[quote][b][url=/v3/forum/japon-36/topic/ki-61-1431/?post=135898#post-135898]ciders[/url] a dit le 23/04/2019 à 18:40 :[/b] Grosse mise à jour pour le Ki-61, en deux parties. --- [b][u]Historique :[/u][/b] L'histoire aéronautique japonaise d'avant 1945 est marquée par le quasi-monopole des moteurs en étoile, que ce soit dans les rangs des unités de bombardement ou de chasse. Mais il fut certaines exceptions marquantes et à l'histoire parfois originale. C'est le cas du Ki-61. A la fin des années 1930, le Japon se tournait de plus en plus vers l'idée d'un conflit majeur, en plus de celui qu'il avait déclenché en Chine. Dans cette optique, le renforcement de ses forces armées et de son aviation prenait une importance considérable. Les grands constructeurs japonais étaient régulièrement sollicités pour développer de nouveaux appareils et le renouvellement des flottes aériennes de l'armée et de la marine impériale était rapide. Parmi ces entreprises, la [i]Kawasaki Kôkûki Kogyô K.K[/i] (officiellement séparée de son conglomérat d'origine en novembre 1937) se distinguait par son dynamisme et son ouverture aux influences étrangères. Sous la houlette de Richard Vogt (qui demeura au Japon de 1923 à 1933 avant de regagner l'Allemagne et d'être embauché par Blohm und Voss), Kawasaki avait acquis une solide expérience dans le secteur des moteurs en ligne et à refroidissement liquide. Bien que plus fragiles et plus difficiles à entretenir que les traditionnels moteurs à refroidissement par air (ce dont eurent à pâtir les appareils déployés en Chine), ils étaient de plus en plus répandus en Europe et représentaient l'une des pistes pour l'avenir de l'aviation militaire. Les autres constructeurs nippons préféraient de loin les techniques plus traditionnelles, au contraire de leurs homologues allemands. L'entrée en service du Daimler-Benz DB-601A à la fin 1937 marqua les esprits au Japon. Ce remarquable moteur équipait les nouveaux et non moins remarquables Messerschmitt Bf 109 de la [i]Luftwaffe[/i]. L'idée d'en acquérir plusieurs exemplaires fit rapidement son chemin parmi les responsables de l'aviation de l'Armée impériale d'autant plus que les Allemands se montrèrent ouverts à cette idée, grâce notamment à l'appui de Vogt. Le retour d'expérience des combats menés contre les Soviétiques au-dessus du plateau du Nomonhan (11 mai au 16 septembre 1939) convainquit le [i]Kôkû-Honbu[/i] de l'urgente nécessité de compléter ses moyens aériens avec des chasseurs plus robustes et mieux armés, moins manœuvrables mais capables de monter et de piquer plus vite. Dans ces conditions, le recours au DB-601A apparut comme une excellente base pour mettre au point l'avion dont l'Armée avait besoin. Kawasaki négociait dès 1938 avec Daimler-Benz. La firme fut chargée au début de l'année 1940 (certaines sources parlent du mois de février, d'autres du mois d'avril) de concevoir deux nouveaux chasseurs, les futurs Ki-60 et Ki-61. Dans le même temps, les discussions menées à Stuttgart aboutirent à un accord majeur : en revenant au Japon à l'été 1940, l'équipe d'ingénieurs et de négociateurs rapportait dans ses bagages l'accord allemand pour la production sous licence du DB-601A, l'ensemble de la documentation technique requise mais aussi trois moteurs complets et deux Bf 109E-4 opérationnels. Tous ces apports devaient faciliter le travail de l'industriel tandis que l'Europe sombrait dans le second conflit mondial. Kawasaki mit à la tête du projet Takeö Doi et Shi Owada, deux ingénieurs déjà renommés. Mais il fallut plus d'un an pour qu'un premier prototype fut prêt : les premiers DB-601A produits au Japon sous la désignation Ha-40 ne sortirent des chaînes de fabrication qu'en juillet 1941, le premier prototype du Ki-61 en décembre de la même année. La priorité un temps accordée à l'intercepteur Ki-60 (sorti en mars mais qui se révéla décevant et qui fut finalement abandonné au profit du Nakajima Ki-44) explique en partie ce délai. A sa sortie de l'usine de Gifu, le premier Ki-61 marqua les esprits. Extérieurement beaucoup plus proche des productions européennes que japonaises, il fut suivi par onze autres avions de présérie (tous produits en 1942). Les essais furent longs et particulièrement difficiles. Plusieurs prototypes furent perdus. En plus de soucis