieu du décor pliaient de maquettes d'acier, de bois et de plastique. Et puis partout des portraits d'hommes et de femmes en tenue de vol. La lumière un peu faible m'obligea une approche. Dans de vieux cadres en bois, mélangés, sans ordre ni préférence, les portraits des anciens, ces héros qui furent, à bord de leurs avions ou engins de passion, pionniers de leur époque. Parfois un cliché plus récent comme celui de cet homme qui d'après l'inscription tremblante "Bouba sur Rafale - Décembre 2007." avait depuis peu rejoint les autres aux cieux, invitait au respect. Et puis, dans des rares espaces encore vides, comme des potstits géants, des messages personnels écrits par dizaines sans trop d'application mais comportant tous au moins le mot "amitié", "salut" ou "bienvenue" adressés aux nouveaux, à ceux qui comme moi avaient un jour osé. Deux gros ventilateurs aux pales de bois verni brassaient l'air, doucement, juste au dessus des têtes. De joyeux éclats de rire parvinrent à moi. Je me tournai et vis, un peu à l'écart dans un coin de la salle, qu'un grand comptoir en zing cabossé mais brillant accueillait les bavards. Les discussions s'y croisaient s'y mêlaient et s'y chevauchaient et cela dans la plus totale courtoisie. Tous les sujets y étaient abordés. Je parvins à comprendre qu'il s'y parlait de tout. Du petit dernier né de l'un, du temps à l'étranger de l'autre, des vacances, du boulot, des passions, des loisirs et surtout de nous tous. Je vis bien quelques jeunes yeux se lever gentiment vers le haut du plafond lorsque que l'un des anciens, la pipe entre les mains, racontait, avec des mots choisis emprunts de nostalgie, des épisodes de vie, provenant d’un passé qui n'était pourtant pas si loin. Jamais la moquerie ne fut prise en défaut par mon regard curieux. Non, j'étais tout simplement entré dans un cercle de ce qui semblait être un cercle d'amis passionnés. Au détour du comptoir, je perçus quelques bonnes boutades. Là, quelques jeunots tentaient, par des théories choisies et surtout par provocante camaraderie, de persuader l'un d'eux qu'ils traitaient gentiment de cosaque que son zing préféré n'était qu'un vieux "fagot". Ce dernier répliquait bec pour bec sans attendre, et tentait de convaincre ces gentils assaillants que ses pays, ceux de l'Est, étaient, à son avis, bien au dessus du lot. Dans ce clan de piailleurs, l'ambiance était bruyante mais chaque phrase était accompagnée d'un complice clin d'œil ou de tapes amicales. Les rires y fusaient, les regards se croisaient et les mains se serraient lorsque l'un s'écartait du groupe ou qu'un nouveau à son tour s'y joignait. Dans un coin vers l'entrée je saisi enfin d’où provenait le bruit perçu depuis la rue.. Un groupe de passionnés semblait faire la pause. Comme si l'heure de la récré avait soudain sonné, nos joyeux drilles s'échangeaient les meilleures des blagues, les perles de l'un d'eux ou de la confrérie. De grands éclats de rire explosaient tout à coup. On se tapait l'épaule, se soutenait le ventre et buvait un bon coup. De temps à autre, comme dans un roulement organisé, l'un d'eux quittait ce coin d'humour. Il libérait sa place et se fondait naturellement au milieu d’un groupe débattant cette fois, mais plus sérieusement, de bateaux, de très gros porte-avions de fusées de missiles de canons et engins en tous genres, civils ou militaires, des essais et de nombreux projets, comme s’ils y étaient. Chacun avait sa part et sa spécialité et lorsqu'il abordait son sujet, quel qu'en soit l'orateur, il était respecté. Entre deux panneaux de photos et d'affiches diverses, de vieilles étagères pliaient elles aussi sous le poids de bouquins. Un véritable trésor, odorant de cette bonne et vieille odeur de papier encré, trônait sur ses rayons. De très vieux manuels de vols poussiéreux côtoyaient des derniers fascicules des fans d'aviation et des revues techniques de tout ce qui volait, flottait, "chenillait", pourvu qu'il soit armé. Des bandes dessinées voisinaient ces ouvrages. Tout était fait pour lire et beaucoup le lisaient. Sur des carrés de marbre, récupérés vraisemblablement dans un troquet perdu, quelques acharnés, penchés dans le halo de lampes de lecture, ingéraient des données, les dernières nouveautés, les actualités. Dans l'angle de la table le tout était noté, étudié et plus tard commenté. Certains autres cherchaient dans de très grands albums tous reliés de cuir la très rare photo, celle que l'on est fier d’exhiber, comme s’ils étaient les auteurs de ce précieux cliché. Ce besoin de fouiller et bien sur de trouver n'avait pourtant qu'un but. Celui de partager et de communiquer. D'autres, plus téméraires, présentaient leur profil et épinglaient au mur le cliché de dimanche pris "tout à fait par hasard" mais destiné, dans le fond, à compléter l'album de tous ces passionnés. Plus au centre de la salle, un groupe de personnes discutait avec passion de sujets plus sérieux. En passant devant eux, je cru comprendre qu'il s'y débattait d'actualité, d'évènements récents mais aussi des forces dans le monde, de conflits, de projets et surtout de milliards d‘euros ou de dollars. Sur un long étal posé sur quatre tréteaux, une longue piste avait été dessinée et quelques belles maquettes y avaient été déposées, prêts à un décollage vers des cieux inconnus. Quelques passionnés s'y penchaient et regardaient minutieusement tous les moindres détails. L'un d'eux, amoureux de sa perle grise, son Rafale, écoutait à peine les gentilles boutades de ses camarades répétant, pour le faire marcher, qu'il était bien trop cher pour tous les étrangers. Quelques uns d’entre eux se distinguaient par leur rôle qui semblait bien précis. En plus de discuter, animer les débats, corriger les erreurs, orienter les rêveurs, ils ouvraient grands les yeux et veillaient à tout ce qui se passait autour d’eux. On disait d’eux qu’ils étaient des modos. Je ne connaissais pas ce mot et ça m’a fait penser à mes jeunes années celles de la colo. La gente féminine était représentée, timidement certes, mais dans la qualité. L’une était armée d’un beau décolleté, l’autre paradait un fusil à la main en treillis vert armé, une autre maniait le stylo comme un écrivain et ses armes préférées n’étaient constituées que de pages et de livres qu’elles faisaient aimer. Certaines y passaient, venaient y rigoler, se faisaient charrier et puis disparaissaient. L’ambiance y était gaie. Les heures avaient passé. La salle se vidait, le silence tombait comme au dehors cette nuit étoilée. Je me retrouvai seul, il était déjà tard et malgré ma récente arrivée parmi eux, je m'aperçus qu’ils me laissaient fermer, éteindre les lumières et bien ranger la clé. Je sortis dans la rue et je me retournai. Dans la ruelle, la façade brillait et en haut de la porte, dans l’enseigne « AM.Net » un avion de légende s’apprêtait à voler. [/i][/quote]