hydrauliques, il fallut consacrer énormément de temps aux moteurs. Les premiers Ha-40 suscitaient autant de critiques que de remarques positives : équipés d'un compresseur leur permettant de bonnes performances en altitude, ils étaient cependant peu fiables et sujets à des pannes récurrentes et parfois catastrophiques. Seuls dix moteurs furent assemblés en 1941, soixante-cinq autres en 1942, ralentissant d'autant l'entrée en service du Ki-61. Mais le programme fut maintenu. Les militaires japonais furent définitivement convaincus après une série d'évaluations en vol opposant un Ki-61 avec un Nakajima Ki-43, un Ki-44, un Bf 109E, un Curtiss P-40E (capturé dans les combats dans le Pacifique) et un LaGG-3 (capturé en Mandchourie ou livré par une défection d'un pilote soviétique). Ces évaluations démontrèrent la supériorité du Ki-61 sur tous ces concurrents, sauf dans le domaine de la maniabilité dans lequel le Ki-43 demeurait imbattable. En janvier 1943, l'Armée impériale accepta le Ki-61 sous la désignation de [i]Rikugun San-Shiki Sentô-ki[/i] (chasseur de l'Armée type 3) tandis qu'il reçut l'appellation populaire [i]Hien[/i] (hirondelle). La première version fut officiellement baptisée Ki-61-I [i]Kô[/i] (modèle Ia). Trente-quatre exemplaires furent fabriqués en 1942 avant que la production ne monte progressivement en puissance (vingt-deux exemplaires en janvier 1943, soixante en août). L'école de chasse d'Akeno et une unité de conversion opérationnelle (23e [i]Dokuritsu Dai Shijugo Chutai[/i]) reçurent les tout premiers dès janvier. Les 68è et 78è [i]Hikô-Sentaï[/i] suivirent ensuite et furent déclarées opérationnelles en mars 1943. Le nouveau chasseur se présentait sous la forme d'un monoplan à ailes basses en trois parties et voilure à profil laminaire. Entièrement métallique (les ailerons et les gouvernes étant couverts de tissu), avec un fuselage semi-monocoque et de forme grossièrement ovale, disposant d'un train escamotable à large voie, il ressemblait énormément à un chasseur allemand ou italien de la même époque. Il en reprenait aussi certaines caractéristiques qui le distinguaient dans les rangs de l'aviation japonaise. Le pilote prenait place dans un cockpit protégé par une verrière blindée et une plaque épaisse de treize millimètres dans son dos, là où se trouvait également un réservoir auto-obturant de cent soixante-cinq litres de carburant. Un gros radiateur rectangulaire était placé sous le cockpit, un second beaucoup plus petit et de forme circulaire alimentant la pompe à injection. Un mât d'antenne se situait en haut du fuselage, derrière le pilote. Le moteur Ha-40 était identique au DB-601A dont il était la copie. Entraînant une hélice métallique tripale à vitesse constante et ne nécessitant pas l'aide d'un camion starter pour le démarrer (il était équipé d'un démarreur à inertie, déclenché par manivelle), il assurait d'excellentes performances. Le Ki-61 frôlait les 600 kilomètres/heure à 6 000 mètres d'altitude. Bien que la voilure fut trop fragile pour pouvoir supporter des bombes, deux emplacements pouvaient porter deux réservoirs largables de deux cents litres chacun portant l'autonomie de l'appareil de six cents à mille cents kilomètres. Deux autres réservoirs de cent quatre-vingt dix litres chacun (également auto-obturants) étaient implantés dans les ailes. L'armement de bord était conséquent pour un chasseur japonais. Deux mitrailleuses Ho-103 calibre 12,7 mm furent montées dans le capot moteur, deux autres mitrailleuses plus légères calibre 7,7 mm étaient implantées dans les ailes. Mais ce n'était cependant pas suffisant pour faire face aux appareils alliés. Dès le mois de septembre 1942, les Type 89 en voilure furent remplacées par deux Ho-103 supplémentaires. Suffisamment légères et peu encombrantes pour ne pas nécessiter de modifications structurelles trop contraignantes, elles permirent à la production de se maintenir et aux usines de ne pas perdre trop de temps en passant du Ki-61-I [i]Kô[/i] au Ki-61-I [i]Otsu[/i] (modèle Ib). Le renforcement de la puissance de feu était la seule vraie différence entre les deux modèles. La production du modèle Ia cessa en septembre 1942 après trois cents cinquante quatre exemplaires. Trois cents onze Ki-61-I [i]Otsu[/i] suivirent de septembre à décembre , plus deux cents quatre-vingts un de janvier à avril 1943. Les Ki-61 entrèrent dans la Seconde Guerre Mondiale en avril 1943 quand les deux premiers régiments aériens de l'Armée impériale équipés de ce modèle parvinrent à Rabaul puis en Nouvelle-Guinée. Leur arrivée surprit les pilotes américains de la [i]5th Air Force[/i] qui les prirent d'abord pour des avions de conception italienne (d'où le nom de code [i]Tony[/i] attribué aux [i]Hien[/i]). Alors que les tactiques habituelles prescrivaient de fuir les combats tournoyants en piqué pour mieux remonter ensuite à des altitudes plus clémentes (et retomber ensuite sur les appareils ennemis), l'arrivée des [i]Hien[/i] changea les choses. Plus lourds que les Ki-43 et Ki-44, les Ki-61 étaient suffisamment rapides en piqué pour rattraper et abattre leurs adversaires. Supérieurs aux P-39 et P-40, les Ki-61 étaient davantage en difficulté face aux P-38 nettement mieux armés. Mais la plupart des Ki-61 détruits le furent au sol ou sur des pannes. Déjà peu fiables, leurs Ha-40 souffraient de la chaleur et de l'humidité de la jungle. La dégradation de la logistique japonaise, le manque de pièces détachées et de mécaniciens expérimentés, l'absence de protections sur les terrains d'aviation et les raids aériens alliés entraînèrent la destruction de centaines d'appareils, destructions imparfaitement compensées par des livraisons de plus en plus erratiques. La série d'attaques menées contre les bases de Wewak (du 17 au 21 août 1943) entraînèrent à elles seules la perte de cent chasseurs, dont de nombreux [i]Hien[/i]. A l'été 1943, les militaires japonais se rendirent à l'évidence. Il fallait améliorer le Ki-61. ................................................................................................. [u][b]Caractéristiques :[/b] Version :[/u] Kawasaki Ki-61-I [i]Kô[/i] [u]Type :[/u] Chasseur [u]Équipage :[/u] 1 pilote [u]Motorisation :[/u] 1 Kawasaki Ha-40 à 12 cylindres en V inversé, à refroidissement liquide, d'une puissance maximale de 1 175 ch [u]Poids :[/u] Masse à vide : 2 238 kg Masse maximale au décollage : 2 950 kg [u]Performances :[/u] Vitesse maximale : 590 km/h à 6 000 m Vitesse ascensionnelle : 5 000 m en 5 mn 31 s Plafond pratique : 11 000 m Distance franchissable maximale : 600 km (1 100 km avec deux réservoirs largables) [u]Dimensions :[/u] Envergure : 12 m Hauteur : 3,70 m Longueur : 8,74 m Surface alaire : 20 mètres carrés [u]Armement :[/u] Deux mitrailleuses Ho-103 type 1 dans le capot moteur (250 cartouches chacune) Deux mitrailleuses Type 89 calibre 7,7 mm dans la voilure (300 cartouches chacune) Emport possible de deux réservoirs largables sous voilure (200 litres chacun) [u]Pays utilisateurs :[/u] Japon (armée impériale), Chine (nationaliste et communiste), Indonésie ................................................................................................. [b][u]Sources :[/u][/b] - [i]Classic Military Aircraft[/i], Amber Books, 2010 - [i]Encyclopédie des Armes[/i], Éditions Atlas, 1986 - Bernard Baeza, [i]Les avions de l’Armée impériale japonaise 1910-1945[/i], Éditions Lela Presse, 2011 - http://histoiresmilitaires.blogspot.com/2016/04/le-bucher-des-hirondelles-les-debuts-du.html - https://en.wikipedia.org/wiki/Kawasaki_Ki-61#Operators - http://fandavion.free.fr/kawasaki61.htm - http://worldwartwo.free.fr/Materiel/avions/ki%2061/ki61.html - http://www.master194.com/maquettes/blochmorane/hien/index.htm - http://www.airvectors.net/avhien.html ................................................................................................. [b][u]Images :[/u][/b] :arrow: [url=https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/09/Kawasaki_Ki-61_Hien_with_drop_tank.jpeg/1024px-Kawasaki_Ki-61_Hien_with_drop_tank.jpeg]Ki-61 au sol, avec un réservoir largable sous l'aile gauche[/url] :arrow: [url=http://www.aviastar.org/pictures/japan/kawasaki_ki-61.gif]Plan trois vues du Ki-61[/url] :arrow: [url=https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7e/The_Kawasaki_Ki-61_Hien_of_the_244th_squadron.jpg]Ki-61-I Kô, photographié en janvier 1945 à Chofû ; cet exemplaire fut piloté par le commandant du 244è Hikô-Sentaï, Teruhikô Kobayashi, qui revendiquera douze appareils entre 1944 et 1945 dont dix contre des bombardiers B-29[/url][/quote]